Du "zéro artificialisation nette" à la corruption ordinaire des élus

 

Une loi dite « climat et résilience » du 22 août 2021, prise au nom de la science et de la vertu écologique, préconise un « zéro artificialisation nette » (ZAN), à compter de 2050 et avec réduction de moitié de ladite artificialisation jusqu’en 2030.
Pour préserver le climat de la Terre, pour sauver ce qui persiste de biodiversité, pour maintenir un environnement viable, le législateur décide enfin de protéger les espaces naturels, forestiers et agricoles de l’artificialisation par les infrastructures et l’urbanisation.
Bien sûr, le législateur étant ce qu’il est, il ne fallait pas contrarier trop frontalement les petits intérêts privés.
Alors, on diffère la mesure salutaire et 2050, c’est encore bien loin.
Mais les esprits rétrogrades et les plus corrompus fulminent contre une mesure gênant leurs petites affaires, leurs arrangements népotiques, leurs collusions avec les milieux économiques spéculatifs.
Par idéologies ou par intérêts, des oppositions multiformes se manifestent.
Le réactionnaire, antisocial car ennemi des « assistés », et antiécologique président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, par ailleurs sans doute tenant de « la loi et l’ordre », éructe qu’il refuse d’appliquer la loi et que le rural a besoin « de se développer ». Traduisons : « Chez nous, on veut pouvoir couler du bitume et du béton sans entrave et tant pis pour la viabilité de la Terre ».
Et il n’est pas le seul.
Un peu partout, les maires et présidents de conseils départementaux s’insurgent.
C’est qu’ils ne veulent pas que leurs cantons deviennent des « réserves d’indiens ».
Ils exigent, à l’infini, toujours davantage et sans frein, des déviations routières, des zones artisanales, des lotissements, des centres commerciaux.
Il faut bien satisfaire l’appétit des amis promoteurs locaux, fervents soutiens et parfois bailleurs de fonds pour les campagnes électorales.
Tel président de département promettra à un maire sa salle des fêtes, si celui-ci veut bien apporter son appui à tel projet cher à l’élu.
Je recommande l’écoute de l’émission « Secret d’info » de FRANCE INTER du samedi 20 avril, consacrée aux dessous malodorants de l’autoroute A69 devant relier Toulouse à Castres.
Vous y trouverez tous les ingrédients des corruptions ordinaires, fruits des relations incestueuses entre le monde vorace des « affaires » et la classe politique indigente à tous les échelons, y compris au plus haut de l’état.
Que devient l’intérêt général, c’est-à-dire la sauvegarde de la Nature et le maintien des conditions d’habitabilité de la planète ?
Les braves gens abusés s’imaginent que les élus et leurs amis, notamment du BTP, sécrètent du bitume pour améliorer la vie des habitants des diverses contrées.
Naïveté touchante, car derrière les grands travaux se cachent de sordides opérations purement financières et des cliquetis de tiroirs caisses.
Admirons les contorsions des élus pour justifier leurs turpitudes : « désenclaver », « créer des emplois », « supprimer une zone accidentogène » qui ne connut aucun accident notoire !
Les élus locaux refusent le "zéro artificialisation nette " et prônent le zéro entrave nette pour leurs petites combines lucratives et leur volonté de bétonner et bitumer à outrance.
L’intérêt général est ici compromis par le flot des petits intérêts privés : « pourvu que mon lopin de terre devienne densément constructible ! ».
L’argent pourrit tout et l’animal cupide provoquera la mort de son espèce étouffée par ses pollutions et par un monde sans vie, totalement artificialisé, stérilisé, privé de poésie, de diversité, un monde mort pour une espèce morte.

Gérard CHAROLLOIS

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