La démocratie version Parti socialiste

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   Par David JOLY - Vice -Président de la CVN


Rappelez-vous : Rodilhan, octobre 2011.  Petit village où devait avoir lieu au sein de ses arènes une novillada, c’est-à-dire la torture de jeunes taureaux par de jeunes apprentis-tueurs, dans le cadre d’un concours baptisé « Graines de toreros ».

 Une soixantaine de militants s’étaient enchaînés au milieu des arènes afin d’empêcher sa tenue. Un déferlement de haine et de violence s’en était alors suivi. Il n’avait pas fallu plus d’une minute aux aficionados présents pour décider de descendre à leur tour des gradins et de se livrer à des agressions verbales, physiques, sexuelles, sur ces militants restés pacifiques jusqu’au bout, même lorsqu’on les molestait, lorsqu’on les traînait par les jambes ou les cheveux, lorsqu’on arrachait leurs vêtements. Tout cela sous l’œil ravi d’élus, tels les maires de Rodilhan et de Nîmes, applaudissant et en redemandant.

            En attendant que le procès de ce lynchage se tienne en fin d’année (70 plaintes concernant 30 agresseurs identifiés ont été déposées), beaucoup de ces militants, à qui il a fallu du temps pour se reconstruire tant physiquement que psychologiquement, faisaient partie hier de l’action baptisée symboliquement Rodilhan 2.

            Elle s’est tenue à Rion-des-Landes, toujours pour empêcher une novillada. 150 militants se sont donc regroupés au centre des arènes et ont tenté de tenir le plus longtemps possible de manière pacifique, sans répondre à la moindre violence ou provocation.

            Une violence qui fut bien présente, impressionnante, dûment appliquée par ses auteurs. Qui cette fois n’étaient plus aficionados mais membres de la gendarmerie nationale. Oui, ce sont bien des représentants des forces de l’ordre de la République française qui se sont livrés à des agressions physiques entraînant de graves blessures pour 8 des militants présents : fractures, ecchymoses,  traumatismes crâniens et même coma pour l’un d’entre eux, hospitalisé.

 

            Lorsqu’une délégation du Crac Europe avait été reçue début 2012 par l’équipe de campagne de François Hollande, pas encore Président de la République à l’époque, on lui avait expliqué qu’il fallait créer des rapports de force dans le sud de la France afin de démontrer que la corrida devenait une source de trouble à l’ordre public et ainsi le besoin de la supprimer.

            Ce rapport de force a été réalisé à plusieurs reprises : à Rodilhan bien sûr, mais aussi à Alès, à Bayonne, à Nîmes, à Mimizan… et à Rion-des-Landes dernièrement.

            Quel est donc la réponse de ce gouvernement revendiqué haut et fort socialiste, démocrate, humaniste, progressiste ? L’autisme et, si besoin est, la répression la plus dure qui soit.

            Avec bien sûr la complaisance des médias qui minimisent les actions abolitionnistes, qui voient des individus violents dans le camp de ceux qui se font molester, qui constatent des arènes combles tout en prenant soin de ne jamais en rapporter le moindre cliché des gradins. Lorsque cette complaisance émane d’un quotidien, tel Sud-Ouest, arrosé de fraîche à longueur d’année par le lobby taurin, nous ne nous étonnons à aucun moment. Lorsque des médias nationaux leur emboîtent le pas, tels France Info ou l'Express qui transforment les violences de gendarmes entraînant traumatisme crânien et coma pour la victime en une chute depuis le toit d’un camion, on s’interroge sérieusement sur l’indépendance des médias vis-à-vis du pouvoir en place et particulièrement de son représentant au ministère de l’Intérieur, Manuel Valls, qui applique les mêmes recettes que son modèle inavouable, Nicolas Sarkozy : passion de la corrida, stigmatisation des Roms et ratissage électoral très large, y compris sur les terres du Front national.

            Non, la démocratie n’est pas en panne pour ce qui est de la tauromachie : elle gît à terre, elle agonise, souillée par tous ces politiciens qui s’en servent de paillasson.

DJ.