L’écologie et l’économie de marché

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Le siècle passé vit s’affronter deux systèmes économiques antagonistes productivistes : l’économie administrée d’inspiration marxiste et l’économie dite libérale reposant sur le dogme de la main invisible du marché.
Pour le grand malheur des marxistes, le système administré fut expérimenté non pas dans un pays industrialisé et développé, comme l’envisageait l’auteur du manifeste du parti communiste, mais  dans un état féodal, ruraliste et sous-développé qu’était la Russie de 1917.
L’uchronie est un jeu absurde mais la question peut être posée de ce que qu’eut été le marxisme si la révolution avait triomphé à BERLIN en 1918 ou en Grande-Bretagne.
L’Histoire étant ce qu’elle est, le système soviétique connut un relatif échec économique mais plus encore politique et moral.
Le système économique d’inspiration anglo-saxonne l’a emporté et règne désormais sans partage sur la planète à l’exception d’une variante hybride en Chine alliant la spéculation cupide et la  bureaucratie partisane.
Après la guerre et la défaite des régimes réactionnaires et fascistes, l’Europe occidentale vécut durant une trentaine d’années sous un régime mixte, à la fois libéral et socialiste, avec un fort secteur économique nationalisé et un recours au plan.
En 1973, on assista à une révolution ultra-libérale avec la perte de contrôle du politique sur le pouvoir financier et monétaire et l’émergence d’une religion économique dogmatique.
Il en résulte une pollution généralisée de la planète, une exploitation forcenée des ressources naturelles, une mort de la biodiversité, une fracture sociale entre les gens ordinaires et une  caste de milliardaires, une perturbation climatique, la négation de la démocratie par le pouvoir de l’argent supplantant le pouvoir du suffrage.
Ce que j’énonce ici sont des faits que nul ne conteste plus.
Ceux qui célèbrent le culte du Marché, de l’entreprise privée et du libéralisme économique n’ont rien à opposer à ce constat désastreux et ils se bornent à énoncer : « There is no alternative  ».
Le président MACRON traduit en français l’aveu de Mme THATCHER.
Il crée les conditions pour qu’il n’y ait pas d’autre alternative que le rassemblement national.
Au fond, c’est synonyme.
Les « libéraux économiques » inventent un néo-totalitarisme sournois.
Les « libéraux économiques » ne sont guère des libéraux politiques puisqu’ils tuent la démocratie.
Il faut reconnaître que les résistants, par leurs divisions puériles, aident cette stratégie de l’étouffoir.
L’économie de marché est-elle compatible avec les impératifs écologiques ?
Les faits révèlent leur radicale incompatibilité.
Pourquoi ?
Une entreprise privée, temple de la secte libérale, petite ou gigantesque, ne peut survivre qu’en faisant des profits.
Sans profit, une entreprise meurt.
Or, pour faire du profit, une entreprise doit exploiter les ressources humaines et naturelles.
Toute contrainte sociale ou environnementale représente un boulet attaché aux pieds légers des entrepreneurs.
Une entreprise vit dans l’immédiateté et doit dégager des bénéfices sans différer, sans entrave, car sans bénéfice, elle disparaît.
Pour protéger la nature, pour préserver la santé publique, pour garantir les droits sociaux, la puissance publique doit intervenir et encadrer strictement la cupidité, ce moteur de la loi du Marché.
Sans une rupture avec la révolution libérale, les discours vertueux en faveur du climat, de la biodiversité, du social resteront de pures incantations à destination anesthésiante des opinions publiques.
Les lobbies feront la loi et désigneront les gouvernants en manipulant les peuples.
Faut-il collectiviser l’économie ?
La cupidité étant une tare ontologiquement attachée à l’animal humain, il convient de maintenir un vaste secteur privé, notamment pour stimuler la recherche et les innovations scientifiques et technologiques.
Une « start up » innovante en génie biologique, électronique, informatique obtiendra d’excellents résultats lorsque la perspective du gain stimulera son activité novatrice.
Ne privons pas la société de ce moteur, moralement polluant, mais efficace. Mais encadrons-le pour l’empêcher de nuire.
Ainsi, le secteur bancaire, la monnaie, l’énergie devraient relever du secteur public pour gommer l’absurde notion de dette publique et de contraintes budgétaires.
La santé, l’éducation, la justice, la sécurité, la préservation de la nature n’ont pas de prix car ils sont en dehors du champ du Marché.
Ainsi, en écologie, il convient d’en revenir à une économie mixte, celle d’ailleurs qui donna les meilleurs résultats sociaux lors des trente glorieuses.
Le système soviétique subit des échecs et des impasses.
Le système libéral actuel conduit à de redoutables impasses écologiques, sociales, morales.
A terme, il pourrait rendre la planète impropre à la vie.
Présentement, il détruit la nature, maltraite l’animal, dégrade l’homme et supprime, dans les faits, la démocratie.

Gérard CHAROLLOIS