Mais que fait la police ?

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Par David JOLY - Vice président de la Convention Vie et Nature


Rappelez-vous : la France fut un temps animée par les débats sur la fameuse loi Dati qui, à l’époque, avait pour but de sanctionner plus lourdement les multirécidivistes.
En août 2014, une modification de cette loi est intervenue afin de, dixit le gouvernement pseudo-socialiste actuel, « punir plus efficacement, en adaptant la peine à chaque délinquant, afin de mieux prévenir la récidive ».
Quelle que soit la version appliquée, l’une comme l’autre s’avèrent totalement inefficaces.
Nous venons d’en avoir une nouvelle preuve, avec la dernière récidive d’une bande organisée.
Cette bande organisée est connue sous le nom de « classe politique ».
Une belle bande de délinquants qui, malgré quatre condamnations au casier judiciaire, et pas par la moindre des juridictions puisque c’est le Conseil d’État qui a à chaque fois prononcé la sentence, s’est livrée à une cinquième exaction de même nature.
En effet, pour la cinquième fois en dix ans, le Conseil d’État a annulé un arrêté ministériel autorisant la chasse aux oies jusqu’au 10 février, ce qui s’avère totalement illégal au regard de la directive « Oiseaux » de l’Union européenne qui autorise la chasse des oiseaux migrateurs jusqu’au 31 janvier.

Cette cinquième condamnation de la clique politique française l’a-t-elle fait réagir ?
Oui, mais pas vraiment dans le sens que la justice était en droit d’attendre. En effet, la petite frappe installée depuis quelques mois au ministère de l’Écologie s’est empressée de recevoir les représentants officiels du monde de la chasse afin de leur promettre monts et merveilles :
- préparation d’un nouvel arrêté qui permettra de chasser les oies début février 2015 (qui sera donc, comme les cinq arrêtés précédents, suspendu quelques jours plus tard, mais le carnage aura pu avoir lieu, c’est bien là l’essentiel) ;
- lutte acharnée contre le projet européen de règlementation des armes qui, ô scandale, génèrerait une traçabilité de celles-ci au sein du monde cynégétique ;
- une farouche opposition à l’interdiction communautaire du plomb dans les munitions (environ 5 000 tonnes de plomb deversées dans la nature chaque année par les chasseurs : une paille !) ;
- attention particulière à la préservation des barbaries traditionnelles : chasse à courre et déterrage ;
- etc.
Qu’est-ce qui a bien pu déclencher cette énième prosternation du monde politique devant le microcosme cynégétique ?
Défense de rigoler : une menace de sanction électorale lors des prochaines cantonales, brandie par la nébuleuse CPNT à la suite de la censure du Conseil d’État.
Comme quoi, on peut sortir de l’ENA et n’avoir aucune capacité d’analyse et de stratégie électorale.
Car pour le coup, même dénué de la plus élémentaire empathie pour la faune sauvage, tout politicien doté d’un minimum d’intelligence aurait fait les deux constats suivants :
- l’électorat cynégétique a une tradition historique de vote à droite, de plus en plus à l’extrême-droite (ce n’est pas pour rien que Marine Le Pen prend désormais la tête des manifestations de chasseurs) et les dizaines de sucettes distribuées par les gouvernements dits de gauche n’ont jamais changé d’un iota cette donne ;
- quand bien même il existerait une possibilité de récupération de voix, les 800 000 à 900 000 chasseurs français (on ne sait plus très bien combien ils sont, plus aucun chiffre officiel fiable n’étant communiqué depuis 2006) ne pèseraient pas bien lourds face aux 87 % de citoyens (soit environ 39 millions d’électeurs, excusez du peu) désireux d’obtenir un statut protecteur de l’animal sauvage (sondage TNS-Sofres), et donc aptes à sanctionner un parti de gouvernement qui légifère pour autoriser la torture et la mise à mort dudit animal.
La raison de ce comportement de vassal de la mort-loisir doit-elle être alors cherchée ailleurs que dans le domaine électoral ?
Au vu des scandales financiers et de corruption qui secouent quasi-quotidiennement la classe politique française depuis plusieurs mois, on est en droit de se poser la question.

 

DJ.