La débâcle des politiques.

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Depuis des siècles, les valeurs de gauche et celles de droite s’affrontent : parti de la justice contre celui de l’ordre, républicains contre monarchistes, anticléricaux contre religieux intégristes, démocrates contre fascistes, partageux contre maîtres de forges, pacifistes contre militaristes, internationalistes contre impérialistes et l’Histoire continue.
Mais elle continue sans les politiques qui trahissent chaque jour les valeurs qu’ils invoquent pour se faire élire et méconnaissent lorsqu’ils ont obtenu les apparences d’un pouvoir trop lourd pour leur petitesse.
Ce qui caractérise notre époque n’est pas la disparition des valeurs de gauche et des valeurs de droite, mais une dissociation de ces valeurs opposées et de la pratique politique.
J’en donnerai ici des exemples concrets pris dans tous les camps.
Exemple :
La famille traditionnelle et la diabolisation de la sexualité  sont des valeurs de droite. Aussi, la consécration officielle du fait homosexuel par le mariage des gens de même sexe heurta les « sacristies ».
Les leaders politiques de droite instrumentalisèrent  les appréhensions de leurs soutiens sociologiques.
Ces hommes politiques conservateurs remplissent ainsi leurs fonctions idéologiques : travail, famille, patrie.
Mais, si cette droite conservatrice accédait à nouveau au pouvoir, elle se garderait bien de revenir sur la loi qui « offense dieu » ! Les mêmes leaders tâcheraient de faire oublier qu’ils avaient, dans l’opposition,  combattu cette loi comme tant d’autres dans un passé récent.
Autre exemple :
Le leader de la gauche tonnait, durant sa campagne présidentielle, contre son seul adversaire, "la finance".
Il exprimait ainsi une valeur de gauche.
Mais parvenu au pouvoir, ce leader et son parti appliquent les dogmes économiques de leurs adversaires, adoptant les mêmes thérapeutiques avec le magnifique résultat que l’on connaît.
Songeons à leurs soumissions aux intérêts très privés dans le scandaleux projet NOTRE DAME DES LANDES et demain des gaz de schistes dont l’exploitation est réclamée par le patronat en mal de spéculation.
La finance règne toujours.
Autre exemple :
Les députés VERTS EUROPE ECOLOGIE déposent une proposition de loi d’abolition de la chasse à courre.
Ils rendent hommage à l’éthique écologiste et ce conformément à l’acception tant philosophique que populaire de l’écologie.
Mais, une des leurs, Véronique MASSONNEAU, élue de la VIENNE, entend retirer sa signature de la proposition de loi pour ne pas fâcher ses « amis les chasseurs » et annonce qu’elle viendra s’incliner devant sa majesté cynégétique à une fête locale de la chasse, le 8 juin !
Un autre leader d’écologie politique, José BOVE, demandait, l’an passé, la mort des loups et, un autre, Noel MAMERE déclara naguère apprécier la corrida.
Il en résulte que dans tous les camps les professionnels de la politique renient les valeurs qu’ils sont présumés défendre.
L’ancien Président de la république, de droite dure qui préférait le prêtre à l’instituteur, divorça en violation des  dogmes monothéistes qu’il prétendait servir.
L’actuel pouvoir, en France, n’est pas plus socialiste que ne le furent les socialistes Allemands, Grecs, Espagnols, hier majoritaires dans leurs pays et écartés  pour avoir oublié d’être socialistes.
Les écologistes politiques n’osent plus parler de nature et de protection animale, fondements moraux de l’écologie.
Ce ne sont pas les notions de  socialistes, de réactionnaires, d’écologistes qui ont perdu leurs sens mais une classe politique fade, inconsistante, traître aux valeurs qu’elle prétend assumer et qu’elle n’a pas le courage de mettre en pratique.
Un réactionnaire qui divorce, un socialiste qui privatise, un écologiste qui flatte ses « amis les chasseurs » est plus qu’un oxymore, c’est une faillite morale de la politique.
Ces personnages discréditent le fait politique en trahissant des valeurs qu’ils n’allèguent que pour encombrer de leur inutile présence  les palais nationaux.
Leur insignifiance mérite le mépris des citoyens.
Alors, les citoyens se désintéressent de plus en plus de la vie publique laissant le champ libre au Marché et à ses lois.
Pour ce qui nous concerne, nous écologistes, constatons que nous ne sommes pas représentés par l’écologie politique.
Si nous l’étions, les droits de la nature et des animaux ne seraient pas une question marginale, mais une condition préalable de toute participation à une majorité de progrès.
Nous ne déposerions pas une proposition de loi d’abolition de la chasse à courre ou de la corrida pour faire plaisir à notre électorat et rendre l’hommage du vice à la vertu, mais nous ferions d’avancées dans ces domaines un absolu sans lequel il ne saurait y avoir d’alliance politique.
Honte aux députés VERTS qui s’agenouillent devant les bottés de la chasse !
Honneur à Clément MERIC, végétarien, mort à 19 ans, pour la justice, la générosité et des idées qu’ils servaient alors que les minables de la politique se parent de valeurs qu’ils renient pour s’arroger les avantages d’un pouvoir que leur débilité morale leur interdit d’exercer !
L’abaissement des « écologistes politiques » devant les tueurs est indigne et stupide.
Indigne, car l’écologie implique le respect du vivant et la chasse est la banalisation de la mort érigée en pur loisir.
Stupide, car le monde de la chasse se restreint à une  minorité rétrograde.
A propos : combien sont-ils, ces hommes qui sèment la mort ?
Leur grossière propagande clame : un million trois cent mille.
C’est, comme toute leur propagande, un mensonge .
Il y a cinq ans, l’Office national de la chasse et de la faune sauvage qui comptabilise les permis de chasser, annonçait 1228000 permis validés.
Or, un chasseur peut détenir un permis départemental et un permis national.
Il y a cinq ans, ils étaient déjà moins d’un million.
Et aujourd’hui ? Le nombre est ultra-secret. Le lobby ne communique plus sur le nombre de permis validés.
Il veut dissimuler que le loisir de mort ne fait plus recette malgré les efforts de recrutements.
Avec des députés inconsistants et des journalistes peu curieux, cette imposture fait illusion, du moins un temps.
Lors des prochaines élections, amis écologistes honnêtes, retirez leurs  mandats à ceux qui retirent leurs signatures aux propositions de lois d’abolition de la chasse.
Ils pourront se faire élire par leurs « amis les chasseurs ».

Gérard  CHAROLLOIS