Agir contre la chasse.

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Le 29 mai 2013, le président de la république manifesta, à une délégation des chasseurs Français, son soutien absolu, convoquant pour cette séance d’abaissement la ministre de l’écologie et le ministre de l’agriculture.
Manquaient momentanément, les ministres de la justice et de l’éducation nationale mais assurances étaient prodiguées aux chasseurs que ces ministres obéiront, eux aussi, à  leurs exigences quant à la répression de certaines infractions et au maintien du pacte permettant au lobby de pénétrer dans les écoles pour enseigner aux enfants la nature vue par les traîneurs de fusils.
Le président, selon le communiqué du lobby chasse, s’est montré très soucieux d’associer en toute chose le monde de la chasse évoquant, avec la délégation, les loups, les ours et les ortolans, les moratoires sur la chasse de certains oiseaux d’eau, les dates d’ouverture.
Cherchez la différence avec le précédent monarque électif qui obtint, lors de l’élection présidentielle, l’appui du parti politique des chasseurs.
En France, la situation demeure caricaturale :
D’une part, existe un lobby chasse arrogant, acharné à ne rien concéder, effrayé par toute perspective de limitation du loisir de mort; d’autre part, ce pays pâtit de politiciens irresponsables qui sacrifient la faune comme les principes démocratiques pour complaire à ce lobby.
Que l’immense majorité des contemporains se détourne de la chasse et la condamne ne préoccupe que le lobby incité à verrouiller davantage l’Etat pour empêcher les évolutions qu’appelle l’opinion et qu’exigent les circonstances, mais nullement une classe politique impuissante dans l’ordre social et économique, croyant trouver à bon compte l’occasion de satisfaire un groupe de pressions en lui abandonnant les animaux, la nature et les aspirations des autres citoyens qui ont le grand tort d’être inorganisés et donc muets.
Non pas que ce pays manque d’associations de protection des animaux.
Il y en aurait même pléthore mais elles sont émiettées, diluant les bonnes volontés militantes, gaspillant beaucoup d’énergies dans des querelles fratricides et confondant parfois les actions de charité de dames patronnesses et le combat idéologique.
Changer le statut de l’animal, abolir la chasse, la corrida, l’élevage concentrationnaire, les abattages rituels relèvent d’actions militantes et d’une ampleur idéologique encore mal perçue de cette nébuleuse protectionniste.
Nous, opposants à la chasse, sommes la majorité, mais nous ne comptons pour rien dans l’Etat confisqué par un groupe de pressions corporatiste regroupant désormais moins d’un million d’adeptes.
Cela ne peut plus durer.
Lors de la réception élyséenne, le lobby chasse exprima au président complaisant ses inquiétudes devant les velléités de faire évoluer le statut de l’animal sous l’impulsion de l’opinion et devant une future directive de l’Union Européenne relative à la détention des armes à feu.
Malgré des incidents, les chasseurs refusent une réglementation restrictive sur les armes et demandent à la France de défendre leur position à l’échelon européen.
Enfin, le lobby veut être représenté dans tous les groupes de travail officiels traitant « d’environnement ».
Le président de la république n’aurait émis aucune réserve sur toutes ces prétentions à caractère totalitaire.
En fait, le monde de la chasse confisque l’espace, la faune et frappe d’ostracisme tout ce qui lui résiste.
Après dix ans de cadeaux scandaleux offerts par l’ancienne majorité politique, de la suppression du jour sans chasse, à l’autorisation de la chasse de nuit, des lecques de la contraventionnalisation de l’entrave à la chasse, des menaces d’engagement de la responsabilité civile pour dégâts des grands animaux des objecteurs de la chasse, la  braderie de la biodiversité perdure.
Les carnivores sauvages, indispensables aux équilibres naturels, demeurent classés nuisibles selon une approche obscurantiste.
Les « gestionnaires » de la faune veulent tirer le tétras et le lagopède en montagne, tirer les oiseaux d’ eau dans l’obscurité, allonger au maximum les périodes de chasse aux migrateurs, refuser les moratoires sur les espèces sensibles, exterminer les loups.
Une louve a été tuée, le 18 juin, dans les ALPES MARITIMES, pour satisfaire les mentalités arriérées de certains milieux agro-cynégétiques.
Pourquoi combattre la chasse ?
Trois raisons l’exigent dont une seule suffirait à déterminer l’engagement dans cette action salutaire.
1 - Si l’humain exploite, maltraite, tue les animaux, êtres sensibles, dans de trop nombreuses circonstances, il faut relever qu’à la chasse, il le fait volontairement, intentionnellement et à titre de pure récréation, pour s’amuser, se distraire, sans aucune nécessité.
La chasse est la rencontre nauséabonde de la mort d’un être et du petit plaisir malsain d’un individu qui tue, non pour se nourrir, pour se protéger, pour faire de l’argent ou par accident, mais pour jouir de la prérogative de donner la mort.
Il traque, fusille, piège par jeu ce qui abaisse l’humain à un degré de cruauté dégradant. La chasse est une insulte à une approche éthique du vivant.
2 - La chasse est une agression contre la biodiversité, une négation des impératifs écologiques de sauvegarde de la faune.
Bien sûr, on connaît les méfaits des pesticides agricoles, les innombrables morts d’animaux par les trafics routiers et ferroviaires, mais depuis trois siècles, les espèces animales disparues ont toutes été victimes de la prédation directe et intentionnelle par l’homme.
La chasse, par ailleurs, artificialise la faune amenant des déséquilibres criants : disparition des prédateurs naturels et prolifération du cheptel de tirs des chasseurs.
3 - En France, la chasse défie la démocratie, car un lobby occupe l’Etat, dicte ses lois et phantasmes à une classe politique débile.
Tout démocrate doit combattre ce lobby au nom des principes qui régissent une société pluraliste.
Tout ennemi du totalitarisme ne peut que militer contre la chasse à la Française qui vassalise les élus.
Toutes les enquêtes d’opinion concordent : une majorité de Français récuse la chasse, 47% demandant son abolition totale, 75% demandant l’arrêt de la chasse à courre.
Or, ce courant de pensée majoritaire est interdit de représentation dans les organes consultatifs traitant de la nature. Certains protecteurs sont certes admis à siéger dans ces tables rondes et conseils officiels mais à une condition préalable : accepter une soumission au principe de la chasse loisir n’étant autorisé qu’à en déplorer les abus.
Lutter contre la chasse, ici, c’est œuvrer pour le respect de l’animal, de la nature et des droits fondamentaux régissant une société démocratique .
La dictature cynégétique doit être dénoncée pour ce qu’elle est.
A compter de cet automne, dans la stricte légalité, la CONVENTION VIE ET NATURE, passant du verbe à l’action, appelle à une mobilisation militante.
Les opposants à la chasse ne seront plus silencieux.

Gérard  CHAROLLOIS