L’écologie : combien de divisions ?

D’aucuns confondent l’éthique, domaine du bon, du juste, de la raison, avec la politique, domaine de la force.
S’il est évident que les relations entre Etats ne se fondent que sur le rapport de forces, la puissance des armes, il se dissimule à beaucoup, qu’au sein même d’un Etat, fut-il démocratique, l’influence des corporatismes, le poids des masses électorales, les potentats financiers font la loi et non l’équité, la raison, la prise en considération du bien fondé d’une cause.
Chacun comprend qu’un chef d’Etat criminel, fomentant par exemple une guerre d’agression sous un prétexte mensonger, ne finira devant un tribunal international de vainqueurs que s’il perd sa guerre et qu’en revanche il terminera ses jours, en totale impunité, dès lors qu’il dirigea une puissance inaccessible.
Ce n’est point le crime qui appelle le châtiment, mais la défaite.
La victoire met à l’abri de toute poursuite et assure une paisible retraite de président.
Ce qui apparaît à tous sur la scène internationale se produit également  à un échelon plus modeste, dans la vie politique ordinaire.
Rien ne sert d’avoir raison, de plaider pour le mieux, d’argumenter, de prouver la valeur d’une cause, si, contre vous, parlent les puissances du temps.
Alors, l’écologie : combien de divisions ?
7,5% des suffrages exprimés, dans l’ensemble de l’Europe, lors des élections essentielles, celles du parlement européen, en juin 2009.
2% lors de l’élection présidentielle française, en avril 2012.
Comment s’étonner de ce que le ministre de l’écologie de ce pays soit pro-chasse, pro-corrida, pro-gavage, c’est-à-dire indifférent au sort du vivant ?
Retenons bien ceci :
Le décideur politique n’argumente que pour habiller sa décision.
Le seul déterminant est le rapport de forces.
La politique n’est pas   l’éthique.
Elle l’ignore et occasionnellement l’instrumentalise pour parer ses choix dictés exclusivement par les forces en présence.
Concrètement, en Occident, présentement, ces forces sont, d’abord l’argent, puis le nombre, le premier nommé permettant de contrôler et d’obtenir le second.
En juin 2014, lors des prochaines élections essentielles, celles du parlement européen, la question sera : l’écologie : combien de divisions ?
Les politologues annoncent une éventuelle débâcle au motif que le peuple européen, obnubilé par la « crise économique », anesthésié par les médias serviteurs des dogmes capitalistes, votera pour la Croissance, l’entreprise privée, le refus des entraves à l’initiative productiviste, donc contre l’écologie.
Il en résultera une reconduite, par le futur parlement, d’une Commission adepte de la « concurrence non faussée » !
En cela, le système actuel est infiniment plus efficace et plus pervers que le fut la lourde propagande des régimes totalitaires d’antan. Ce système  utilise ses propres échecs pour accentuer son emprise sur les « cerveaux disponibles » et ainsi imposer au peuple les intérêts très privés d’une infime minorité.
Plus le chômage sévit, plus le nombre des travailleurs pauvres s’élève, plus la société s’atomise et plus les grands manipulateurs vantent leurs remèdes empoisonnés générateurs de ces maux.
Plus ils échouent, plus ils se renforcent.
Admirons la puissance anesthésiante du système, l’efficience d’un conditionnement  dont les nazis et les soviétiques auraient rêvé.
Mais si les oligarques de la finance, propriétaires des médias méritent notre admiration consternée pour la nocivité de leur propagande d’un genre inédit dans l’Histoire, blâmons les écologistes politiques patentés incapables de faire passer un véritable message de rupture.
Ils s’en tiennent, en  décalage avec l’opinion publique, à des clichés usés et à des thèmes qui furent progressistes, certes, mais dans les années 1960.
Ils retardent d’une révolution et par pusillanimité nient les méfaits de certaines doctrines.
Ils n’osent pas assumer l’éthique écologiste et taisent ce qu’ils auraient pour mission de porter sur la scène politique.
La défense de la nature, le rapport à l’animal,  la problématique de la surpopulation et de l’artificialisation de l’espace, l’asservissement des hommes à l’économie, l’emprise abrutissante de certaines religions intouchables sur des masses humaines sont des sujets tabous, laissés en jachère intellectuelle ou abandonnés à des démagogues réactionnaires.
Or, un discours novateur, courageux, iconoclaste trouverait, dans la société, un indéniable écho.
L’opinion publique est en attente et le seul discours de rupture émane des héritiers des tenants de « l’ordre moral », ce qui est tout de même navrant.
Nos écologistes politiques font de la petite politique, pour de petites carrières, dévalorisant ainsi la seule idée neuve qu’ait produite notre époque.
Sous l’angle de l’éthique, le nôtre, l’écologie transcende les Droits de l’homme pour proclamer les droits du vivant .
Cette éthique n’est nullement une régression, une remise en question des acquis mais leur amplification par l’extension du champ de l’empathie.
En langage, non plus éthique mais politique, cela gagnerait à être décliné.
Pour conquérir des divisions, l’écologie politique devrait d’abord se doter d’une raison d’être.
Dire qu’il y a des gens assez niais pour se croire honorés de devenir ministres !
Ce qui honore, ce qui transforme une vie humaine en œuvre d’art est le service d’une grande idée et certainement pas de se servir d’elle pour occuper de sa vaine présence les palais nationaux.
Proposer une société du respect du vivant contre la concurrence, la compétition, la théocratie, vaut la peine !

Gérard CHAROLLOIS


Commentaires  
# Jacques St-Germain 25-08-2013 20:47
Comme il est facile de prôner la révolution par le verbe, si beau soit-il,tranquilleme nt assis, bien confortablement derrière son clavier, pendant que ses disciples, beaucoup plus courageux comme toujours, se font casser la figure dans une arène. Vous étiez où ???
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