Le naufrage de la raison

L’ampleur des défis du temps appelait des esprits résolus, éclairés, attachés aux valeurs fondamentales et au service de l’intérêt général.
Or, des hommes trop faibles tiennent la barre d’une main tremblante.
Ils sont les jouets de tous les vents mauvais et cèdent à la panique à la moindre menace de ceux qui leur font peur.
L’actuel gouvernement ne sait plus que faire pour apaiser sa « majesté agricole ».
Les annonces de capitulations se succèdent chaque jour pour que le président et son premier ministre puissent s’afficher au salon de l’agriculture sans essuyer les colères d’une fraction des exploitants agricoles acquis désormais logiquement au parti des nationaux – populistes, nombreux à la Coordination Rurale.
Les syndicats agricoles se livrent à une surenchère en prévision des élections aux chambres d’agricultures de janvier prochain.
Alors, tout y passe : l’argent public et la Nature.
N’étant pas obnubilé par la « dette publique », épouvantail cher aux thatchériens, je ne ferai pas grief au pouvoir politique de couvrir de cadeaux fiscaux et de primes multiples les agriculteurs.
En revanche, la préservation des haies et des ruisseaux et les contrôles par les agents de l’Office Français de la Biodiversité, la sauvegarde des loups me préoccupent bien davantage.
Bien sûr, vous entendrez la ritournelle des économistes, sur le thème de la dette que notre génération va laisser à nos enfants.
Mais, question : à qui nos enfants devront-ils cette dette ? Réponse évidente : à nos enfants, si ce monde devait aller comme il va. Par cette réponse, les économistes non thatchériens expriment que les générations futures décideront souverainement du sort des écritures comptables puisqu’elles seront à la fois débitrices et créancières.
Donc, laissons de côté ces soucis de petits comptables.
La biodiversité pourrait bien présenter une créance plus sévère que celle des fonds de pensions.
Or, est-ce que les agriculteurs ont besoin d’agresser les haies en périodes de nidification des oiseaux et de transformer les ruisseaux en fossés antichars ?
N’est-il pas pitoyable de voir des gouvernants faire la danse du ventre devant des syndicats agricoles, comme ils le font devant des chasseurs qui bien souvent sont les mêmes ?
Et plus ils s’agenouilleront, plus les excités de l’agrarisme exigeront des concessions infinies.
Dans tous les domaines et face à tout défi, l’humain doit se déterminer avec courage pour le bien, c’est-à-dire la vie, la liberté, les droits de l’homme et ceux du vivant.
Je reconnais que cela n’est pas toujours aisé, mais c’est ce qui distingue ceux qui servent, dans les tempêtes, la dignité humaine.
Hélas, ils ne sont pas toujours très nombreux dans l’Histoire qui balbutie et se répète.

Gérard CHAROLLOIS

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