L’Inné & L’Acquis

Jeudi 12 janvier 2012

L’INNE & L’ACQUIS

par Pierre JOUVENTIN

« …la préoccupation pour des dichotomies : animal-humain, sauvage-civilisé, anciens-modernes, et les prises de position scientifiques qu’elles impliquent est très significative…Dans son ‘Anthropologie naïve, anthropologie savante’ Stoczkowski…a montré combien de telles dichotomies déterminent l’interprétation de la culture, de l’antiquité jusqu’à nos jours » Raymond Corbey ‘La culture est-elle naturelle ?’

Mes collègues éthologistes évitent de parler d’‘instinct’ car cela leur parait faire référence à un débat dépassé. Pour parler simplement, j’ai cependant conservé ce terme ici comme synonyme de ‘pulsion innée’. Si le vocabulaire est soumis à ce terrorisme intellectuel, c’est que les mots sont porteurs de concepts et donc d’une vision du monde basée sur l’état des connaissances. On est contraint de prendre des précautions de langage pour parler d’un comportement inné, parce que bien des ‘instincts’ se sont révélés, après étude, au moins en partie ‘appris’.

On peut, par exemple, empêcher un pigeon de voler en entourant son corps de bandelettes jusqu’à l’envol complet de ses frères et sœurs. Il n’en décollera pas moins que les autres qui ont pu battre des ailes sur le nid puis ont effectué des vols d’essais. Il semblerait donc que l’aptitude à voler soit uniquement innée. En y regardant de plus près, on se rend compte que le vol de ce pigeon n’est pas aussi efficace que celui des autres qui ont pu s’entraîner. Il y a donc aussi une part d’appris qui est utile pour affiner l’adaptation.

En recueillant des chiens adultes, on découvre aussi que leurs comportements apparemment les plus instinctifs comportent une part d’apprentissage. Volga, moitié berger allemand et moitié belge, n’osait pas entrer dans l’eau à 7 ans et, comme la plupart des chiens, elle commença par nager verticalement avant de comprendre que ça marchait mieux en mettant son corps à l’horizontale… Harpo, bouvier des Flandres pleinement adulte, ignorait les os jusqu’à ce qu’il prenne exemple sur nos autres chiens, commence à les ronger et y prenne tant goût que son intestin se trouva rempli d’une bouillie d’os, comme le montra la radio effectuée chez notre ami vétérinaire ! Ce n’était pas seulement son comportement d’appétence pour les os qui était absent lors de cette découverte tardive mais ses sucs digestifs, jamais mis à contribution pour dissoudre le calcium, n’étaient même pas sécrétés et il se trouvait totalement constipé ne pouvant les digérer, du moins la première fois…

Tout ceci peut paraître des arguties sans grand intérêt, mais cette querelle de l’inné et de l’acquis a constitué la toile de fond sur laquelle ont évolué la psychologie animale et la philosophie depuis leurs débuts. Selon les époques, les chercheurs ont mis l’accent sur l’instinct ou sur l’apprentissage, c’est à dire l’inné ou l’acquis, et ce mouvement pendulaire tend seulement aujourd’hui à se stabiliser, tout comportement comportant en réalité un mélange inextricable des deux. On sait depuis récemment que même des vrais jumeaux disposent d’une marge de manœuvre, d’une certaine liberté, car leur expérience modifie le patrimoine génétique commun. A la génétique rigide, qui semblait décider de notre destin, a succédé une vision plus complexe et souple de la programmation que l’on nomme l’épigénétique, car les gènes peuvent être activés ou pas selon l’environnement dans lesquels ils s’expriment : la dictature des gènes a été renversée !

