La monarchie se porte bien, merci

Imprimer

 


par David JOLY- Vice-Président de la CVN


Le combat que nous menons pour le respect du Vivant et la reconnaissance de la sensibilité des êtres qui le composent inclut toutes les espèces de ce bas monde, homo sapiens compris.

Et lorsque ce combat sera gagné, notre propre espèce sera un des grands bénéficiaires de cette victoire car, comme le rappelle si souvent notre cher Président de la CVN : « Aussi longtemps que l’homme traitera les animaux comme des choses, il traitera à l’occasion ses semblables comme des bêtes. »

Ce constat, remis en cause par nos adversaires qui estiment savoir faire la part des choses entre tuer un animal et tuer un de leurs semblables, a de nouveau été mis en évidence hier dans le département de l’Aisne.

Dès 9 heures du matin, une cinquantaine de militants venant de divers horizons (collectif de défense de la forêt de Saint Gobain, altermondialistes, membres de diverses associations de protection animale…) ont bloqué l’entrée du chenil installé au sein de la commune de Folembray, chenil accueillant la meute de chiens du Rallye Nomade, une société de chasse à courre picarde.

Ils ont donc condamné l’ouverture du portail à l’aide de chaînes et cadenas et se sont tenus devant l’entrée, sans violence aucune, le but étant d’empêcher la sortie de la meute jusqu’à 16 heures, ce qui aurait entraîné l’annulation de la tuerie du jour.

Si la matinée se déroula sans aucun incident, la perspective de l’annulation échauffa les esprits des veneurs qui, à partir de 12h30, se lancèrent dans une tentative d’intimidation à coups d’invectives et de dégradations matérielles opérées sur appareils photo et véhicules des militants.

 

À 14 heures, les saigneurs des forêts réussirent à faire sortir leur meute via un accès secondaire et reportèrent leur battue sur le secteur de Quincy-Basse.

 

Il était prévu que trois cerfs devaient tomber sous les coups de dague de leurs bourreaux. L’interposition des militants n’a permis à ces derniers de ne faire qu’une seule victime.

Il était alors inconcevable que l’affront de la part de cette piétaille envers la noblesse du 21ème siècle ne soit lavé. C’est ainsi que neuf veneurs ont décidé d’improviser une chasse à l’homme en traquant à travers la forêt l’un des militants qui les avaient suivis sur les lieux de leurs bassesses.

Heureusement pour lui, il réussit à se réfugier au sein d’une ferme qui se trouvait à proximité et, avec l’arrivée d’autres militants et de la gendarmerie, les potentiels auteurs d’homicide du jour durent se résoudre à prendre la fuite.

Y aura-t-il une suite judiciaire à cette chasse à l’homme ? Évidemment non. La presse locale servile a mis en place son travail de désinformation, dans lequel elle peut compter sur des représentants de la force publique qui démentent les faits alors qu’ils ont participé au « sauvetage » du militant désigné parfait substitut du traditionnel cervidé.

Saluons le courage de tous les défenseurs du Vivant qui ont permis de mettre une nouvelle fois en lumière les carences de l’État et l’absence totale de démocratie de ce pays dès lors qu’il s’agit de remettre en cause ce qui, avec la corrida, forme la grande barbarie traditionnelle française.

Une barbarie perpétrée sur des cerfs, chevreuils, renards, au sein de forêts dont la gestion est confiée à des administrations publiques. Une barbarie rejetée en bloc par les citoyens français qui sont 85 % à estimer que la chasse à courre est une activité cruelle et 75 % à vouloir son interdiction au sein de l’Hexagone (sondage Ipsos réalisé en septembre 2010, à l’initiative de One Voice). Une barbarie sur laquelle tous les voisins de la France, sans exception aucune, ont tiré un trait (l’Allemagne en 1952, la Belgique en 1995, l’Écosse en 2002, l’Angleterre et le Pays de Galles en 2004).

Saluons également (cela arrive si rarement) la prise en compte de l’expression citoyenne de la part d’un parlementaire, en l’occurrence Barbara Pompili, députée Europe Écologie – Les Verts, qui le 15 mai 2013 a déposé une proposition de loi afin de faire disparaître cet anachronisme sanglant. Proposition qui a malheureusement toutes les chances de ne même pas être débattue, certains pleutres de son propre camp, camp dit de l’écologie, de la biodiversité, du respect de la nature, refusant de la signer ou, à l’image de Véronique Massonneau, députée de Vienne, faisant machine arrière après avoir consenti leur soutien du fait que « la chasse à courre est une tradition, et plutôt une bonne tradition ».

Permettez-moi, pour conclure, de calquer les propos de Gérard Charollois : « Aussi longtemps que l’État français se soumettra au 0,01 % de citoyens adeptes de la chasse à courre, il traitera, à l’occasion, ses 85 % de citoyens pourvus d’empathie envers les victimes des excités de la dague comme des citoyens de seconde zone que l’on peut priver de leurs droits fondamentaux, droit à l’intégrité physique en tête. »

 

David Joly