La chasse : un mal français

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Je rends hommage à Nicolas HULOT qui se sépare enfin du « Macronisme », cette maladie de toutes les régressions.
Lors d’une réunion autour du monarque électif, le ministre de l’écologie découvrit la présence d’un pur lobbyiste, Thierry COSTE, agent de la chasse.
Il n’avait pas été avisé de cette présence qui en dit long sur la soumission  du chef de l'Etat aux injonctions des chasseurs.
Sujet futile, loisir bucolique pour attardés du rural profond, fait de société représentant une survivance folklorique de la France des champs, prédation d’une faune méconnue des urbains bien éloignés de ce passe-temps archaïque hérité d’un monde qui s’en va, telle apparaît la chasse pour nombre de contemporains et pour les essayistes hors-sol.
La problématique échappe à la plupart de ces observateurs parfaitement ignorants des incidences de ce loisir sur la biodiversité et tout autant des menées souterraines d’un invraisemblable lobby qui possède ses entrées, via notamment les milieux de la banque, auprès du chef de l’Etat, ami des veneurs.
Le monarque électif voulait humilier son ministre de l’écologie en imposant une diminution de moitié du coût du permis de chasser (200 Euros au lieu de 400), un assouplissement des mesures de protection des espèces d’oiseaux, en attendant d’autres cadeaux.
La presse débile imagine qu’ainsi le chef de l’Etat flatte les un million deux cent mille chasseurs qui, influençant leurs amis et familles, représentent cinq millions d’électeurs.
Or, les tueurs agréés sont moins d’un million.
Ce qu’ignorent le public et les observateurs peu informés, c’est que la chasse exerce une emprise absolue sur l’appareil d’Etat, en raison de son organisation et de ses relais et nullement en considération du poids démographique de la population cynégétique.
La chasse est ultra-minoritaire, à savoir moins de 2% des habitants de ce pays, moins de un million d’adeptes qui d’ailleurs sont très hétérogènes dans leurs pratiques et leurs implications dans la défense de l’art de tuer.
Que de nuances entre le tireur occasionnel de quelques faisans d’élevage, l’amateur de battues aux sangliers, le grand veneur affublé de ses rituels et habits du Moyen-âge, le forcené du canard sauvage passant ses nuits à massacrer des oiseaux d’eau, le piégeur de grives aux gluaux ou aux lecques, le snipper de pigeons ramiers ?
Certes, le mépris de l’animal, être sensible, la banalisation de l’acte de mort les réunissent dans leur négation du droit pour un être vivant à conserver la vie.
Mais il se trouvera plus d’un chasseur pour déplorer que l’on détruise encore trop de petits oiseaux chanteurs et le modeste tueur de lapins fulminera contre l’arrogance seigneuriale du banquier en grand équipage.
Hétérogène sociologiquement, ce petit monde du loisir de mort sécrète un noyau féodal, haineux, crispé sur ses privilèges qui instrumentalise les structures corporatistes de la chasse pour imposer au pays des pratiques cruelles et nocives pour la préservation de la faune.
Ainsi, bien que très minoritaire selon toutes les enquêtes d’opinion, la chasse contrôle les politiques et leur fait effectuer la danse du ventre devant les porteurs de fusils.
Une ordonnance du maréchal PETAIN du 28 juin 1941, publiée au JO de l’Etat Français du 30 juillet, créa les « sociétés départementales des chasseurs », devenues par arrêté du 15 novembre 1945 les fédérations départementales des chasseurs, système corporatiste impliquant une adhésion et une cotisation obligatoires pour tout chasseur, structure unique dans chaque département, avec au sommet de la pyramide une fédération nationale.
Cette structure et ce financement explique le poids antidémocratique du lobby qui obtient tout des élus persuadés de faire de la démagogie à bon compte en satisfaisant les moindres exigences du lobby, en bafouant les aspirations contraires de l’immense majorité des citoyens.
Même le ministre d’état, Nicolas HULOT, ne pouvait strictement rien entreprendre contre la malfaisance de la chasse à la française.
Comment sauver les alouettes des champs capturées par centaines de milliers, les grives engluées les oiseaux d’eau et les blaireaux ?
Le monarque électif veille à préserver le chasseur et non la biodiversité.
Aucune mesure ne doit entraver le jeu de massacre et ce d’autant que le nombre des chasseurs diminue et que les jeunes ne prennent pas suffisamment la relève, ce qu’avoue le lobby aux abois et qui explique le souci de réduire le coût financier du permis de chasser.
Alors, le lobby lance des fumigènes : « il faut réguler les sangliers », « il faut combattre, hier la rage, aujourd’hui la maladie de lyme ».
L’absurdité de cette propagande échappe aux organes de presse qui relaient complaisamment ces bobards énormes.
La chasse, comme toute activité impliquant l’usage ludique d’une arme à feu, est une école de violence, un apprentissage à l’acte d’ôter la vie.
Se vouloir humain, c’est se vouloir empathique, bienveillant, accessible à toute souffrance d’autrui. Cet autrui peut être de notre espèce ou d’une autre espèce.
Cela me détermine à récuser la chasse, non pas en raison des accidents qu’elle génère et de ses abus, mais de son principe même.
Tuer pour se distraire est une faute morale.
« Tu ne tueras point » figure dans toutes les civilisations.
Cependant, ce principe énoncé, les hommes ont dérogé à cette prohibition au détriment de l’ennemi, de l’étranger, de l’autre par sa race ou son espèce.
Le combat éthique contre la chasse est celui du choix de la vie contre celui de la mort.
Voilà qui va bien au-delà de l’écume des débats suscités par cette activité récréationnelle trop bien gardée.
Il ne faut jamais faire de la souffrance et de la mort d’un être sensible un loisir, un jeu, une banalité.
Pour moi, toute mort est un deuil.
Pas pour le chasseur, le banquier, noms qui résonnent comme des injures.
Le chasseur massacre la faune.
Le banquier exige le sacrifice des citoyens au profit de la finance, des réductions budgétaires perpétuelles.
Nous vivons, ici et maintenant, sous la botte de la chasse et la férule de la finance.
Nous vivons le temps des régressons morales et sociales puisque l’arbre, l’animal et l’homme sont unis dans la belle aventure de la vie.
Que savent de la beauté et de l’unité du vivant ceux qui mènent ce monde à sa perte ?

Gérard CHAROLLOIS