La loi et l’ordre.

Confrontés à la colère des gens, les gouvernants du jour usent des mêmes mots et concepts de tous les CHARLES X de l’Histoire.
« L’ordre doit être rétabli et la violence des émeutiers durement réprimée ».
C’est que ces hommes appartiennent à l’éternel parti de l’ordre, celui qui commande, domine, exploite une société.
Or, l’ordre ne saurait être une fin en soi. La loi ne vaut que si elle apaise et tend à la justice et au bien public.
Un désordre vaut mieux qu’une injustice et l’injustice sociale de l’actuelle monarque élu se résume à six lettres : « isf ; csg ».
Pour complaire au « bas peuple », le président ajoute l’insulte aux transferts financiers en faveur des oligarques. Il offre, en violation du droit et des arrêts des cours supérieures, une prorogation de la chasse des oies en février, car, bien sûr, « le bas peuple aime tuer, détruire une biodiversité » dont on assure par ailleurs qu’il faut la sauver !
Non, le peuple vaut mieux que cela !
Le désordre nécessaire dressé contre l’injustice n’est pas la violence.
La fin, le but, l’objectif ne tolèrent pas tous les moyens pour les atteindre.
La violence physique, autre que purement symbolique, contre les personnes représente la négation des principes éthiques les plus élémentaires et notamment ceux qui font le socle du biocentrisme.
Juste est la colère. Saine est l’indignation, mais n’oublions jamais que nous combattons des idées, des faits sociaux et jamais des personnes.
Frapper, blesser, mutiler devraient disparaître dans une société évoluée, raffinée, respectueuse de tout être vivant.
Aussi, mon ardent soutien et ma vive sympathie envers tout manifestant, tout résistant, tout contestataire de l’ordre injuste des agents du Marché s’accompagnent de regret lorsque des violences physiques affectent des fonctionnaires de police qui font l’ingrat métier de défendre un Etat qui fait la guerre sociale à ses propres fonctionnaires pour satisfaire les oligarques de la finance.
En condamnant ces violences, je pourrais parler comme tous les « CHARLES X » de tous les temps.
Mais, je mesure tout ce qu’il y a d’imposture, d’hypocrisie, de manipulation des pusillanimes dans ces indignations sur commande des dirigeants.
Ils oublient les violences sociales qu’ils exercent quotidiennement et celles que leurs vigiles infligent aux manifestants : gazages abusifs, grenades assourdissantes, coups de matraques généreusement dispensés sur des opposants pacifiques.
Les manifestations se sont traduites, en France, ces dernières semaines par des centaines de blessés parmi les réfractaires, quatre mains arrachées, trois yeux crevés par les défenseurs du régime en place.
Alors, condamnation de la violence, mais de toutes les violences d’où qu’elles viennent et quelles qu’en soient les victimes.
Les gouvernants ont des indignations feintes à géométrie très variables et n’ont guère été émus par la mort de Rémi FRAISSE.
Ils instrumentalisent les peurs des esprits formatés, résignés et conformistes.
Ils passent sous silence les dégâts collatéraux de leur défense des intérêts très privés qu’ils servent docilement.
Amis gilets jaunes, verts ou rouges ne lâchez rien. Demeurez mobilisés contre l’ordre injuste mais abstenez-vous de blesser, violenter, molester les forces dites de l’ordre.
Filmez, diffusez les violences dont vous serez victimes de la part du pouvoir de la finance et des banques car le véritable enjeu est de gagner la bataille de l’opinion et éviter l’anesthésie et les manipulations des tenants de la loi et l’ordre.
Et surtout, unissez-vous. Ne vous dispersez pas en groupuscules rivaux que le thatchérisme vaincra trop aisément.
L’objectif est de construire, un jour, une société plus douce, plus empathique, alliant la liberté de pensée et de mode de vie et l’équité, une société reconnaissant le vrai mérite et sanctionnant la prévarication et la spéculation contre la nature et contre l’homme.
Je dis qu’une révolution aussi radicale que celle de la fin du 18ème siècle s’impose, mais une révolution sans violence physique contre les êtres vivants.
Il s’agit d’abattre des institutions, d’abolir des faits sociaux, de refonder une hiérarchie dictée par le mérite, valeurs incompatibles avec les souffrances infligées à quiconque. La révolution doit être festive, joyeuse, généreuse avec au besoin grève générale insurrectionnelle, blocage de routes et de firmes privées, mais elle se renierait en molestant les hommes du pouvoir.
Ne promettons pas la roche tarpéienne aux gens du CAPITOLE.
La compassion sera à l’ordre du jour pour tous, lorsque le peuple se réveillera.

Gérard CHAROLLOIS

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