Henri Fabre, dont les descriptions étonnent encore par leur précision et leur exactitude, connaissait la nature autrement mieux que Descartes qui a soutenu la thèse des ‘animaux-machines’ qui, d’après lui, ne pensent pas et ne ressentent rien. Pourtant, admirant la perfection des mœurs des insectes, Fabre n’était pas loin de penser que, dans la nature, excepté l’Homme, tout est instinct. Il contait, avec une admiration à peine cachée pour le Créateur qu’il plaçait à l’origine de tout, l’incroyable histoire de la guêpe ammophile. Avant de pondre, elle paralyse une chenille en la piquant avec son dard exactement dans le centre nerveux, puis la transporte dans le terrier qu’elle a creusé et qu’elle referme après avoir pondu. Lorsque la larve éclot, elle trouve la chenille immobilisée mais toujours vivante, c’est-à-dire un garde-manger qu’elle grignote tout doucement et en commençant par les parties les moins vitales… Sans s’arrêter sur l’hypothèse de ce Dieu cruel qui organiserait des tortures aussi raffinées, il a été montré depuis que la guêpe ne trouvait pas infailliblement les centres nerveux, comme le croyait Fabre. Il lui arrive de tâtonner, de piquer plusieurs fois avant de percer les ganglions nerveux, et cette expérience lui est profitable ensuite pour améliorer sa précision. Il y a donc encore dans ce geste qui paraissait stéréotypé, purement ‘instinctif’, une part d’apprentissage. Entre les deux guerres, les spécialistes de la psychologie animale, qui ont succédé au génial autodidacte qu’était Fabre, ont péché par l’excès contraire. Ils se sont enfermés dans les laboratoires, ont effectué d’innombrables et souvent stériles expériences d’apprentissage. Par réaction contre cette psychologie scientiste ou ‘behaviourisme’, qui se voulait plus scientifique mais ne regardait l’animal que comme un sous-homme, l’Ethologie objectiviste, apparue dans les années 1940, est revenue à l’environnement naturel et a essayé de considérer la diversité animale sans a priori ‘anthropocentriste’ (position de l’homme qui pense être le centre du monde). Cette éthologie s’est tout d’abord intéressée aux animaux simples, insectes et vertébrés dits inférieurs, comme les poissons, les batraciens et les reptiles. Elle a donc été conduite à se pencher principalement sur les manifestations de ‘l’instinct’, les comportements innés étant évidents dans ces groupes (une annexe en fin de volume résume ‘L’histoire de l’éthologie’). Lorsque les chercheurs sont passés aux mammifères et en particulier à nos cousins, les singes, ils ont redécouvert l’importance de l’apprentissage qui, chez les animaux à gros cerveau, est omniprésent.

Depuis presque un demi-siècle, cette querelle historique de l’inné et de l’acquis est dépassée et close en sciences de la vie. Il est admis que dans tout comportement instinctif, il y a une part d’apprentissage. Inversement, il faut garder en mémoire que la capacité d’apprentissage varie d’une espèce à l’autre, ce qui sous-entend qu’elle est innée. On vient par exemple de découvrir les bases neuronales des capacités d’apprentissage du langage, et ceci aussi bien chez l’homme que chez l’oiseau… Derrière tous ces crêpages de chignon et ces coupages de cheveux en quatre, c’est moins la psychologie de l’animal que celle des humains qui est en cause. Bien qu’il n’en soit jamais fait mention, l’enjeu est de savoir si l’homme est un être d’ ‘instinct’ ou de ‘raison’. Or ces débats des biologistes des années 70, qui ont montré qu’il n’y a pas opposition entre l’inné et l’acquis mais toujours un mélange inextricable des deux et variable d’une espèce à l’autre, ont peu été intégrés par les sciences humaines, en particulier dans notre pays. Même si chez l’homme, l’apprentissage culturel est bien sûr prépondérant, il est faux que l’homme soit un être de pure culture sans aucune pulsion innée, comme le prétend la culture occidentale… Tout nourrisson en apporte d’ailleurs le démenti en tétant le sein de sa maman sans apprentissage préalable. Il existe bien un instinct maternel n’en déplaise à Simone de Beauvoir ou tout récemment Elisabeth Badinter (‘Le conflit, l’enfant et la mère’) auxquelles Sarah Hrdy, anthropologue américaine, avait déjà répondu (‘Les instincts maternels’) avec nuance : ‘Les comportements complexes comme le maternage ne sont jamais totalement prédéterminés génétiquement ni produits par le seul environnement’. Comme tout être vivant, nous sommes un mélange de nature et de culture, d’inné et d’acquis, même si la deuxième composante est plus importante chez nous que chez les autres espèces.

