Défendre la chasse ou l'abolir ?

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Texte co-signé par Gérard  Charollois, Armand Farrachi, David Chauvet.

    
La chasse, chacun le sait, consiste à traquer et à tuer pour le plaisir des animaux sensibles. Ce cruel loisir n’est pratiqué que par une infime minorité de Français : moins de  neuf cent mille personnes, soit à peine 1,5% de la population. La chasse, deuxième cause de disparition des espèces, cause d’insécurité dans les campagnes, suscite la réprobation d’une écrasante majorité de nos contemporains. Ainsi, 84% des Français souhaitent l’abolition de la chasse à courre, pratiquée par 0,001% des Français, défendue à cor et à cri par notre monarque et par ses courtisans.
En juin 1941, Pétain a constitué par décret les « sociétés départementales des chasseurs », lobby toujours actif dans notre pseudo république, qui tient fermement « la classe politique ». Par décret du 3 juin 2010, un gouvernement conservateur avait créé, en pure perte, une contravention « d’entrave à la chasse » pour criminaliser et punir les militants de la protection de la nature et des animaux qui manifestaient contre la vénerie. Aucun sport, aucune activité ludique au monde ne bénéficie d’une telle protection.
Un sénateur propose aujourd’hui d’ériger « l’entrave à l’acte de chasse » en délit correctionnel punissable d’un an de prison et de trente mille euros d’amende. Après la contravention, le délit. Et pourquoi pas le crime et la perpétuité ? L’arrogance du groupe de pression, qui confine au grotesque, ne pourra qu’inciter les amis du vivant, les démocrates, les défenseurs des droits fondamentaux, adversaires de menées féodales et des égoïsmes particuliers, à se mobiliser davantage contre les dérives autoritaires de la chasse à la Française.
Nos représentants prétendus, ayant perdu tout contact avec le peuple, qui ne représentent plus que les lobbies, doivent apprendre qu’il n’est plus question de défendre la chasse mais au contraire de l’abolir. Et pourquoi pas par réferendum ?

Voici, ci-après l'article du MONDE  qui résume clairement les composantes du nouveau "cadeau" que le  Sénat souhaite offrir au monde de la chasse.
Ces dispositions si elles ne sont pas rejetées par le parlement en commission mixte paritaire, constituent une reculade et une nouvelle agression contre la faune sauvage mais aussi la démocratie.
Finissons-en avec la soumission des élus conservateurs et réactionnaires au le loisir de mort !
 


 

Le projet de loi créant l’Office français de la biodiversité a été profondément remanié sous l’influence du monde cynégétique, qui a obtenu l’ajout de la chasse à son intitulé.

Les chasseurs, on le sait, ont l’oreille des sénateurs, qui se veulent les défenseurs de la ruralité. Une nouvelle preuve a été donnée, mercredi 10 et jeudi 11 avril, lors de l’examen du projet de loi visant à créer, au 1er janvier 2020, l’Office français de la biodiversité (OFB) : un établissement public unique de gestion et de protection de la nature, fusionnant les missions actuelles de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage et de l’Agence française pour la biodiversité.

Le 24 janvier, en première lecture, les députés avaient adopté ce texte à la quasi-unanimité. Il s’agissait, s’était alors félicité le ministre de la transition écologique et solidaire, François de Rugy, de donner naissance à « un grand opérateur de la biodiversité » pour « améliorer, partout dans nos territoires, la préservation des espèces et des milieux naturels ».

Or, au Sénat, le projet de loi a été profondément remanié, à l’avantage des chasseurs. On a entendu des élus défendre bec et ongles le monde cynégétique, se livrer à un vibrant plaidoyer en faveur d’une activité « populaire », ou encore se lever pour « la liberté de chasser ». Le texte a été adopté par 235 voix pour et 94 abstentions, celles-ci étant enregistrées principalement au sein du Groupe socialiste et républicain et du Groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste.

Le projet entérine l’extension de la saison de chasse des oies sauvages, qui fait pourtant l’objet d’une plainte contre la France.

La décision la plus symbolique est le changement de dénomination de l’OFB, rebaptisé « Office français de la biodiversité et de la chasse ». Cela, contre l’avis d’Emmanuelle Wargon, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la transition écologique et solidaire, qui a vainement fait valoir que la chasse faisant « partie intégrante de la biodiversité », une appellation « inclusive » était préférable. Pour enfoncer le clou, les sénateurs ont ajouté aux missions du nouvel établissement la « contribution à l’exercice de la chasse et de la pêche en eau douce durables ».

Ce n’est pas tout. La période de tir aux oiseaux migrateurs pourra être prolongée par dérogation au-delà de la période légale, à condition que soit assuré le « maintien dans un bon état de conservation des populations migratrices concernées ». Ce qui entérine, par exemple, l’extension de la saison de chasse des oies sauvages, qui fait pourtant l’objet d’une plainte déposée par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) contre la France, auprès de la Commission européenne.

Les modes de chasse traditionnels considérés « patrimoine national »

Pour faire bonne mesure, les modes de chasse dits traditionnels, tels que le piégeage des grives à la glu ou la capture d’oiseaux à l’aide de filets ou de collets, sont considérés comme faisant partie du « patrimoine cynégétique national ». A ce titre, ils sont « reconnus et protégés ». En outre, les fédérations de chasseurs pourront gérer elles-mêmes les réserves nationales de chasse et de faune sauvage, dont la vocation première est de protéger les espèces menacées et leurs habitats.

Quant aux citoyens qui s’aviseraient d’« empêcher, entraver ou gêner l’acte de chasse ou le déroulement d’une action de chasse en cours », ils seront à l’avenir passible d’un an d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.

En retour, toutefois, les sénateurs ont voulu « renforcer la sécurité à la chasse », en élargissant les possibilités de retrait du permis en cas d’« incident matériel grave ayant pu mettre en danger la vie d’autrui ».

« Cadeaux scandaleux faits au monde de la chasse »

Le directeur général de la LPO, Yves Vérilhac, s’indigne de « cadeaux scandaleux faits au monde de la chasse ». Il s’indigne aussi de l’engagement de l’Etat, dans le projet de loi, à verser aux fédérations de chasseurs au moins dix euros par an et par permis de chasse, en complément des cinq euros qui seront acquittés par chaque chasseur, au profit d’un fonds consacré à la protection de la biodiversité. Ce qui revient en réalité, à ses yeux, à « faire payer chaque Français pour la chasse ».

Des « cadeaux » qui s’ajoutent à celui déjà fait l’an passé par Emmanuel Macron aux porteurs de fusil – la division par deux, de 400 à 200 euros, du prix du permis national –, en contrepartie de leur ralliement à l’Office français de la biodiversité.

La partie n’est toutefois pas terminée. Présenté en procédure accélérée, avec une seule lecture par chambre parlementaire, le projet de loi doit maintenant être examiné par une commission mixte paritaire de députés et de sénateurs. Si celle-ci ne parvient pas à trouver de compromis, le texte reviendra en lecture finale à l’Assemblée nationale, qui aura le dernier mot. Reste à savoir si, à la veille des élections européennes, la biodiversité l’emportera sur la chasse au sein de la majorité gouvernementale.