Révolution dans nos origines

Le point de vue de notre ami Pierre JOUVENTIN - Ecologue - Docteur en Ethologie - Membre de la Convention Vie et nature sur le livre :

REVOLUTION DANS NOS ORIGINES

Jean-François Dortier (dir .)

Editions Sciences Humaines, 2015 (412 pages, 19€)


 A la fin de l’année dernière est paru un livre qui, comme son titre l’indique, est révolutionnaire pour n’importe quel homme cultivé mais qui est passé inaperçu de la plupart… Vous n’êtes pas sans savoir que notre histoire naturelle est en train d’être réécrite par suite des découvertes qui se succèdent chaque mois en génétique, préhistoire, paléontologie, paléoanthropologie, écologie, éthologie, etc... Rappelons qu’il est maintenant certain qu’à l’époque des artistes de la grotte Chauvet, plus de cinq hommes cohabitaient sur Terre, que chez nos ancêtres, la taille du cerveau a été multipliée par trois, que notre patrimoine contient des gènes de néandertaliens… Or ce gros ouvrage collectif et peu couteux, qui réunit les écrits de 36 spécialistes, fait le bilan des connaissances actuelles dans les domaines de la culture animale, de l’émergence de l’esprit humain, de l’apparition du langage, de l’évolution des techniques, de la naissance de l’art, des premiers mythes et religions, des sources de la morale, de nos modes de vie préhistoriques, de la polygamie et de la domination masculine, de l’évolution du sexe…

Prenons le problème de l’origine de la guerre qui oppose deux préhistoriens bien connus dans notre pays. Jean Guilaine estime que la guerre a toujours existé alors que Maryléne Patou-Mathis considère que, si la violence a toujours existé, la guerre apparait avec le néolithique. Alain Testart défendait l’idée que c’est l’accumulation de biens qui s’est produite lors de la sédentarisation des premiers agriculteurs vers -10.000 ans qui explique les raids, les rivalités territoriales et donc les guerres préhistoriques. Les trois confrontent leur point de vue, ainsi que deux préhistoriens nord-américains. Lawrence H. Keeley avance que les guerres préhistoriques étaient plus meurtrières que les guerres modernes alors que Brian Hayden, spécialiste des sociétés dites ‘transégalitaires’, les considère comme un terme de passage entre les sociétés de chasseurs-cueilleurs dites ‘égalitaires’ et les nôtres . Sur les rivages poissonneux, elles ont probablement constitué les premiers gros villages sédentaires où des chefferies sont apparues. Il prolonge ainsi les interrogations sur la violence en recherchant les origines des inégalités sociales…

Bref, cette science en marche enracine l’homme et lui donne une lisibilité que les sciences humaines réclamaient et qui les relie aux autres sciences.

Pierre Jouventin