Debout l’Europe !

Le 2 avril 1979, l’Europe adopta une importante directive, relative à la conservation des oiseaux, mine précieuse de recours juridictionnels contre les abus de la chasse à la Française, c’est-à-dire un braconnage calamiteux.

Le 21 mai 1992, l’Europe promulgua une autre directive, portant préservation de la nature en Europe,, dite NATURA 2000, contraignant la France à protéger certaines espèces, protection trop souvent proclamée, mais non respectée sur le terrain.

L’Europe imposa quelques avancées en matière de détention des animaux dans les élevages concentrationnaires, améliorations insuffisantes mais néanmoins, la plupart du temps, combattue par les ministres de l’agriculture Français, syndics de la FNSEA.

Ces jours-ci, la commission européenne met en demeure la France de cesser de couvrir le braconnage des bruants ortolans et menace de saisir la cour de justice de l’union européenne contre les pratiques d’une centaine d’arriérés, mangeurs de petits oiseaux chanteurs.

Oui, j’aime cette Europe qui transcende les pseudo-traditions locales, termes euphémiques, cachant des barbaries.

 

Si le sénat et l’assemblée nationale se livrent à des surenchères honteuses pour complaire aux lobbies de la chasse et de l’agrochimie, les débats du parlement Européen sont d’une teneur plus élevée, plus « civilisée ».

Alors, faut-il aimer l’Europe ?

Sans doute, puisque les ringards, les traditionalistes, les aigris honnissent la supra-nationalité et qu’on est assuré de suivre le bon chemin en évitant celui du CPNT.

Cependant, si l’on quitte l’écologie pour examiner le bilan social, économique et politique de notre Europe, force est bien de reconnaître d’innombrables motifs d’insatisfactions.

C’est que, démocratiquement, les peuples élirent, depuis les années 1950 et jusqu’à ce jour, des majorités « libérales », conservatrices, chrétiennes-démocrates, c’est-à-dire la secte des adorateurs du Marché, de la libre concurrence, de l’entreprise, temple sacré de ces dévots de la compétition, de la croissance quantitative, du profit, de l’exploitation.

Les peuples n’aiment plus l’Europe, mais ce sont eux qui l’ont faite mercantile, tournée vers l’économie et non vers le vivant, au service de la finance et des oligarques.

Les tenants du Marché n’osent pas assumer leurs choix, devant leurs électeurs et s’abritent lâchement derrière les « technocrates », pour servir les intérêts des semenciers et marchands de poisons. Ce sont eux et non des « technocrates » qui refusent l’interdiction des néonicotinoïdes, car, pour ces croyants, il faut laisser agir la « main invisible du Marché ».

Les peuples pouvaient faire une autre Europe, fondée sur l’empathie, la protection des plus humbles, la solidarité à l’égard de ses citoyens, une Europe garante de la prévalence des humains sur le Marché.

Les tares que les anti-européens imputent à l’Europe sont celles du Parti Populaire Européen et de ses acolytes dont tout annonce le retour en force, l’an prochain, en France, secte pratiquant la lutte des classes contre les ouvriers, les employés, les fonctionnaires, les déshérités et servile pour les « capitaines d’entreprises » !

 

Une autre Europe est possible pour une autre politique économique et sociale.

Un Etat fédéral Européen peut construire de puissants services publics financés par une banque centrale et non par des emprunts sur le marché financier mondial.

L’inverse de ce qui est en place, depuis 1973, début des « quarante piteuses » qui suivirent « les « trente glorieuses ».

Ce qui est impératif tient à un rééquilibrage entre la puissance de l’argent, et l’intérêt général, entre un secteur privé, qui doit prospérer sans dominer, et un secteur public, protecteur des personnes et de la nature, entre l’esprit de compétition et celui d’empathie, de gratuité, de passion généreuse.

La secte des « libéraux » vise, de réformes en restrictions budgétaires, de flexibilité en rentabilité, de réduction des personnels en privatisations, de dérégulations en révision générale des politiques publiques, à instaurer un nouvel ordre totalitaire voué à la vénération du profit d’une infime minorité qui détruit le vivant.

Nos sociétés glissent doucement vers ce totalitarisme insidieux, masqué, d’autant plus dangereux qu’il se pare du masque de l’inéluctable.

 

Or, l’Europe, continent des Lumières, de la raison, de l’émancipation, des droits de l’homme, peut devenir plus et mieux que tout autre pôle de civilisation, l’ère d’une résistance aux dévastations d’Homo economicus.

Si l’Europe vit naître le mercantilisme, en contamina la planète, elle pourrait être le cadre de son dépassement et de la récusation de ses crimes contre le vivant.

Les racines de l’Europe sont, (évidence qu’il est farfelu de discuter), chrétiennes.

Mais, l’heure est venue de contempler les fleurs et les fruits et ceux-ci s’appellent liberté, raison, solidarité, féminisme, respect du vivant.

 

Les britanniques doivent-ils partir de notre Europe ?

 

Oui, si l’on considère qu’ils sont les adeptes zélés du « libéralisme économique », les addictifs du Marché, les soutiens de la finance sauvage.

Non, si  l’on considère que l’Angleterre est le « paradis des animaux », de l’ornithologie et si l’on se souvient que  les Anglais surent, mieux que les  Français, sauvegarder la nature dans les pays qu’ils colonisèrent, dans les siècles passés.

Quel que soit le résultat du référendum britannique, les Européens pourraient relancer la construction d’une Europe plus intégrée, grâce à la démocratisation de l’Etat Européen.

Ce fut une faute lourde, des pères fondateurs, de commencer par le Marché, l’économie.

Il fallait commencer par le peuple et confier à une constituante, élue au suffrage universel, le soin de rédiger les bases d’un Etat nouveau, capable de relever les défis du temps.

Il convenait que le politique précède la monnaie.

Pour que se constituent les Etats-Unis d’Europe, écologistes et sociaux, il faudra probablement que les peuples expérimentent encore bien des impasses, car un vent mauvais souffle des miasmes déjà connus, et annoncent des fautes dont les peuples oublient trop vite les amères leçons.

Ceux qui ignorent l’Histoire sont ainsi condamnés à la revivre.

Présentement, la peur, la crispation, l’aigreur, des démagogues habiles font oublier aux Européens que ce qui les rassemblent est bien plus fort que ce qui les séparent : laïcité, reconnaissance des droits individuels de mode de vie, pluralisme de la pensée, liberté d’association et d’expression, refus des discriminations fondées sur les orientations sexuelles, abolition de la peine de mort et de la torture, confinement du religieux à la sphère privée.

Trop de régions planétaires croupissent dans l’obscurantisme, les dictatures caricaturales, l’ignorance  des droits et libertés auxquels nous devons ajouter, demain, les droits de la nature et des animaux, pour édifier une nouvelle civilisation.

 

Gérard  CHAROLLOIS

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