On a les représentants que l’on mérite


par David Joly - Vice-président de la Convention Vie et Nature


                Willy Schraen et Alain Drach : tueurs d'animaux et sinistres vedettes de l'actualité cynégétique ...

 

Les pratiques des médias ont énormément évolué ces dernières années. Dorénavant, la plupart d’entre eux surveillent la toile et particulièrement les réseaux sociaux. Lorsqu’un sujet se distingue nettement des autres de par les échanges et commentaires des internautes, alors ils s’en emparent afin de profiter de cette source d’intérêt collectif.

C’est ce qui est arrivé avec la barbare partie de chasse à courre qui s’est tenue le 21 octobre dernier et qui s’est terminée au sein-même des rues de Lacroix-Saint-Ouen, petite commune du département de l’Oise. Ce jour-là, La futaie des amis, un groupe réunissant des amateurs et pratiquants de la vénerie, a poursuivi un cerf qui, affolé et épuisé, s’est retranché au sein d’une propriété privée, devenant ainsi captif dans la descente de garage où il avait trouvé refuge.

Le responsable dudit groupe, Alain Drach, a alors pris l’initiative, avec la bénédiction et la complicité de la gendarmerie locale présente, de pénétrer dans la propriété privée, d’utiliser un fouet à l’encontre du cerf puis de lui donner la mort sous les yeux ébahis des voisins.

Cet acte ignoble a immédiatement suscité l’indignation des habitants de la commune, mais aussi de nombreux citoyens via les réseaux sociaux, la scène ayant été filmée et mise en ligne.

Devant le nombre de partages impressionnant de l’information et de la vidéo, plusieurs médias ont donc décidé de s’emparer du sujet. Et c’est là que le vent de panique a commencé à souffler au sein des rangs de la fédération nationale de chasse. Elle qui rame depuis plusieurs semaines à contre-courant en raison des accidents qui se comptent déjà à la dizaine depuis l’ouverture générale de la chasse en septembre dernier, elle qui doit gérer plusieurs cas d’homicides (dont dernièrement une septuagénaire tuée au sein-même de son jardin, le chasseur se trouvant derrière la haie ayant estimé naturel de tirer à travers celle-ci sans rien voir de ce qui se trouvait de l'autre côté), la voilà confrontée à des médias qui ont l’outrecuidance de relater et montrer la réalité de la mort-loisir.

Il fallait absolument riposter face à cette attaque frontale et la contre-offensive ne s'est pas fait attendre. Et quelle contre-offensive, Mesdames et Messieurs ! Ni plus ni moins qu’une lettre de protestation adressée au Président de la République himself, rédigée et signée par l’immense Willy Schraen, président de la fédération nationale de chasse. Nous vous la livrons dans son intégralité :

 

 

Une prose à faire pâlir de jalousie André Viard, grand tauromaniaque qui pourrait quasiment porter plainte pour plagiat (pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore cet illustre personnage, je les invite à consulter cet excellent article de Jean-Paul Richier : https://blogs.mediapart.fr/jean-paul-richier/blog/200914/andre-viard-plus-inculte-tu-meurs).

 Certains passages méritent amplement que l’on s’y arrête afin d’y apporter la preuve que Willy Schraen est, en excellent homme de terrain, dans le vrai du début à la fin.

 

 À la demande des gendarmes sur place, il a été enjoint au maître d’équipage de le tuer, l’animal représentant un danger évident pour les personnes nombreuses présentes sur place et les biens. Une histoire banale de la vie rurale se terminait donc.

 Franchement, est-ce le rôle des médias de traiter de sujets aussi banals et dénués d’intérêt ? Un sadique violant une propriété privée, fouettant un cervidé en panique et le mettant à mort sous les yeux d’hommes, de femmes et d’enfants, voilà un acte d’une trivialité qui ne mérite pas qu’on s’y arrête.

 

 Malheureusement, des groupuscules extrémistes, prônant la violence verbale et physique pour imposer leurs idées à la société, se sont emparés médiatiquement de cette affaire.

 C’est bien connu, ces grands extrémistes ultraviolents étant multimilliardaires, ils ont fait l’acquisition de la quasi-intégralité des titres de presse, des stations de radio et des  chaînes de télévision qui leur permettent dès lors de véhiculer leur doctrine.

 

 Les insultes raciales et antisémites, les menaces de mort, l’activation de toutes les haines et de toutes les violences, etc

 Tout hymne à la gloire des oppressés de la cynégécratie ou de la tauromachie se doit d’atteindre très rapidement le point Godwin. Nous voilà tranquilles de ce côté.

 

 Ces gens sont connus dans notre pays depuis de nombreuses années, et sous couvert de défendre la cause animale et le véganisme, veulent imposer leur vision minoritaire à la société actuelle. Certains sont aussi présents dans d’autres pays, qui les classent terroristes, et où ils se sont rendus célèbres en assassinant ceux qui ne partageaient pas leur opinion.

