La chasse : un art de tuer

 

Dans sa chanson, "Madame Thatcher", RENAUD pouvait honorer les femmes en énonçant : « Parmi les hordes qui dégomment la tourterelle, il y a peu de femelles ».
Oui, ami RENAUD, il n’y en a que 4%.
La chasse, loisir de mort et agression stupide à l’encontre d’une faune exsangue, perd ses adeptes inexorablement malgré les millions d’euros dépensés en pure propagande par un lobby aux abois.
Malgré les génuflexions d’une fraction minable d’une classe politique médiocre et les somptueux cadeaux financiers d’un état partial à ce lobby, les contemporains se détournent de cette guerre sans honneur.
Les chasseurs étaient plus de deux millions en 1975 et environ 800.000 aujourd’hui.
En Dordogne, la fédération des chasseurs - qui comptait 39.000 adeptes en 1984 et 16.000 présentement - finance une campagne d’affichage public valorisant la femme chasseresse, anomalie sociologique et psychologique.
Qu’il y ait des femmes amatrices de guerre, de gros fusils, de tueries et de sang versé n’a rien d’étonnant.
Mais ces dépravations morales se rencontrent davantage chez les primates qui s’imaginent virils, parés d’armes et de bottes.
Je suis un démocrate attaché à la liberté d’expression de toute pensée, fut-elle abjecte.
Dès lors, que le lobby chasse en mal de désamour des contemporains mais pourvu de trop d’argent, se livre à des campagnes publicitaires participe de la liberté fondamentale de chacun de dire ce qu’il pense.
Loin de moi d’en appeler à la censure.
Dans ce débat, je fustigerais davantage la servilité débile d’une certaine presse qui, au lieu d’analyser le phénomène et de se poser la question du pourquoi d’une telle propagande, se borne à la relayer unilatéralement, sans le moindre esprit critique.
Qu’est-ce que la chasse ?
Une activité récréationnelle consistant à traquer, mutiler et tuer des animaux, êtres sensibles et sans autre nécessité que de jouir du plaisir de tuer.
Non, le chasseur ne part pas à la chasse poussé par la faim et pour nourrir sa progéniture.
Non, le chasseur ne sacrifie pas son dimanche, dans un souci d’abnégation, pour réguler le sympathique et intelligent sanglier.
Reconnaissons au caricatural président national des chasseurs le mérite de la franchise, puisqu’écartant ces prétextes mensongers, il avoue aimer tuer.
Or, cet aveu est inquiétant.
Faire souffrir et ôter la vie à un être sensible devient insupportable pour un humain hominisé.
La mort n’est pas un jeu et un animal n’est pas une machine dépourvue de sensibilité.
Voilà des évidences éthiques qu’aucune propagande, fut-elle massive et professionnelle, ne pourra masquer longtemps.
Jouir d’occasionner un mal à autrui s’appelle de la perversité.
Trop de sangliers ? se lamentent des « exploitants agricoles » en mal d’aseptisation de la nature !
Le sanglier est le fonds de commerce du stand de tirs des chasseurs, après la disparition de la petite faune.
Trop de sangliers !
Laissez revenir le loup, excellent régulateur naturel.
Pour être humain, il faut récuser la violence, la pulsion de mort et établir avec la Nature un lien de bienveillance et de respect.
La chasse n’est pas un art de vivre, mais un art de tuer, une école de banalisation de la violence.
Si l’homme parachève un jour son processus d’hominisation, il abolira la chasse loisir comme il a déjà su abolir tant de pratiques, d’us et coutumes s’apparentant à ce mépris du Vivant.
Songez aux jeux du cirque romain, aux ordalies, aux bûchers, à la torture, à l’esclavage, à la peine de mort.
En contemplant l’Histoire de notre espèce cruelle, déprédatrice, exterminatrice, n’avons-nous pas un peu honte ?
Un jour, la chasse loisir participera de cette honte et honneur à la femme qui ne dégomme pas la tourterelle et qui ne singe pas les mâles parmi lesquels on trouve les SS et les toreros.

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