Ce constat banal est révolutionnaire car il détermine nos attitudes morales et politiques qui ne peuvent plus être aussi tranchées que lorsqu’on opposait, comme Descartes, l’homme rationnel -libre et maître de son destin car doté par le Créateur d’une âme-, à l’animal n’obéissant qu’à ses instincts et donc exploitable comme la machine, le noir et la femme ! Or ‘anima’ en latin signifie âme et, en réhabilitant les autres espèces, nous revenons à l’étymologie en voulant ‘réanimer’ le monde vivant : pour éviter ce piége sémantique, Descartes aurait dû nommer‘l’animal-machine’, ‘la bête-machine’ !

Ces clivages idéologiques, ces dichotomies discutables étaient commodes pour apprendre à raisonner et encore plus à exclure en opposant la civilisation à la barbarie, comme nous l’ont appris les grecs et comme le dénonçait déjà Platon dans ‘Le politique’. Notre culture occidentale est pleine de ces dualismes qui, pour pédagogiques qu’ils soient, n’en sont pas moins réducteurs et piégés. Nous en croiserons bien d’autres au cours de cette enquête sur nos origines actualisée par la biologie moderne comme l’opposition homme/animal (une espèce contre le reste du monde vivant !), culture/nature (l’aptitude à la culture est en réalité innée donc naturelle), homme/nature (l’homme, inclus dans la nature, ne peut s’y opposer, pas plus qu’un poisson rouge à son bocal), civilisés/primitifs (les chasseurs-cueilleurs ont la même ancienneté que nous et ils ont trouvé des modes de vie plus durables que ceux des civilisés), esprit/corps (pourquoi deux entités distinctes ?), etc… Ainsi la manipulation, la désinformation, la ‘stratégie d’exclusion’ a-t-elle consisté, en Occident et depuis 2500 ans, à induire en erreur en forçant à choisir entre deux concepts opposés artificiellement…

 

 

1024x768 Normal 0 21 false false false FR X-NONE X-NONE

L’INNE & L’ACQUIS

jeudi 12 janvier 2012
par  P.J.
popularité : 6%


L’INNE & L’ACQUIS

« …la préoccupation pour des dichotomies : animal-humain, sauvage-civilisé, anciens-modernes, et les prises de position scientifiques qu’elles impliquent est très significative…Dans son ‘Anthropologie naïve, anthropologie savante’ Stoczkowski…a montré combien de telles dichotomies déterminent l’interprétation de la culture, de l’antiquité jusqu’à nos jours » Raymond Corbey ‘La culture est-elle naturelle ?’

Mes collègues éthologistes évitent de parler d’‘instinct’ car cela leur parait faire référence à un débat dépassé. Pour parler simplement, j’ai cependant conservé ce terme ici comme synonyme de ‘pulsion innée’. Si le vocabulaire est soumis à ce terrorisme intellectuel, c’est que les mots sont porteurs de concepts et donc d’une vision du monde basée sur l’état des connaissances. On est contraint de prendre des précautions de langage pour parler d’un comportement inné, parce que bien des ‘instincts’ se sont révélés, après étude, au moins en partie ‘appris’.

On peut, par exemple, empêcher un pigeon de voler en entourant son corps de bandelettes jusqu’à l’envol complet de ses frères et sœurs. Il n’en décollera pas moins que les autres qui ont pu battre des ailes sur le nid puis ont effectué des vols d’essais. Il semblerait donc que l’aptitude à voler soit uniquement innée. En y regardant de plus près, on se rend compte que le vol de ce pigeon n’est pas aussi efficace que celui des autres qui ont pu s’entraîner. Il y a donc aussi une part d’appris qui est utile pour affiner l’adaptation.

