Eduquer les nuisibles.

Les ministères de l’écologie et de l’agriculture de France ont présenté, le 5 février, un plan relatif au loup dont le retour, depuis 1992, suscite l’approbation de l’immense majorité des citoyens et l’ire de quelques dizaines de milliers d’ennemis de la terre.
Depuis vingt ans, les éleveurs de moutons et les chasseurs qui sont les mêmes, refusent tapageusement la présence du prédateur naturel, au même titre qu’ils refusent l’ensemble des espèces de faune, délirant entre autres sur les attaques de vautours.
Toujours très sensibles aux pressions des éléments les plus arriérés de la société, les politiciens relaient les fantasmes d’aseptisation de la nature exprimés par les groupements agro-pollueurs-cynégétiques et demandent des tirs de loups en violation tant de la volonté démocratique du pays que du droit européen.
Les tueurs agréés se passent d’ailleurs de toute autorisation pour éliminer des loups comme ils le firent des ours pyrénéens.
Les gouvernements successifs cèdent à ces pressions qui revêtent occasionnellement des formes violentes.
Les préfets permettent des tirs officiels de loups s’ajoutant et  relativisant les tirs mafieux.
Or, le pays compte, selon les chiffres les plus optimistes, 250 canis lupus, alors que l’Italie en possède plus de cinq cents et l’Espagne peut-être mille cinq cents.
Vous verrez dans les médias complaisants pleurer de « bucoliques bergers » affligés par l’égorgement d’une « douce brebis », par le féroce canidé, douce brebis que l’éleveur n’aura pas le plaisir d’égorger lui-même ou de vendre à l’abattoir, y compris rituel !
Pour un éleveur, le bétail est de la viande sur pieds, une marchandise qui vaut ce que le cours du marché définit.
Objectivement, les prédations faites par les loups sur les troupeaux de moutons de montagne sont dérisoires à côté de celles des chiens errants et des pertes dûs aux innombrables accidents.
En outre, l’Etat indemnise généreusement la perte d’un animal victime d’une telle prédation.
La vérité est que le problème n’est nullement économique et social. Il est purement culturel.
Pour les hommes contre nature, le loup, mais aussi le lynx, l’ours, l’aigle, le vautour et tout le reste sont perçus comme des êtres nocifs, sauvages, à combattre et à exterminer. C’est ce que  firent leurs ancêtres qui devaient arracher à la nature les moyens de leur survie.
Ils n’ont pas compris que la nature nous menace, mais non par sa luxuriance, son indomptable vitalité, son refus de toute maîtrise, mais par sa mort.
Ils n’ont pas compris qu’il fallait impérativement sauver les grands prédateurs, ici, comme ailleurs, les tigres,les éléphants, les rhinocéros, les crocodiles et, tout simplement, partager avec eux une petite planète bien fragilisée.
Le fossé infranchissable qui nous sépare des ennemis de la terre  ne saurait être comblé, car il est de civilisation.
Le dire n’est pas très convenable dans une société anesthésiée où le consensus criminel devient la règle.
Mais que serait la civilisation si, dans le passé, des humains iconoclastes, porteurs d’idées neuves, ne s’étaient pas insurgés contre les conformismes au point de les reléguer au musée des horreurs ?
Pour les agro-cynégétiques, la montagne est un parc à moutons comme les plaines céréalières des usines à blé et à maïs, des champs empoisonnés exempts de toute vie non rentable.
Oui, la nature constitue un péril par sa disparition.
Le gouvernement, en son plan loup, veut « éduquer le loup » en lui apprenant à ne pas se nourrir au détriment des troupeaux.
Il est sans doute préférable « d’éduquer » que de tuer.
Mais c’est l’homme qu’il conviendrait d’éduquer en lui enseignant l’amour de la nature et le respect du vivant .
Où sont les pédagogues ?
Malheureusement, pas dans cette classe politique qui bêle à l’unisson des lobbies agro-pollueurs-cynégétiques.
Actuellement, 50% du revenu des éleveurs de montagne proviennent des subventions publiques.
Très bien et continuons cette générosité car ce monde ne brille guère par cette vertu.
Toutefois, conditionnons ces subventions non pas à la surproduction de viande ovine mais à la présence des grands prédateurs.
En un mot : subventionnons les loups, comme nous devrions encourager financièrement la protection de la biodiversité en exonérant, par exemple, de toute taxe foncière, les terrains mis en réserves naturelles intégrales.
Quand aurons-nous une politique honnête de protection de la nature, sortant des déclamations pieuses pour accéder à une volonté résolue ?
Je crains qu’il soit difficile « d’éduquer les loups ».
Quant à éduquer les  nuisibles, crétins des ALPES et d’ailleurs,,  tueurs insatiables,  négationnistes des droits du vivant, j’en appelle aux psychothérapeutes de pointe !

