Climat et énergies renouvelables : les pièges

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La COP 26 offre l’occasion aux dirigeants des divers pays de faire assaut de vertu écologique.
Le premier ministre britannique, membre du parti conservateur, déclare que l’humanité est en péril, et qu’il est minuit moins une minute. Un peu moins lyrique que Jacques CHIRAC, il y a 20 ans avec sa flamboyante formule : « notre maison brûle et nous regardons ailleurs ».
Enfin, la science serait-elle entendue par les chefs d’états et les peuples commenceraient-ils à s’émouvoir et à se poser quelques questions essentielles ?
Oui, l’humain par ses activités lucratives et perverses modifie la composition chimique de l’atmosphère et déstabilise ainsi le climat.
Je ne reviendrai pas ici sur ce que j’ai expliqué, par la physique des gaz, dans une précédente chronique.
Je voudrais dénoncer le gouffre abyssal qui sépare les discours vertueux et les agissements préjudiciables des décideurs.

Ainsi, le bilan du président français, malgré sa parole responsable en matière de préservation de la biodiversité est très négatif. Rappelons : cadeaux et génuflexions devant les 980.000 chasseurs, autorisation du glyphosate et des néonicotinoïdes, absence de mesures concrètes en faveur de la biodiversité, absence de moratoire sur la construction de routes nouvelles, directives insuffisantes encadrant l’appétit des firmes privées dévoreuses d’espaces naturels.
Pire, les « libéraux économiques », adorateurs des firmes, des promoteurs, des aménageurs, des spéculateurs, agents des oligarques se fardent en écologistes, en protecteurs du climat, pour aggraver la grande expulsion de la nature.
Les associations régionales de protection de la nature sont assaillies d’appels de détresse de citoyens confrontés aux implantations, en zones naturelles, d’éoliennes et de « fermes photovoltaïques ».
L’actuelle ministre de l’écologie déclare, en marge de la COP 26, qu’elle veut mille fermes photovoltaïques et le rapport de R T E, avec un mix énergétique, pense qu’il faudra 150.000 hectares de champs de panneaux photovoltaïques pour atteindre l’objectif de 50% d’électricité dite « renouvelable ».
Il faudra aussi 30.000 éoliennes en France.
Or, le gouvernement, toujours dans la vertu du verbe, indique que ces panneaux photovoltaïques devront être implantés (de préférence !), sur des immeubles, des hangars, des parkings, des emprises autoroutières, donc dans des lieux déjà dénaturés et enlaidis, déjà perdus pour la biodiversité.
J’approuverait cette vertueuse intention que démentent les faits.
En Gironde, des milliers d'hectares sont déboisés pour le solaire et en DORDOGNE des projets qui se multiplient plus vite que les champignons, attractions locales, affectent des zones naturelles et nullement des parkings, des zones industrielles, des aires d’autoroutes, en violation des propos anesthésiants des gouvernants.
Ne soyez pas dupes.
Le monde est dirigé par des « tatchériens », secte des adorateurs des firmes, des spéculateurs, des intérêts très privés (surtout privés de scrupules) dont l’unique obsession est le profit.
Il ne faudra pas longtemps pour que derrière l’éolien et le photovoltaÏque s’activent les mêmes ploutocrates, les mêmes actionnaires qui prospéraient derrière le pétrole et le charbon, le gaz et le nucléaire.
Pour eux, qu’importe le flacon pourvu qu’ils obtiennent l’ivresse du profit !
La chasse au gaz carbonique serait une heureuse préoccupation, si elle ne masquait des appétits beaucoup moins avouables.
Exigez, amis écologistes, que le renouvelable ne s’implante que sur des sites abîmés par le « développement économique » et que la loi interdise absolument les emprises sur les forêts, les zones humides, les prairies naturelles, ce qui advient présentement dans les faits.
Il ne manque pas de territoires perdus pour le vivant et les maîtres du système pourraient y trouver de quoi investir.
Mais l’occasion est belle de faire de l’argent sale en affirmant laver plus vert que vert.
Partisans ou contempteurs du « capitalisme » s’accordent pour en reconnaître le caractère plastique, c’est-à-dire sa faculté fondamentale à s’adapter et à tirer parti de tout.
Le réchauffement climatique, la décarbonation de l’économie ouvrent de juteuses perspectives aux entreprises.
La prospection foncière fait rage en ce moment, et, demain, dans votre voisinage, les firmes édifieront de nouvelles lèpres industrielles d’un type nouveau sous couvert d’écologie et au grand détriment de la biodiversité.
Alors j’affirme être très favorable à l’énergie solaire, mais pas au détriment de la nature, pas en accentuant les agressions contre la faune et la flore, les sites et les milieux de vie.
Il y a assez d’espaces artificialisés pour satisfaire les nouveaux conquérants de la fortune photovoltaïque.
Messieurs les entrepreneurs, couvrez les parkings, les centres commerciaux, les abords d’autoroutes de panneaux mais laissez vivre nos forêts vivantes, celles qui ne sont pas des usines à bois ravagés par les cupides, usines à bois plantées de champs d’arbres de rapport, tous identiques, fauchés par coupes rases, pseudo-forêts FNSEA !
Deux défis majeurs sont devant l’humanité :
Le climat, mais aussi la mort de la biodiversité.
La lutte pour le climat ne saurait prétexter l’accentuation de la destruction de la biodiversité.
Homo economicus, touche pas à ma forêt !


Gérard CHAROLLOIS