De la cohérence

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La complexité du monde enfume bien des esprits empêtrés dans des incohérences politiques.
Ainsi, vous rencontrerez des « décroissants » reprenant les accusations des pires lobbies contre les « animalistes » et des « animalistes » oublieux de la compassion due à l’humain.
Avec Louise Michel, avec Rosa Luxembourg, j’en appelle à cet élémentaire cohérence qui élève une société vers un haut degré de sensibilité envers tout être possédant un intérêt légitime à vivre et à ne pas souffrir.
Aux « décroissants », j’oppose un hédonisme altruiste et je propose une distinction entre le vrai progrès qui améliore la vie, progrès désirable, et la croissance spéculative et quantitative des capitalistes qui confondent progrès humain et profit personnel au détriment de l’homme et de la nature.
Je discerne chez certains penseurs de la « décroissance » un sado-masochisme déprimant, une volonté de mortification punitive et de culpabilisation.
Le malheur n’a pas besoin qu’on lui tienne la main. Que l’énergie de l’homme se tourne vers la vie, l’épanouissement, la satisfaction des besoins et des désirs !
Que la politique crée, sinon le bonheur, ce qui n’est pas de son ressort, du moins les conditions du bonheur !
Mais que cette quête légitime s’accompagne d’une extension du domaine de la compassion.
Substituons à la croissance pour la croissance des « traditionalistes », une croissance purement qualitative avec le souci, impérieux devoir moral, de ne pas cancériser la terre et de laisser aux autres espèces leur place à nos côtés.
Bref, des humains pas plus nombreux, mais plus heureux !
Quant à « l’animalisme », il serait, en cohérence philosophique, incompatible avec une misanthropie aigre.
J’entends que des humains nous révulsent par leurs stupides cruauté et cupidité et que nous ne sommes pas de la même espèce que les chasseurs, les amateurs de corrida, tous les tortionnaires.
Mais, qu’est-ce qu’un humain ?
Notre espèce n’est pas condamnée à demeurer nuisible, cruelle, dévastatrice.
Si l’humain peut s’avérer infernal, ennemi de tout ce qui vit, hermétique à la détresse de ses semblables, calamiteux pour la biosphère, nombre d’humains accèdent à un niveau bien supérieur de conscience.
Ces humains enfin humanisés méritent notre compassion d’où l’indissoluble lien éthique entre l’écologie et le social, entre la lutte contre les actes de cruauté envers les animaux, contre les destructions des sites et les combats pour la répartition plus équitable des richesses.
Ces jours-ci en France, l’heure est, à juste titre, à l’union de ceux qui pensent à la fin du mois et ceux qui pensent à la fin du monde, car ce sont les mêmes.
Pour élever le niveau de vie, pour faire reculer les maladies et la mort, militons pour une croissance qualitative et le vrai progrès.
Pour éviter la fin du monde vivant, mettons la vie et non l’argent au centre des valeurs et ouvrons la chasse à la secte dite « libérale » qui alimente une infime poignée de parasites sociaux pollueurs, exploiteurs, attardés dans leur méconnaissance des mécanismes régissant la biosphère et arriérés éthiques oublieux du devoir d’empathie.

Gérard CHAROLLOIS