Gérard  CHAROLLOIS
CONVENTION VIE ET NATURE
MOUVEMENT D’ECOLOGIE ETHIQUE ET RADICALE

Commentaires  
# Mathieu Erny 15-02-2013 00:44
Je ne supporte plus tout ces bourgeois honorables qui se la jouent « consciences morales » . On ne trouve dans leurs discours que cabotinage et leurs foudres ne valent guère mieux qu'un caprice d'enfant gâté. C'est ainsi que récemment le président d'une association d'écologie « éthique et radicale » aveugle comme Homère et juge de son état, c'est cru permis, pour sa noble cause, d'insulter clairement tout une catégorie socio-professionnell e, la première qu'ai connue l'humanité. Cela justifiait apparemment qu'on la traite dans son ensemble d'arriérés.

Quand on a la vie d'un nanti, la plus élémentaire pudeur serait de respecter ceux qui nous nourrissent. Or c'est à l'ensemble de la paysannerie que Gérard Charollois lance ses malédictions d'opérette. Il est sans doute végétarien mais est il végétalien, se passe t'il de produits laitiers ? Car je suis toujours stupéfait de l'hypocrisie de ceux qui se croient des saints parce qu'ils ne mangent pas de viande. Mais les produits laitiers sont destinés à un agneau, un chevreau ou un veau que deviennent ces derniers ? Ils sont la plus part du temps éliminés très rapidement et, du moins, séparés de leurs mère. En tout cas ils sont bel et bien mangés. Il faut alors aux éleveurs laitiers beaucoup plus d'attention et d'affection encore pour retrouver le bien être des bêtes dont il a besoin pour pouvoir travailler.

Pour les élevages allaitant, ils peuvent être plus libres puisque l'agneau est tué à un age ou sa mère le perd un peu de vue.

Ainsi, il revient aux éleveurs et aux bergers d' assumer pour la société entière la responsabilité de l'abattage d' animaux qu'ils ont élevés. Ils le font consciencieusement et évitent la souffrance. Cela se remarque si un troupeau craint son berger. Car si Monsieur Charollois ne connait pas le sens du mot éduquer, nous les bergers nous le connaissons. Pareillement, ce sont toujours les paysans les plus proches de la nature qui seront le plus décriés. Les animaux qui craignent le loup sortent et dans des endroits très beaux. Ils font des circuits variés contrairement aux élevages hors sol qui produisent une nourriture que certains décideurs, que ne maîtrisent pas les agriculteurs, destinent à ceux qui ne sont pas comme monsieur Charollois de la caste des nantis.

Monsieur Charollois utilise bien sûr le prétexte des subventions pour stigmatiser les éleveurs et leur ôter toute dignité. Il a sans aucun doute lui aussi ça part de responsabilité dans la vague de suicide dans le monde des paysans. Quels autres professions seraient aussi subventionnées ? Eh bien juge par exemple, à cent pour cent. Dans les professions libérales il y a les médecins et bien d'avantage que les agriculteurs. On dira que leur activité est essentielle mais il ne sert à rien de se soigner si on ne se nourrit pas. On dira que c'est le client qui est subventionné mais c'est toujours le cas. Les éleveurs de brebis, qui craignent le loup, ont un des revenus les plus faibles en France.

