Le natalisme contre le vivant.

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Toute société souffre de tabous.
Lorsque nous combattons la chasse, la corrida, certaines infrastructures lucratives pour les oligarques, nous exprimons, trop confortablement pour une avant-garde digne de ce nom, l’opinion de la majorité de nos contemporains.
Nous ne faisons pas preuve d’audace conceptuelle et notre parole n’est censurée qu’en raison d’une confiscation de l’Etat et des médias par des féodalités malfaisantes.
En revanche, nous devenons iconoclastes, choquants, violeurs de tabous en affirmant, contre la propagande nataliste, que la croissance démographique est un mal pour la nature et à terme pour l’humain.
Plus les hommes seront nombreux, plus il faudra urbaniser, artificialiser, plus  croîtront les besoins en énergie et moins les autres formes de vies conserveront une place sur la terre.
Quant aux hommes, la qualité de la vie s’altérera, lorsque l’Europe ne sera plus qu’une vaste mégapole sillonnée d’axes de transports, transformant ce que la mode appelle « l’environnement » en un permanent enfer urbain.
La biodiversité aura disparu et ce d’autant que trop d’humains se révèlent intolérants  à toute autre forme de vie.
Observez l’attitude irrationnelle et haineuse de trop de gens envers les deux ou trois espèces parvenant à survivre dans les villes hostiles à la nature.
Nos contemporains aiment les jardins bien rangés, les parcs aseptisés, la belle nature à la télévision ou sur les photos de vacances.
Mais ils ont peur des maladies véhiculées par les pigeons, (pur phantasme), des redoutables sangliers, (phobie grotesque de l’animal sauvage), et de tous ces êtres de la forêt, (menaces imaginaires).
Malgré quelques velléités de bien faire, malgré les colloques scientifiques et les déclarations pontifiantes des dirigeants de la planète, l’homme se comporte encore en ennemi de la terre.
La France se glorifie stupidement de son taux de natalité supérieur à celui de tous ses voisins.
La propagande officielle s’en réjouit sur le thème : « pour payer les retraites de demain ».
En fait, cela pourrait bien être :
Pour surcharger les statistiques de pôle emploi.
Juste avant la dernière guerre mondiale, ce pays s’engagea dans une politique d’accroissement de population avec pour objectif avoué d’augmenter le nombre des poitrines Françaises à opposer aux canons Allemands.
Cette considération fut à l’origine des allocations familiales et du quotient familial.
Alors que le premier enfant d’une famille est celui qui génère le plus de dépenses, l’etat ne lui apporte aucune aide et en revanche incite ouvertement au troisième enfant par une majoration des prestations et en offrant une part entière de quotient fiscal., Les premiers enfants n’ouvrent droit qu’à une demi-part.
Le temps des canons révolu reste une culture anthropocentrique poussant à multiplier  sans fin l’espèce, jusqu’à un terme que les tenants de cette idéologie seraient bien en peine de définir.
Que veulent-ils ?
Une France de cent millions d’habitants, de deux cents millions …. !
Pour eux, croître est une finalité qui se suffit à elle-même.
Les incitations financières ne représentent sans doute pas la cause déterminante de ce taux de natalité trop élevé.
Le problème est culturel.
La prise de conscience écologique tarde à éclairer les esprits ici davantage que dans les autres pays Européens.
Quelle place laisserons-nous aux ours, aux loups, aux oiseaux, aux amphibiens ?
Voilà une question qui n’effleure même pas l’esprit étriqué des natalistes poursuivant leur course folle au toujours plus, leur logique de cellule cancéreuse de la terre.
Le gouvernement « centriste » n’a pas osé remettre en cause la politique contre-nature en substituant une aide à la personne à un financement de la prolifération.
La réforme fiscale annoncée est bien une réforme, dans l’acception perverse que les « libéraux » ont sû donner à ce mot depuis trente ans.
Ces publicitaires du Marché corrompent tout, y compris les mots.
Autrefois, une réforme annonçait plus de droits, plus de protection sociale, un progrès de la justice et de la liberté.
Un Réformateur, homme de progrès, voulait élever la condition humaine.
Désormais, quand vous entendrez le mot réforme, tremblez car cela signifie pour vous une régression.
Donc, le plafonnement du quotient familial n’est qu’une mesurette financière visant à ponctionner des citoyens, nullement oligarques, en se gardant bien de toucher aux incitations au troisième enfant.
Il fallait instaurer une dégressivité des allocations familiales et leur suppression pour un couple percevant plus de dix mille Euros par mois.
J’entends nos détracteurs me reprocher d’être un misanthrope voulant sacrifier l’humain au reste du vivant.
Actuellement, c’est l’humain qui sacrifie le vivant.
Un biocentriste, en condamnant l’anthropocentrisme, fait œuvre de philanthrope.
Car nous voulons des humains heureux, prospères, hédonistes mais réconciliés avec les autres espèces et sachant partager la planète avec elles.
Pour sauver la nature et donc pour sauver l’humain, deux conditions cumulatives doivent être réalisées :
D’une part, l’homme doit aimer le vivant et cesser de l’anéantir.
D’autre part, la population humaine ne doit plus croître au point d’occuper tout l’espace et de dégrader son propre cadre de vie.
En modifiant la composition physico-chimique de l’atmosphère, en colonisant la surface de la planète, en exploitant les ressources au point de les épuiser, en générant des pollutions immenses, l’homme crée une ère nouvelle que les scientifiques appellent « anthropocène ».
Cette situation inédite exige une mutation de responsabilité incompatible avec les vieilles billevesées du « croître et multiplier ».
Disons :
Oui, à l’amélioration constante de la vie, aux vrais progrès, ceux qui font reculer la souffrance, l’angoisse, la mort.
Non, à la croissance sans autre but que le quantitatif et le profit !

Gérard CHAROLLOIS