Il n’y a pas de démocratie sans un pouvoir juridictionnel indépendant, garde-fou des abus, caprices et corruptions des politiques.
Tout justiciable, puissant ou misérable, doit pouvoir maudire son juge, tout en respectant la chose jugée.
Ces jours-ci, le conseil d’état rend deux décisions nous conduisant à le maudire et à le louer.
Le gouvernement, aux ordres des lobbies de l’arriération, autorise la chasse à la belette dans le PAS-DE-CALAIS pour les trois ans à venir, au nom des dommages importants que l’espèce serait susceptible de générer.
Le conseil d’état valide ce classement, ce que nous déplorons, tout en respectant l’autorité de chose jugée que les petits féodaux du pouvoir bafouent si souvent lorsque les arrêts leur déplaisent.
Juridiquement, rien à redire puisque la bouche du droit a parlé.
Scientifiquement, c’est une autre affaire.
Amis lecteurs, vous auriez beaucoup de chance de découvrir, chez vous, une belette.
L’espèce est en voie de disparition.
Ce micro mammifère pèse au mieux une centaine de grammes et peut entrer dans un trou de souris ses proies de prédilection.
La belette a été victime des chats innombrables, de la circulation routière tellement meurtrière pour la faune, des empoisonnements indirects par les ignorants de la chaîne alimentaire qui empoisonnent les rongeurs, tuant ainsi indirectement tous les prédateurs des souris et rats victimes des anticoagulants.
Alors, la très petite et inoffensive belette n’est plus guère présente dans ce qui reste de nature.
Elle ne boit pas le sang de ses proies contrairement à une légende propagée par les arriérés. Elle est tout simplement carnivore et se nourrit de très très petites proies.
En quoi est-elle susceptible d’occasionner des dégâts ?
J’ai toujours déploré que les candidats aux fonctions de magistrats de l’ordre judiciaire et administratif ne soient pas tenus d’acquérir un minimum de formation scientifique, notamment en biologie.
Après les regrets, voici l’éloge.
Le Conseil d’état, sur requête d’une association « Génération Future », condamne l’état à cesser d’exporter les pesticides ici interdits dans des pays sous-développés.
En 2022, les marchands de poisons agricoles purent ainsi écouler de France 7.200 tonnes de ces molécules hautement toxiques vers ces malheureux pays poubelles.
Observons que les productions agricoles obtenues par ces exploitants étrangers reviennent en France où elles sont consommées avec leurs pollutions.
Le gouvernement ne s’avère pas ainsi seulement ennemi de la belette, mais du vivant en général.
Les gouvernants célèbrent servilement un culte : celui de l’argent, de l’économie, de la spéculation et des affaires.
Ils oeuvrent sournoisement pour favoriser la commercialisation de la chimie agricole sans considération des incidences sur la biodiversité et sur la santé humaine.
Seul le profit les intéresse et ils ne sont que les syndics des lobbies affairistes.
Pour eux, c’est l’économie d’abord !
Ce système ne prendra fin qu’avec une judiciarisation de la question.
S’il s’avérait scientifiquement établi, comme dans le scandale du chlordécone, que des biocides répandus dans l’environnement aient entraîné des pathologies lourdes et des décès, les ministres de l’agriculture, les pseudo syndicalistes agricoles, les patrons de firmes chimiques devraient répondre, en cour d’assises, du crime d’empoisonnement.
La cupidité, l’âpreté du gain, l’affairisme débridé ne justifient pas la mort de la biodiversité et les atteintes à la santé.
Voilà qui ferait réfléchir leurs successeurs !
Gérard CHAROLLOIS