En recueillant des chiens adultes, on découvre aussi que leurs comportements apparemment les plus instinctifs comportent une part d’apprentissage. Volga, moitié berger allemand et moitié belge, n’osait pas entrer dans l’eau à 7 ans et, comme la plupart des chiens, elle commença par nager verticalement avant de comprendre que ça marchait mieux en mettant son corps à l’horizontale… Harpo, bouvier des Flandres pleinement adulte, ignorait les os jusqu’à ce qu’il prenne exemple sur nos autres chiens, commence à les ronger et y prenne tant goût que son intestin se trouva rempli d’une bouillie d’os, comme le montra la radio effectuée chez notre ami vétérinaire ! Ce n’était pas seulement son comportement d’appétence pour les os qui était absent lors de cette découverte tardive mais ses sucs digestifs, jamais mis à contribution pour dissoudre le calcium, n’étaient même pas sécrétés et il se trouvait totalement constipé ne pouvant les digérer, du moins la première fois… JPEG - 68.3 ko

Tout ceci peut paraître des arguties sans grand intérêt, mais cette querelle de l’inné et de l’acquis a constitué la toile de fond sur laquelle ont évolué la psychologie animale et la philosophie depuis leurs débuts. Selon les époques, les chercheurs ont mis l’accent sur l’instinct ou sur l’apprentissage, c’est à dire l’inné ou l’acquis, et ce mouvement pendulaire tend seulement aujourd’hui à se stabiliser, tout comportement comportant en réalité un mélange inextricable des deux. On sait depuis récemment que même des vrais jumeaux disposent d’une marge de manœuvre, d’une certaine liberté, car leur expérience modifie le patrimoine génétique commun. A la génétique rigide, qui semblait décider de notre destin, a succédé une vision plus complexe et souple de la programmation que l’on nomme l’épigénétique, car les gènes peuvent être activés ou pas selon l’environnement dans lesquels ils s’expriment : la dictature des gènes a été renversée !

Henri Fabre, dont les descriptions étonnent encore par leur précision et leur exactitude, connaissait la nature autrement mieux que Descartes qui a soutenu la thèse des ‘animaux-machines’ qui, d’après lui, ne pensent pas et ne ressentent rien. Pourtant, admirant la perfection des mœurs des insectes, Fabre n’était pas loin de penser que, dans la nature, excepté l’Homme, tout est instinct. Il contait, avec une admiration à peine cachée pour le Créateur qu’il plaçait à l’origine de tout, l’incroyable histoire de la guêpe ammophile. Avant de pondre, elle paralyse une chenille en la piquant avec son dard exactement dans le centre nerveux, puis la transporte dans le terrier qu’elle a creusé et qu’elle referme après avoir pondu. Lorsque la larve éclot, elle trouve la chenille immobilisée mais toujours vivante, c’est-à-dire un garde-manger qu’elle grignote tout doucement et en commençant par les parties les moins vitales… Sans s’arrêter sur l’hypothèse de ce Dieu cruel qui organiserait des tortures aussi raffinées, il a été montré depuis que la guêpe ne trouvait pas infailliblement les centres nerveux, comme le croyait Fabre. Il lui arrive de tâtonner, de piquer plusieurs fois avant de percer les ganglions nerveux, et cette expérience lui est profitable ensuite pour améliorer sa précision. Il y a donc encore dans ce geste qui paraissait stéréotypé, purement ‘instinctif’, une part d’apprentissage. JPEG - 92.7 koEntre les deux guerres, les spécialistes de la psychologie animale, qui ont succédé au génial autodidacte qu’était Fabre, ont péché par l’excès contraire. Ils se sont enfermés dans les laboratoires, ont effectué d’innombrables et souvent stériles expériences d’apprentissage. Par réaction contre cette psychologie scientiste ou ‘behaviourisme’, qui se voulait plus scientifique mais ne regardait l’animal que comme un sous-homme, l’Ethologie objectiviste, apparue dans les années 1940, est revenue à l’environnement naturel et a essayé de considérer la diversité animale sans a priori ‘anthropocentriste’ (position de l’homme qui pense être le centre du monde). Cette éthologie s’est tout d’abord intéressée aux animaux simples, insectes et vertébrés dits inférieurs, comme les poissons, les batraciens et les reptiles. Elle a donc été conduite à se pencher principalement sur les manifestations de ‘l’instinct’, les comportements innés étant évidents dans ces groupes (une annexe en fin de volume résume ‘L’histoire de l’éthologie’). Lorsque les chercheurs sont passés aux mammifères et en particulier à nos cousins, les singes, ils ont redécouvert l’importance de l’apprentissage qui, chez les animaux à gros cerveau, est omniprésent.

