Les poisons agricoles et l’état intoxiqué

En France, à l’instar de la politique de protection de la nature, l’agriculture dépend de lobbies nocifs qui tiennent les ministères et paralysent les politiciens.
Le monde de la chasse, la FNSEA dictent leurs lois bien que les titulaires du permis de chasser ne soient plus que 984.000 et les exploitants agricoles de 400.000.
Politiquement parlant, ce pays semble figé dans les valeurs d’une société du 19ème siècle.
Ainsi, l’intérêt général de la préservation de la biodiversité et de la santé humaine est sacrifié sur l’autel du profit des firmes du poison agricole et des filières diverses.
En 2007, lors du « Grenelle » de l’environnement, le président de la république de droite de l’époque affirmait vouloir réduire de moitié l’usage des biocides agricoles dans les dix ans à venir, avant d’éructer, deux ans plus tard, au salon de l’agriculture que « L’environnement, ça commence à bien faire ».
Aujourd’hui, le tonnage de produits phytosanitaires s’est accru en dix ans de 15%.

Dans le même temps, l’état consacra des millions d’euros pour la réduction de cet usage.
Comme nous le constatons trop souvent, les zones de non-droit ne se situent pas que dans les banlieues.
La campagne a aussi ses réseaux mafieux et les abus, les détournements d’argent public, fleurissent sous couvert de dérogations et de tolérances : braconnage, irrigation illégale, brûlages de déchets et plastiques agricoles, enfouissements sauvages de bidons toxiques, coupes-rases de forêts, recalibrage de cours d’eau au tractopelle, destructions de haies, subventions injustifiées à certaines productions.
80% des insectes volants ont disparu durant les trente dernières années en Europe.
Qui répondra de ce crime ?
L’état vient de reconnaître que les cancers de la prostate dont le nombre et la gravité endeuillent les Antilles constituent des maladies professionnelles en relation avec l’usage d’un insecticide, le chlordécone, employé pendant trop longtemps après la découverte de sa nocivité, pour lutter contre le ver de la banane.
Les USA, terre d’élection des firmes privées, de la chimie et d’un certain mépris de l’environnement, avaient, 15 ans avant la France, prohibé l’emploi du chlordécone.
Mais ici, une entreprise privée (de scrupule) voulait écouler ses stocks et elle bénéficia de la complaisance criminelle du ministère de l’agriculture.
Qui répondra de ce crime d’empoisonnement dicté par la cupidité des uns et les réseaux d’influence des autres ?
Mais tout cela continue et les mafieux de l’agrochimie auraient bien tort de se gêner puisqu’aucun responsable de ces méfaits ne croupit en prison, là où se trouvera sa place, le jour où triomphera l’état de droit.
Un jour, l’écocide sera jugé à sa juste gravité mais trop de coupables, à l’instar du marchand de chlordécone, seront morts dans leurs lits sans répondre de leurs actes.
Comme en matière de chasse, le petit cupide de base, utilisateur de poisons et destructeur de nature, ne serait pas aussi nocif sans la complicité des politiciens, vrais responsables de cet extinction de la biodiversité.
Nous entendons bien que des normes protectrices de la nature pourraient créer une « distorsion de concurrence » avec d’autres pays, encore plus dociles aux intérêts très privés, encore plus laxistes dans l’utilisation des poisons agricoles.
Ce qu’il faut, c’est renégocier les accords internationaux commerciaux pour écarter cette concurrence déloyale et interdire l’importation de substances végétales comme des produits de l’élevage, obtenus au détriment de la biodiversité et du respect de l’animal.
L’argument des agriculteurs dénonçant cette concurrence si chère aux thatchériens doit être retenue.
On ne peut exiger des normes internes tout en acceptant leurs violations par des fournisseurs étrangers.
L’Europe notamment doit imposer une agriculture respectueuse de la nature, de la santé humaine, du bien-être animal.
Dans ce domaine comme dans bien d’autres, la météo politique est plutôt mauvaise.
Pour le beau temps, je crois qu’il faudra attendre encore le réveil des peuples.

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