 Diantre ! La France accueillerait donc sur son territoire des individus recherchés activement par d’autres nations pour faits d’assassinat et de terrorisme. Et quelle est donc l’activité principale de ces terroristes sur le sol hexagonal ? Dénoncer les pratiques barbares de La futaie des amis, bien évidemment.

 Et pour ce qui est de la vision minoritaire imposée à tous, qui peut s’y connaître mieux que Willy Schraen, président d’une fédération représentant 1,3 % de la population française qui impose à tous une privation de l’espace public la moitié de l’année, sous peine de devenir la énième victime collatérale de ce loisir de mort ?

 

 

 Bon, à ce stade, l’on peut d’ores et déjà dire que la barre a été placée très haute par l’ami Willy. Et pourtant, ce n’est rien comparé à ce qui va suivre.

 

 Jamais la chasse française n’a appelé à la violence contre les gens qui la rejettent

 Là, on est entièrement d’accord. La chasse française n’a jamais appelé à la violence contre les gens qui la rejettent : elle ne perd pas de temps à appeler et passe directement à la violence.

 Notre propre Président de la CVN en fit l’expérience voilà quelques années où, identifié comme l’un des ennemis principaux de la mort-loisir, il eut l’honneur d’un pantin à son effigie, pendu haut et court à une potence lors d’une manifestation de chasseurs.

La pendaison semble d’ailleurs une obsession dans le monde de la chasse : au début de cette année, Guillaume Meurice, humoriste et chroniqueur de France Inter, s'est rendu au salon de la chasse de Mantes-la-Jolie où il a pu constater qu’un sweat-shirt avec le slogan « Pendons les écolos pendant qu’il reste des arbres » était proposé à la vente (https://www.youtube.com/watch?v=AjzIhTSWv3A).

 L’ustensile habituel, le fusil, reste cependant de mise : Cosimo Lipartiti, citoyen varois, fut ainsi abattu de deux tirs de chevrotine dans le dos en 1984 pour avoir refusé à un chasseur l’accès à sa propriété qu’il avait érigée en réserve naturelle.

 

 Jamais la chasse française n’a voulu imposer ses idées par les menaces

 Transmis à Vincent Peillon, ministre de l’Éducation nationale sous François Hollande qui, député socialiste en 2000, dut être évacué de sa circonscription par hélicoptère afin d’échapper à un lynchage en règle par des chasseurs qui blessèrent deux élus et trois gendarmes mobiles. Le seul tort de Vincent Peillon à l’époque : appartenir à la famille politique du gouvernement qui venait de très légèrement restreindre la période de chasse.

 

 Jamais la chasse française ne s’est octroyé le droit de se prendre pour l’État

 Pas besoin puisque depuis plus de 50 ans, les plus hauts représentants de l’État français sont à la botte du lobby cynégétique, prenant part les uns après les autres, sans discontinuer, à un concours de génuflexions au sein duquel il est difficile de désigner un gagnant.

Ce qui contribue au sentiment d’impunité (avérée dans les faits) chez les pratiquants de la mort-loisir qui se permettent tous les excès, qu’il s’agisse de violations de propriétés privées, de tentatives de lynchage d’un élu de la République, de menaces verbales et physiques sur propriétaires fonciers refusant l'accès à leur terrain ou de destruction de biens publics (comme en 2009 à Valenciennes).

 

 Le racisme et la violence dont nous sommes victimes ne sont plus acceptables

 Sur ces sujets, Willy Schraen bénéficie d’un expert en la personne de Guy Harlé d’Ophove. Président de la fédération de chasse de l’Oise, ancien vice-président du Conseil régional de Picardie sous la bannière du Front national, il a été placé à la tête de la commission environnement de la nouvelle région des Hauts de France par Xavier Bertrand.

Objectif unique et annoncé de son mandat actuel : plus aucune subvention pour les associations exprimant leur volonté d’abolition de la chasse (et bien entendu arrosage massif d’argent public des sociétés et associations de chasse).

 

 Je suis fier d’être le président des chasseurs, parce qu’ils portent en eux les valeurs fondamentales de l’espèce humaine, et qu’ils sont, comme bien d’autres, l’avenir de notre pays.

 L’avenir des pompes funèbres serait plus exact. Car à la moyenne constante d’un mort par semaine de chasse qui est constatée depuis de nombreuses années, quantité d’homicides par fusil de chasse résultant d’un règlement de compte, d’un conflit de famille ou de voisinage, garnissent allègrement les pages de la presse quotidienne régionale.

 

 Plus que jamais à travers cette missive, le monde de la chasse apparaît sous son vrai jour : cruel, menteur, arrogant, déconnecté de toute éthique.

 

DJ

 

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