Les voix de l’obscurantisme.

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Article 4 de la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen adoptée par l’assemblée nationale le 26 août 1789 :
" La liberté consiste dans le pouvoir de faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ".
Ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a pas d’autres bornes que celles qui assurent la jouissance par les membres de la société des mêmes droits ».
Les forces réactionnaires et conservatrices qui, répondant à l’appel du parti de l’argent roi, manifestent contre le mariage des homosexuels, c’est-à-dire en fait contre l’homosexualité, devraient méditer cet article intégré au préambule de la constitution, posant, par-delà une norme juridique impérative, un principe de philosophie politique élémentaire.
Oui, la liberté consiste à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui.
Précisons que pour nous, biocentristes, autrui englobe outre l’humain, tout être vivant dont nous reconnaissons la sensibilité et le droit imprescriptible à ne pas être maltraité.
L’actualité révèle la persistance dans nos sociétés qui s’imaginent modernes, de courants de pensées archaïques fondées sur des préceptes farfelus et souvent inquiétants.
A ces ringardises opposons d’abord un peu d’humour :
Un progressiste authentique, libertaire cohérent pourrait soutenir qu’il conviendrait de supprimer le mariage pour tous.
Il pourrait railler ces conformistes qui, à l’opposé des poètes et artistes maudits, veulent se couler dans un moule archaïque du mariage.
Mais, pourquoi les homosexuels n’auraient-ils pas la liberté d’être conformistes, comme quelques autres ?
Un commentateur avisé de la sociologie, observerait que bientôt seuls les homosexuels voudront se marier en un temps  où un mariage sur deux aboutit à un divorce et où la majorité des enfants naissent    en dehors du mariage de leurs parents.
Aussi, la polémique grotesque entretenue par les leaders conservateurs sur ce sujet subalterne ne retient mon attention que pour ce qu’elle dit de notre société contemporaine.
Demain d’ailleurs, ces mêmes leaders politiques tenteront de faire oublier leur ringardise, posture purement populiste, comme ils veulent faire oublier leurs oppositions passées contre d’autres réformes de société qu’ils combattirent  initialement.
Ils les adoptent volontiers, quelques années plus tard, lorsqu’elles ne servent plus à agiter leur piétaille captive.
Ce que révèle cet affrontement que l’on voudrait d’avant l’ère des LUMIERES est la persistance d’une obsession, chez certains individus, de la sexualité d’autrui, question qui devrait échapper à toute investigation de la part d’un individu éclairé, au clair avec lui-même.
Y a-t-il plus intime, plus lié à l’exercice de la liberté individuelle que la sexualité ?
Or, toutes les sectes ont fait de cette activité intime un champ d’interdits, de réglementations et prescriptions parfaitement infondées, s’obnubilant même sur ce qui devrait échapper à tout regard public.
Nous vîmes les mêmes forces obscurantistes à l’œuvre en 1884, lors de l’adoption d’une première loi autorisant le divorce, lors des lois autorisant la contraception, puis l’interruption volontaire de grossesse, puis le pacte civil de solidarité.
L’indigence des arguments le dispute au caractère déplacé d’une  controverse contraire à l’adage : « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ».
Ainsi, j’entendis de doctes collègues juristes conservateurs délirer sur le thème : « le mariage vise à fonder une famille, donc à procréer.
Il est vrai, comme l’énonçait un humoriste, que l’avantage des homosexuels est qu’ils ne se reproduisent pas et ne contribuent pas à la bombe démographique qui menace la planète.
Mais, à suivre nos piètres polémistes réactionnaires, si le mariage visait à procréer, il faudrait l’interdire aux femmes ménopausées et à tous les stériles.
La fiction de l’adoption, puis la procréation médicalement assistée dissocient parenté, vérité biologique, et parentalité, vérité purement affective.
La question de l’identité des origines s’est  complexifiée du fait, d’une part, de l’adoption, d’autre part de l’insémination avec tiers donneur. Le droit devra, à l’avenir, distinguer ces deux notions sous peine de créer des enfants biologiquement issus d’une mystérieuse éprouvette de laboratoire.
En distinguant, pour les hétérosexuels comme pour les homosexuels les notions de parenté et de parentalité on réconcilie ces deux vérités : une filiation biologique, avec gamètes des deux sexes, et une parentalité affective dont le sexe des titulaires est indifférent.
L’adoption doit cesser de singer la filiation biologique mais s’assumer pleinement, loyalement aux côtés de la filiation biologique qui doit être accessible à la connaissance de tout individu concerné .
Je ne fais ici qu’effleurer ces problèmes éthiques qui méritent mieux que les slogans des moralistes formatés.
Et pendant que la France se distrait par de telles indigences, les vrais enjeux, ceux du rapport au vivant, sont censurés, escamotés, ignorés par une opinion publique qui décidément  peine à sortir des ténèbres.
Reconnaissons à chacun, dans l’indifférence des esprits sains, la liberté de vivre sa vie sexuelle et sentimentale comme il l’entend et préoccupons-nous des nuisances, cruautés, dévastations, exploitations, perpétrées par des humains bien peu dignes de la si haute opinion qu’ils ont d’eux-mêmes.
Qu’importe les goûts d’autrui pour peu que cela ne soit pas au détriment de quiconque.
Mariés, pas mariés, qu’est-ce que cela fait ?
Laissons-les jouir !
En revanche, les sectes ne s’émeuvent guère du sang qui coule.
Bien au contraire : elles aiment les sacrifices et louent la chasse, les corridas, les égorgements rituels.
Car s’il est mal que des hommes ou des femmes se fassent des petits bonheurs qui irritent les dieux, l’animal qui souffre et qui meurt les confortent dans l’essence supérieure de l’humain.
Chose entendue d’un conservateur : « Le mariage homosexuel serait un changement de société ».
Ah ! s’il pouvait dire vrai !
La sortie de la barbarie : c’est pour quand ?

Gérard CHAROLLOIS
CONVENTION VIE ET NATURE
MOUVEMENT D’ECOLOGIE ETHIQUE ET RADICALE