Vous avez dit : progrès ?

L’article de MEDIAPART ci-dessous, relatant la bataille contre la ligne à grande vitesse BORDEAUX / DAX et BORDEAUX/TOULOUSE, révèle l’inconsistance des politiciens et nous invite à réfléchir à la notion de « progrès ».
Parmi les agressions multiformes contre la nature, figurent en bonne place les infrastructures de transports et les grands travaux inutiles, du moins pour le bien commun.
Des élus fossilisés et hermétiques au défi écologique perdurent à vouloir aménager le territoire, à la mode des siècles passés, c’est-à-dire en déménageant la biodiversité.
En AQUITAINE, une ligne pour trains à grande vitesse exigerait l’abattage de cent hectares de forêts, la perte de la quiétude de milliers d’habitants, la mort assurée de milliers d’animaux de notre faune sauvage condamnés à s’éclater sur des locomotives circulant à trois cents km/h.
Si certains pays adoptent des moratoires sur la construction d’autoroutes et de lignes ferroviaires, les dirigeants français parlent, déclament, affichent une politique raisonnable, puis le lendemain disent et font le contraire de ce qu’ils énonçaient la veille.
En juillet 2017, le président MACRON étant tout heureux de sa conquête ministérielle, Nicolas HULOT disait à RENNES, en inaugurant une ligne à grande vitesse reliant la capitale bretonne à PARIS, qu’il fallait renoncer à de tels ouvrages à l’avenir. Puis, tout récemment, gare de LYON, il déclare que la décennie à venir sera celle du train à très grande vitesse.
Cela pourrait être comique si la mort de la nature n’était pas au bout de ce tunnel de la pensée.

Les présidents de région AQUITAINE et LANGUEDOC-ROUSSILLON, tous deux pseudo-socialistes, l’un amateur de chasse, l’autre de torture tauromachique, soutiennent bien évidemment le projet de ligne à grande vitesse, avec les acclamations de la droite thatchérienne dont peu de choses les séparent.
Ces gens du passé n’ont pas compris que le temps a changé, que la vitesse n’est plus à l’ordre du jour, que la forêt vaut mieux qu’une infrastructure de plus.
Ailleurs, d’autres intérêts privés (de scrupules) veulent des déviations routières, des axes européens, des bretelles autoroutières, comme si cela pouvait durer indéfiniment dans un monde nécessairement fini.
Pour les thatchériens, adorateurs des entreprises privées, même la « transition écologique » offre des occasions de spéculations vertes au détriment de l’espace naturel : éoliennes, champs photovoltaïques, gigantesques hangars agricoles supports de panneaux solaires fleurissent dans les campagnes au grand dam des habitants.
Cette société poursuit sa guerre contre la nature systématiquement, en toute inconscience.
Un décideur responsable devrait privilégier les aménagements existants pour les améliorer mais se garder de dévaster la terre par des lèpres nouvelles.
Que savent ces décideurs des sciences de la terre et de la vie ? Rien.
Ils conservent les automatismes de pensée de leurs devanciers sans faire l’effort d’appréhender le monde nouveau.
Que vaut leur éthique ? Rien.
L’anéantissement des espèces  n’existe pas pour eux.
Ils ont entendu parler de la sixième grande  extinction de biodiversité, de la sensibilité animale, mais pour eux, cela concerne les forêts tropicales et les pôles, sûrement pas leurs petites circonscriptions dont il ne faut pas faire une « réserve d’indiens ».
Français, vous avez de bien nocifs élus !
Par-delà ces choix d’apparences  purement techniques se pose l’interrogation de la notion de « progrès » mot valise, porteur d’espérances et de positivité naguère, désormais source d’inquiétudes.
Durant deux siècles, de 1750 à 1975, le progrès se mesurait en tonnes de charbon extraites du sol, d’acier fondues dans les hauts-fourneaux, de gain de vitesse dans les transports et de découvertes prometteuses d’un monde meilleur.
Chaque génération d’humains oeuvrait, avec confiance dans l’avenir, pour que la génération suivante soit plus heureuse, mieux à l’abri des maux qui ploient les hommes sous le joug de leur condition précaire et vulnérable.
Aujourd’hui, en contemplation des exactions des promoteurs/aménageurs, bien peu pensent encore que les lendemains chanteront le triomphe de la prospérité, du bonheur, de la santé, de la vie prolongée.
Et pourtant ? Peut-on repenser le concept de progrès ?
Je sais peu de choses, mais une vie d’études m’a appris que l’âge d’or n’est pas dans un passé qu’il ne ferait pas bon revivre.
Le progrès, celui qui tend vers un mieux et non vers un toujours plus serait aujourd’hui d’adoucir la vie, de vaincre la souffrance, de faire reculer la mort, de réconcilier l’humain avec la nature.
Les espèces, les monuments de la nature, les forêts, les rivières, les océans ont des droits à se pérenniser.
Nombre de pays commencent à reconnaître la personnalité juridique de ces entités et cela s’appelle : le progrès.
Nos élus « dinosauriens » rêvent encore de lignes à grande vitesse, d’autoroutes, d’aéroports, de productions massives, d’artificialisation de tout pour les mesquins profits.
Quel heureux choc de civilisation les anéantira, avec leurs esprits « enclavés », leurs nuisances, leur mépris du vivant ?
Ils ne sont déjà plus de notre temps, mais ils ne le savent pas.

Gérard Charollois

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