Le choix du vivant.

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Des présidents de chambres d’agricultures du Sud de la France indiquent au ministre de l’écologie que les éleveurs de montagne refusent la présence de tous les prédateurs.
En fait, ces éleveurs veulent des parcs nationaux parcs à moutons où des troupeaux sans surveillance détruisent toute végétation, sans prédation naturelle et sans concurrence d’herbivores sauvages.
Le préfet de HAUTE SAVOIE a autorisé une tuerie de centaines de bouquetins au motif que ces animaux pourraient être porteurs de brucellose dont un cas humain se manifesta au printemps dernier.
Partout, systématiquement, au nom du profit, de l’aseptisation, des peurs irrationnelles, l’homme tue.
Il ne tolère ni loup dans les forêts, ni pigeons dans les villes, car « l’animal sauvage est dangereux ! »
Dans le même temps les élus persistent à aménager le territoire en routes et en aéroports, contribuant ainsi à soustraire des espaces à la nature.
Qu’elle est fossilisée cette classe politique qui offre NOTRE DAME DES LANDES à un oligarque bien connu, ami de l’ancien président, roi des parkings et des autoroutes !
Puis, il y a des milliers de micro-NOTRE DAME DES LANDES, sous formes de ronds-points, de zones artisanales, de carrières, de déviations contournantes.
Inspiré par les affairistes, entrepreneurs et exploitants, un groupe de députés, aux ordres des forces d’argent, dépose en cette fin d’année, une proposition de loi constitutionnelle visant à supprimer, de la constitution, le « principe de précaution », frein aux appétits insatiables des prévaricateurs de la finance.
Ce texte ne sera pas adopté, mais illustre un état d’esprit contre nature si présent chez trop d’élus.
Maires, ils font abattre systématiquement les grands arbres urbains en feignant de les remplacer par de jeunes qui n’auront jamais la chance de vieillir.
Ainsi, sans l’avouer, subrepticement, en affirmant le contraire, l’homme (homo-economicus) est l’ennemi de la nature.
Bien sûr, il n’assume pas son crime.
Il tue, aménage, extermine, aseptise, mais c’est pour défendre son troupeau, préserver sa forêt usine à bois, prévenir les accidents, lutter contre la rage, à moins que ce ne soit l’échinoccocose, la brucellose, la grippe aviaire, pour désenclaver, pour un développement « bien évidemment durable ».
Pour la propagande officielle et le prêt-à-penser, seuls des « écolos intégristes », des « extrémistes animalistes farfelus » peuvent s’opposer à de telles mesures, car ils « sont contre tout » et « veulent nous ramener à la lampe à pétrole ».
Ainsi, l’imposture suit le crime et l’injure tient lieu de paravent aux exactions.
Les ennemis de la terre préfèrent salir que lire, dénigrer que réfuter, insulter qu’argumenter.
Cependant, les faits sont ce qu’ils sont.
Par pans successifs, sous mille prétextes, l’homme anéantit le vivant, artificialise son milieu de vie.
Si, dire la vérité, c’est être « intégriste » « extrémiste » ou autres amabilités débiles dont nous affublent les ennemis de la terre, soyons, sans couardise, ceux qui disent les faits.
Par-delà chaque conflit entre l’exploiteur, le tueur, le pollueur et la nature, soyons du côté de la vie.
Le choix n’est jamais entre l’humain et  la biodiversité.
La conciliation est toujours possible, à condition de changer les pratiques et de faire reculer l’obscurantisme.
Pour satisfaire les très légitimes intérêts de l’humain, pour faire reculer la pauvreté, pour promouvoir les valeurs fondamentales de solidarité, d’assistance, pour juguler l’esprit de compétition, poison moral inoculé par les milieux d’argent, pour vaincre la souffrance physique, point n’est besoin de massacrer la bécasse ni  d’offrir à des affairistes prévaricateurs des infrastructures destructrices de biodiversité.
Pour sauver la nature, point n’est besoin de renoncer aux conquêtes scientifiques, au vrai progrès, à un hédonisme altruiste.
Il suffit de faire le choix du vivant, choix qui en éthique, en politique, en philosophie s’appelle le biocentrisme.
A l’inverse des nihilistes, nous affirmons des valeurs positives, concrètes, des valeurs bénéfiques à tout être vivant.

Gérard CHAROLLOIS