Je mange, donc je suis ...

Chers amis,

Descartes niait la sensibilité des animaux pour réserver à l’humain le privilège de l’incarnation divine. Son disciple imbécile, Malebranche, donnait en public des coups de pied à sa chienne pour démontrer qu’elle n’en souffrait pas ! Cela se passait il y a plus de trois cents ans… Mais notre société a-t-elle évolué depuis ? Hélas, j’ai bien peur que non. L’humain, plus dominateur que jamais, continue de martyriser les autres espèces pour son plaisir ou par pure indifférence dans le cadre d’une prétendue nécessité économique.

 Pour son plaisir ? Cela m’a toujours profondément indigné. C’est la raison pour laquelle je considère que la chasse et la corrida sont deux fléaux symboliques qu’il faut à tout prix éradiquer de la surface de la Terre.

 Quant à la production de viande, qu’il s’agisse d’animaux terrestres ou aquatiques, l’argument de la nécessité économique me paraît indigne pour justifier la maltraitance que nous leur faisons subir ! Certes, les sociétés primitives ont chassé et pêché pour se nourrir. Les Indiens tuaient des bisons et aujourd’hui encore les Inuits tuent des phoques ou des ours par besoin. Cette chasse primitive et cette consommation ancestrale de graisse animale et de viande ne m’apparaissent pas scandaleuses parce qu’elles étaient dictées par la survie et que, au demeurant, ces sociétés avaient la sagesse de ne prélever que ce dont elles avaient besoin.

 Mais qu’en est-il aujourd’hui de l’homme occidental ? Comment justifier les conditions épouvantables que nous réservons aux animaux d’élevage ? Que dire de la destruction massive des poissons dont nous vidons les océans, de leur longue agonie muette par asphyxie ? Que dire de l’élevage des poules en batterie, des porcs sous stalles de métal, du transport international d’animaux vivants, des centres d’engraissement ou de l’abattage tel qu’il a récemment été dévoilé par l’association L214 ? Les sentiments qui nous assaillent sont l’écœurement, la désespérance, la révolte, la colère, l’indignation… Et ces mots sont bien peu de chose en comparaison des horreurs subies quotidiennement. La plupart des bébés veaux arrachés à leurs mères quelques heures après leur naissance passent les deux premières années de leur triste vie en usines, immobilisés, gavés d'aliments carencés en fer pour obtenir cette chair blanche, anémiée mais prisée par le consommateur... Pour être ensuite transportés et abattus dans les conditions que l’on sait. La vie de milliards d’animaux d’élevage est insupportable et nous portons en nous, douloureusement, la responsabilité de cette « insupportabilité ». Nous sommes responsables parce que nous sommes acheteurs. C’est notre porte-monnaie qui finance cette horreur ; nous payons et nous mangeons …

 La tuerie est devenue telle que nous ne pouvons pas ne pas nous interroger sur les conséquences de nos habitudes alimentaires. En fait, la réalité que je viens de décrire nous laisse peu de choix : nous ne pouvons que rejeter en bloc et sans concession l’univers carcéral et la torture quotidienne que subissent des milliards d’êtres vivants à seule fin de nourrir l’humanité. Nous ne pouvons qu’espérer de toutes nos forces l’avènement d’une société qui n’ait plus besoin de tuer pour manger. Je retourne à son auteur la métaphore cartésienne : « Je mange donc je suis » car, effectivement, nous sommes ce que nous mangeons.

 Pour autant, loin de lancer des injonctions ou de brandir des anathèmes, je renvoie chacun de nous à sa conscience. À titre personnel, je ne mange plus ce que je mangeais il y a dix ans, ou même il y a cinq ans… Je compte donc sur les consciences individuelles pour que chacun, à son rythme, selon le temps ou les moyens dont il dispose, selon la raison aussi, évolue vers l’éthique alimentaire qui correspond à sa sensibilité. Je n’en dirai pas plus.

 Hélas, je sais par avance, que ce principe une fois posé, certains ne s’en contenteront pas. Ceux-là chercheront toujours plus loin de nouvelles exigences, de nouveaux clivages, de nouvelles polémiques. Ceux-là essaieront de démolir notre mouvement par des injonctions d’ordre privé, par des « concours d’irréprochabilité », par des investigations intrusives dans la vie privée des gens...

 Ceux-là, je ne les suivrai pas car mon combat associatif et politique n’a de cesse de nous rassembler en face de nos seuls vrais et redoutables ennemis que sont les lobbies de la chasse, de la corrida, de la pêche, de l’élevage et de l’alimentation industrielle.

 Rejoignez-nous !

 Gérard Charollois et le bureau politique de FPLV

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