Depuis presque un demi-siècle, cette querelle historique de l’inné et de l’acquis est dépassée et close en sciences de la vie. Il est admis que dans tout comportement instinctif, il y a une part d’apprentissage. Inversement, il faut garder en mémoire que la capacité d’apprentissage varie d’une espèce à l’autre, ce qui sous-entend qu’elle est innée. On vient par exemple de découvrir les bases neuronales des capacités d’apprentissage du langage, et ceci aussi bien chez l’homme que chez l’oiseau… Derrière tous ces crêpages de chignon et ces coupages de cheveux en quatre, c’est moins la psychologie de l’animal que celle des humains qui est en cause. Bien qu’il n’en soit jamais fait mention, l’enjeu est de savoir si l’homme est un être d’ ‘instinct’ ou de ‘raison’. Or ces débats des biologistes des années 70, qui ont montré qu’il n’y a pas opposition entre l’inné et l’acquis mais toujours un mélange inextricable des deux et variable d’une espèce à l’autre, ont peu été intégrés par les sciences humaines, en particulier dans notre pays. Même si chez l’homme, l’apprentissage culturel est bien sûr prépondérant, il est faux que l’homme soit un être de pure culture sans aucune pulsion innée, comme le prétend la culture occidentale… JPEG - 218.1 koTout nourrisson en apporte d’ailleurs le démenti en tétant le sein de sa maman sans apprentissage préalable. Il existe bien un instinct maternel n’en déplaise à Simone de Beauvoir ou tout récemment Elisabeth Badinter (‘Le conflit, l’enfant et la mère’) auxquelles Sarah Hrdy, anthropologue américaine, avait déjà répondu (‘Les instincts maternels’) avec nuance : ‘Les comportements complexes comme le maternage ne sont jamais totalement prédéterminés génétiquement ni produits par le seul environnement’. Comme tout être vivant, nous sommes un mélange de nature et de culture, d’inné et d’acquis, même si la deuxième composante est plus importante chez nous que chez les autres espèces.

Ce constat banal est révolutionnaire car il détermine nos attitudes morales et politiques qui ne peuvent plus être aussi tranchées que lorsqu’on opposait, comme Descartes, l’homme rationnel -libre et maître de son destin car doté par le Créateur d’une âme-, à l’animal n’obéissant qu’à ses instincts et donc exploitable comme la machine, le noir et la femme ! Or ‘anima’ en latin signifie âme et, en réhabilitant les autres espèces, nous revenons à l’étymologie en voulant ‘réanimer’ le monde vivant : pour éviter ce piége sémantique, Descartes aurait dû nommer‘l’animal-machine’, ‘la bête-machine’ !

Ces clivages idéologiques, ces dichotomies discutables étaient commodes pour apprendre à raisonner et encore plus à exclure en opposant la civilisation à la barbarie, comme nous l’ont appris les grecs et comme le dénonçait déjà Platon dans ‘Le politique’. Notre culture occidentale est pleine de ces dualismes qui, pour pédagogiques qu’ils soient, n’en sont pas moins réducteurs et piégés. Nous en croiserons bien d’autres au cours de cette enquête sur nos origines actualisée par la biologie moderne comme l’opposition homme/animal (une espèce contre le reste du monde vivant !), culture/nature (l’aptitude à la culture est en réalité innée donc naturelle), homme/nature (l’homme, inclus dans la nature, ne peut s’y opposer, pas plus qu’un poisson rouge à son bocal), civilisés/primitifs (les chasseurs-cueilleurs ont la même ancienneté que nous et ils ont trouvé des modes de vie plus durables que ceux des civilisés), esprit/corps (pourquoi deux entités distinctes ?), etc… Ainsi la manipulation, la désinformation, la ‘stratégie d’exclusion’ a-t-elle consisté, en Occident et depuis 2500 ans, à induire en erreur en forçant à choisir entre deux concepts opposés artificiellement…


 

--
--
---/---
.../...

 

 

 

--
---

---/---

---/---

 

--
--

---/---

---/---