La sinistre banalité du mal et la preuve par la vènerie sous terre

Le 15 mai de cette année, des chasseurs de Haute-Vienne appellent les adeptes à manifester pour bénéficier du droit de tuer des blaireaux dans le cadre d’un jeu cruel : la vénerie sous terre.
Le blaireau est un mustelidae d’une vingtaine de kilos, de 70 cm de longueur, aux mœurs strictement nocturnes, fouisseur, passant ses journées dans des terriers collectifs familiaux, bien à l’abri des maniaques du fusil, de ces guerriers du dimanche qui vont faire la guerre à une faune exsangue.
Omnivore, le blaireau mérite une protection intégrale.
Les tueurs ne l’entendent pas ainsi.
Ils veulent jouir de l’art d’infliger des actes de cruauté à des êtres sensibles au cours de rituels avilissants pour l’humain.
Le blaireau vivant et se reproduisant au terrier, au joli mois de mai, les veneurs commencent par introduire des chiens dans les galeries menant à la ville souterraine de l’animal et la jouissance du spectacle débute par l’écoute du combat entre le chien et sa victime.
Puis, à l’aide de pelles, les valeureux veneurs creusent au-dessus du terrier jusqu’à atteindre les blaireaux ensanglantés, les saisissent par des pinces et les jettent mourant aux chiens qui les dévorent.
Toute chasse loisir est une activité récréationnelle révélatrice de la persistance, chez quelques humains, fort heureusement de moins en moins nombreux, de la pulsion de mort et de la quête du plaisir dans l’effroi et la souffrance infligés.
Mais avec la vénerie sous terre, le sommet de la cruauté absolue est atteint.
Comment des hommes, apparemment nos semblables, peuvent-ils s’abaisser à de tels actes qu’il n’est pas besoin de qualifier davantage ?
Il y a des faits qui dispensent de tout commentaire.
L’immense majorité de nos contemporains répugnent à de tels agissements mais, comme pour bien d’autres mœurs, pratiques et intérêts, les autorités couvrent cette abomination, par pure pusillanimité.
Il existe des hommes biophiles qui vénèrent la vie et des hommes thanatophiles qui penchent vers la mort.
Comment s’étonner que des hommes mûs par des passions, des haines, des ardeurs guerrières en arrivent si souvent à commettre en direction de leur propre espèce des crimes insondables ?
Le mépris de la vie et de la souffrance ne se divisent pas.
Comme l’écrivit LAMARTINE « L’homme n’a pas deux cœurs, un pour l’animal et un pour l’homme. Il en a un ou n’en a pas ».
La chasse loisir est une école de banalisation de l’art de tuer.
Au nom de l’hominisation en cours, on ne doit pas réformer la chasse, mais l’abolir.
Un principe éthique réside dans cette injonction : tout être vivant sensible possède un droit à vivre et à ne pas être torturé.
La vénerie sous terre, par son caractère paroxystique, dévoile le vrai visage de la chasse qui est, pour nous biophiles, le visage de la banalité du mal.


Gérard CHAROLLOIS

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