Leur monde d’après est exactement celui d’avant

 

 


Par David Joly - Vice-président de la Convention Vie et Nature


C’est l’aspiration du moment. Que cette nouvelle ère post-confinement soit le début d’un nouveau mode de vie pour tous, basé sur des valeurs qui font sens, où les individus peuplant cette pauvre Terre prennent enfin conscience des vraies richesses qu’elle tente encore de nous offrir malgré les agressions dont elle fait quotidiennement l’objet. Que soit pris enfin le temps de vivre et de s’émerveiller devant toutes ces choses qui nous entourent et que nous ne voyions plus, prisonniers de la spirale infernale du productivisme et du néo-libéralisme, seuls garants de distributions de juteux dividendes pour une caste qui a fait en sorte de porter au pouvoir un valet issu de ses rangs et lui ayant fait allégeance.

Et dans cet espoir, on se dit que, oui, pourquoi pas, même les cas paraissant être les plus désespérés, ont peut-être profité de cette période de confinement pour ouvrir les yeux, leur cœur, leur esprit et prendre conscience qu’ils sont complètement à contre-courant.

C’est certainement arrivé pour certains d’entre eux. Mais malheureusement pas pour tous.

Et, ce ne sera une surprise pour personne, le monde de la chasse et ses complices, se présentent comme les plus hermétiques à cette évolution par le haut.

Alors que tout citoyen qui désirait pratiquer une activité physique s’est vu contraint de le faire dans un rayon d’un kilomètre de son habitation sans dépasser l’heure de sortie, nombre de chasseurs ont pu compter sur la servitude des préfets pour s’aventurer où bon leur semblait durant le temps qu’ils désiraient, au détriment de la santé de leurs concitoyens et pour une seule raison : assouvir leur besoin de faire couler le sang.

De ce côté, rien n’a donc changé et rien ne changera.

En ce qui concerne les journaleux de la presse quotidienne régionale à la botte du lobby cynégétique, là aussi il ne faut s’attendre à aucun progrès.

Une adhérente de la CVN nous a rappelé cette semaine qu’en octobre 2017, une sexagénaire du village de Taussac, situé dans l’Aveyron, avait été abattue chez elle. L’auteur de cet homicide ? Un chasseur. N’ayant aucune visibilité et aucune idée sur l’origine du bruit derrière la haie de la propriété de cette dame, il avait pris la décision de tirer à travers, au cas où il se serait agi du cerf qu’il traquait.

L’acte en lui-même est bien entendu choquant et intolérable. Mais ce qui l’est encore plus, c’est l’article rédigé à l’époque par le Midi libre sur ce fait divers (lien 1). Pas un mot de compassion pour la défunte. Pas un mot d’empathie pour la famille de la victime. En revanche un florilège de louanges pour le tueur de service : « bien connu et apprécié au pays », « quelqu’un d’intelligent, posé, connu même pour donner de bons conseils », « une famille investie », « un homme détruit par son geste ».

Ce philanthrope des campagnes est passé devant le juge le 6 mai dernier. Comme son homicide s’inscrit dans un cadre cynégétique, il a pu bien entendu bénéficier de l’ultra-clémence jurisprudentielle que tout magistrat de ce pays se doit de respecter : 12 mois de prison avec sursis et 8 000 € de dommages et intérêts.

Un jugement qui a, à son tour, fait l’objet d’un article par Centre Presse Aveyron (lien 2). Où on y apprend que la victime n’est pas loin d’être la coupable en raison de l’épaisseur de sa haie. Et où l’on donne la parole au criminel, à son avocat, sans à aucun moment évoquer la douleur de la famille et des proches de la victime, certainement ravivée par la dérision de la peine prononcée.

Et si la surprise venait du président de la fédération nationale de chasse himself ? Voilà une belle opportunité d’obtenir un peu de légitimité en condamnant un acte odieux de l’un de ses adhérents, montrant ainsi que lui aussi est dorénavant doté d’un certain sens de la responsabilité.

Non seulement Willy Schraen n’y a pas pensé une seule seconde, mais a dans le même temps fait une sortie fracassante en sollicitant la possibilité pour les chasseurs de piéger les chats se trouvant à plus de trois cents mètres de toute habitation.

Le confinement n’a donc pas atténué les pulsions sanguinaires du président de la FNC mais les a, au contraire, attisées.

Face à l’indignation générale de tels propos, Willy Schraen a difficilement rétropédalé en expliquant que par piégeage, il fallait comprendre une capture des félins dans un objectif de stérilisation avant de les relâcher (lien 3).

Il est bien connu de tous que le piégeage effectué par les chasseurs, que ce soit sur les renards, les fouines, les martres, les loutres ou les oiseaux, l’a toujours été dans un cadre de bienveillance et de protection de ces espèces.

 Une chose est donc certaine : pour que ce monde d’après ne soit plus celui d’avant, il ne faut pas escompter que les travers et les ignominies de certains disparaissent d’eux-mêmes.

Non, il faudra continuer de les combattre afin qu’ils finissent enfin dans la poubelle de l’histoire, leur seule place légitime.

DJ

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