Où est l’écologie ?

Le samedi 16 janvier, elle était à LYON.
A l’appel des associations de protection de la nature, de défense des animaux, trois mille militants affirmèrent que le loup doit vivre et retrouver sa place dans la nature.
Immense succès pour ce rassemblement qui, à la différence de tant d’autres, ne visait pas à promouvoir de sordides intérêts catégoriels, égoïstes, cupides.
Les manifestants pour le loup ne revendiquant aucune subvention, aucune exonération, aucun avantage lucratif pour eux-mêmes, agirent pour une cause qui nous dépasse tous : celle du vivant.
Qu’en dira une presse trop souvent formatée par les lobbies, propriété des forces d’argent et instrumentalisée pour maintenir l’opinion en état de soumission ?
Le Marché exige des consommateurs assujettis et, pour les priver de pensée, dénature les mots.
Les dénominations partisanes ont perdu leurs sens et la politique son crédit.
Il n’y a que les grincheux anti-fiscalistes pour croire encore que la France s’est donnée au socialisme en 2012.
Quand les mots ne veulent plus rien dire, la réflexion, le débat, l’opinion s’égarent.
L’écologie n’échappe pas à ce délitement du sens et l’on gagne toujours à bien définir ce dont on parle.
Créée dans la seconde moitié du 19ème siècle par des biologistes, botanistes et zoologistes, l’écologie fut initialement la science du milieu naturel, l’étude du rapport entre les espèces et leur environnement.
Ce n’est qu’un siècle plus tard que la notion accéda au champ de l’éthique et de la politique avec la création des parcs nationaux, des réserves naturelles, des mouvements de défense de la faune et des sites et l’apparition du ministère de l’environnement, en 1971.
Le premier titulaire de ce ministère, Robert POUJADE, qualifia son service de « ministère de l’impossible », sans doute en constatation que l’objectif de sauver le vivant était inatteignable dans une société aux mains des lobbies, au service du profit et de la spéculation.
Le ministère de l’impossible est, entre temps, devenu celui de l’imposture.
Il protège la chasse et tue les loups.
Il offre une caution morale aux grands travaux inutiles, à l’agrochimie, au massacre des oiseaux migrateurs.
Je regrette que le parti écologiste, sauf remarquables et courageuses exceptions au nombre desquelles je citerai la députée Laurence ABEILLE et le député européen Pascal DURAND, ne parle pas suffisamment haut, fort et clair pour la défense du vivant.
Ce rapport à la nature est le plus grand défi de notre temps, bien plus essentiel que l’écume de l’actualité qui étouffe le vrai débat, la question fondamentale : l’humain va-t-il anéantir toutes les autres formes de vies ?
Car par-delà les impostures, les petites lâchetés, c’est l’enjeu final.
La croissance démographique, le « développement économique », l’augmentation de la consommation planétaire posent cette question occultée par les lobbies, par les politiques et donc par les médias.
Il n’y a pas un canton, en ce pays et partout ailleurs, sans son élu local, son promoteur, son aménageur récitant que son petit projet, son extension, son infrastructure, sa coulée de béton et d’asphalte ne représentent pas une si redoutable agression contre la nature et qu’il faut bien du « développement durable ».
Immanquablement, à terme, ce processus infini aboutira à la mort des milieux naturels, de la faune et de la flore.
Il nous appartient de poser cette question éthique et d’affirmer que cette destruction du vivant est inacceptable.
Peut-on tolérer plus longtemps un système fondé sur l’exploitation, la concurrence, la compétition, l’écrasement d’autrui, le saccage, le pillage, le lucre, la violence ?
Non, la voix de l’écologie ne doit pas s’éteindre, faute de porter un message novateur.
Non, cette grande cause ne doit pas être ignorée des citoyens, au point de ne recueillir que 2% des suffrages lors d’une élection à l’échelon national.
Or, c’est ce qu’il adviendra si l’on perdure à taire la raison d’être d’une pensée de réconciliation avec le vivant.
L’écologie politique peut exprimer un libertarisme des mœurs et un solidarisme social auxquels j’adhère sans réserve mais, sans sa dimension éthique du respect de la nature, de l’animal et de toute vulnérabilité, elle n’est rien et ne peut attendre aucun écho dans une société dont elle ne relèverait pas le vrai défi.
Il est souhaitable qu’une primaire de l'écologie, ouverte, loyale, accessible à tous les citoyens se reconnaissant dans le grand combat pour le vivant, désigne un porte-parole susceptible de créer un rapport de forces contre les lobbies de la mort.
A défaut d’une telle primaire, face à la nocivité des politiques suivies par les vieux partis usés, il conviendra d’envisager les moyens d’offrir au pays une issue autre que celle qui se présente, faute de mieux, pour en finir avec la fausse alternance.
Par-delà les partis, les mouvements et associations, j’en appelle à l’unité, au rassemblement des défenseurs du vivant, pour un rejet des ambiguïtés éthiques.
À LYON le 16 janvier, pour le loup, nous vîmes la démonstration de ce que peuvent les biophiles, lorsqu’ils savent s’unir.

Gérard CHAROLLOIS

Commentaires  
# couloudou françoise 18-01-2016 23:26
Ce rapport à la nature est le plus grand défi de notre temps, bien plus essentiel que l’écume de l’actualité qui étouffe le vrai débat, la question fondamentale : l’humain va-t-il anéantir toutes les autres formes de vies ? Je vous remercie pour ce texte MAGNIFIQUE et bravo pour les loups!
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