Ce juge des plus injuste serait aussi philosophe. Que penser d'un penseur qui manie des termes aussi vagues que « monde agrocynégétique » ? Qu'il utilise sont image de prophète à deux balles pour faire avaler ses incohérence dans un épais brouillard! Il n'est pas étonnant de le voir resservire les arguments les plus éculés et surtout les plus flous : le cas des chiens errants et des autres causes de mortalité.

On sait que les chiens font en France plus de dégâts que le loup puisqu'ils sont des millions et ont un territoire bien plus grand à l'année. Mais dans les zones à loup, la prédation de ceux ci est sans commune mesure avec celle des chiens. Il y a les causes de mortalité naturelle mais cela n' éxiste pas chez les humains ? On ne les « accepte » pas pour autant.

Les accidents existent, leur propre est d'être imprévisible. Les bergers peuvent se faire une raison mais ils n'ont pas à supporter et faire supporter à leur troupeau un stress permanent. A ce niveau là, le poseur Gérard Charollois n'a pas à relativiser la détresse des bergers, c'est un devoir pour eux d'éviter l'angoisse permanente du troupeau. Est ce que dans la « nature naturelle » un prédateur ne défend pas son territoire ou sa meute? La situation en France aujourd'hui ou on laisse le loup faire absolument n'importe quoi n'a rien de naturel. Dans les pays auxquels on compare, comme le fait GC la France il y a une pression très forte sur le loup et plusieurs centaines sont tués annuellement en Espagne. Cette idée d'éducation, à laquelle j'adhère, permettait de créer les mêmes conditions de façon non létales. Il a été rejeté par les irresponsables de l'écologie. Le retard pris depuis vingt ans sur ce point par la France ne permet plus aujourd'hui de ce passer de régulation.
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# Gérard CHAROLLOIS 16-02-2013 17:37
Réponse de HOMERE :
Rien ne tue plus la démocratie que le consensus, le relativisme, l’absence de débats des idées.
Aussi, est-il salutaire que ceux qui défendent le vivant, la nature, les animaux, la biodiversité s’affrontent à ceux qui tuent, aseptisent, rentabilisent tout.
Ce qui différencie un protecteur d’un tueur, tient d’abord à ceci :
Nous, écologistes, menons le combat des valeurs, des idées, sans jamais injurier une personne prise individuellement.
Inversement, les tueurs, prouvant leur caractère fascisant, ne savent qu’attaquer les individus, sans doute faute de pouvoir assumer le débat de fond.
Alors, venons-en au fond :
Dans le rural profond, qui fut toujours plus lent à accueillir les idées neuves, l’animal est une marchandise et la nature un cadre de production.
Pour nous, l’animal est un être sensible, doté du droit de ne pas être maltraité.
La nature vaut par elle-même et l’homme n’a pas le droit d’anéantir une espèce au motif qu’elle le concurrence.
Ceci posé, nous affirmons que l’agriculture européenne, généreusement soutenue sous perfusion d’argent public, absorbant près de 50% du budget européen, doit accepter un partage de l’espace avec les ours, les loups, les lynx et l’ensemble des oiseaux et des mammifères .
Si cette agriculture aseptisait la nature, comment pourrions-nous demander aux agriculteurs Africains et Asiatiques d’accueillir les éléphants, les grands prédateurs de ces pays ?
L’attitude consistant à vouloir anéantir une espèce est une arriération culturelle, au même titre que furent, dans le passé, des arriérations le maintien dans le rural profond du culte monarchique et des obscurantismes médiévaux.
Nous ne disons pas que les agriculteurs éleveurs de montagne doivent supporter seuls le coût de la présence de la biodiversité.
HOMERE dit que les subventions méritent d’être maintenues mais subordonnées à la présence des prédateurs.
Et vive le fracas du débat des valeurs !
La nôtre : c’est la vie et ici celle des loups.
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