Politique atroce commune

PAC : et c'est reparti pour un tour...


par David JOLY - Vice-président de la CVN


Ça y est ! Le sommet européen qui devait traiter du budget de l’Union pour la période 2014-2020 est terminé et, soulagement, permet à tous ses participants de repartir dans leurs pays respectifs en chantonnant l’air de la victoire.

Pour James Cameron, mission accomplie : le mot d’ordre était « austérité » et le coup de rabot de 3 % opéré par rapport au précédent budget 2006-2013 lui permettra de clamer haut et fort devant les micros et les caméras de la BBC qu’il a arraché ce qu’il était venu chercher.

Quant à François Hollande, même stratégie. Objectif : sauvetage coûte que coûte de la PAC, cette fameuse politique agricole commune. Et là aussi victoire, il pourra aller gambader dans quelques semaines au salon de la torture, pardon, de l’agriculture, sans craindre de se faire chahuter par nos bons paysans. Même si le budget de la PAC a été revu lui aussi à la baisse, il reste tout de même un gâteau de 373 milliards d’euros qui permettra à ses bénéficiaires de continuer de se goinfrer sur le dos du Vivant.

Avec cette reconduction du plus grand détournement d’argent public  européen, c’est la certitude pour les sept prochaines années de continuer à voir prospérer ces camps de concentration, que l’on nomme plus communément « abattoirs », où sont acheminés nombre d’animaux d’élevage entassés dans des convois durant des heures, voire des jours, sans eau ni nourriture, pour y subir une dernière atrocité qui leur sera fatale. Pour le plus grand bonheur financier des groupes industriels alimentaires qui, comme leurs comparses de l’automobile, installent désormais leurs chaînes de production dans les pays de l’Europe de l’Est à la main-d’œuvre bon marché et corvéable à merci. Et tant pis si l’on se retrouve avec des lasagnes à la viande de cheval estampillées « pur bœuf d’origine française », tant pis si les normes sanitaires locales laissent passer de temps en temps une bactérie qui fera quelques morts au sein des consommateurs. Quant au calvaire des êtres vivants et sensibles qui constituent la matière principale des plats préparés industriels, il ne pèse pas bien lourd face aux dizaines de milliards empochés par Doux, Findus et compagnie.

C’est aussi la garantie pour Monsanto de voir son cours de bourse poursuivre sa progression. Quand on sait que pour la seule France 78 000 tonnes de fongicides, herbicides et insecticides sont utilisées chaque année, les actionnaires peuvent se frotter les mains, les dividendes vont encore pleuvoir. Et dans le même temps les radiothérapeutes et chimiothérapeutes peuvent se dire qu’ils n’auront pas une minute à eux. Car il n’y a pas que les abeilles qui subissent une hécatombe : il est aujourd’hui clairement et scientifiquement démontré la corrélation entre l’évolution du nombre de personnes atteintes d’un cancer et le développement de l’utilisation de ces poisons à destination des plantes et céréales qui, selon leur nature, voient 25 % à 70 % de leurs quantités épandues être emportées par les vents et finir dans les centres-villes. C’est ainsi que l’on retrouve pas moins de 40 substances différentes présentes dans tout échantillon prélevé entre les pieds de la Tour Eiffel qui pourtant se trouve à plusieurs dizaines de kilomètres du champ le plus proche.

C’est enfin le soulagement pour tous les spéculateurs de la mort-loisir et de la mort-spectacle. Car au même titre qu’un éleveur concentrationnaire qui approvisionne les abattoirs, les éleveurs taurins qui fournissent en victimes les barbares des arènes, tout comme les officiels du monde cynégétique à la tête d’élevages de faisans, cochongliers, biches, chevreuils ou lapins destinés à être relâchés quelques minutes avant le grand carnage programmé du dimanche, continueront de percevoir leurs enveloppes garnies de plusieurs dizaines de millions d’euros chaque année.

Une politique agricole commune qui détourne, pardon  je veux dire distribue, chaque année à la France 11 milliards d’euros d’argent public. Qui finance donc des pratiques agricoles et environnementales pour lesquelles la France se voit contrainte de régler des amendes de centaines de millions d’euros pour non-respect des directives… européennes : pollution des nappes phréatiques par le lisier des élevages intensifs porcins, non-conformité des élevages de poules qui continuent à utiliser les cages individuelles, non-respect des conventions sur les espèces protégées au niveau européen et chassables en France…

Que les bénéficiaires de la PAC se rassurent, ces amendes ne sont pas ponctionnées sur l’enveloppe budgétaire qui leur est destinée mais sont réglées avec, une nouvelle fois, l’argent du contribuable français.

Des bénéficiaires de la PAC qui vont bien sûr de nouveau, avec la complicité de la classe politique dans son ensemble, nous qualifier de grincheux et nous reprocher de ne pas avoir de reconnaissance envers ceux qui « nourrissent » l’homme.

Rappelons simplement qu’en France, comme aux États-Unis, au Royaume-Uni ou dans tout autre pays dit « occidental », 75 % des terres cultivables sont utilisés pour produire des céréales à destination du bétail d’élevage pendant qu’au niveau mondial un enfant meurt de faim toutes les 5 secondes.

Voilà la seule statistique à retenir pour évaluer l’efficacité de la PAC.

DJ.


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