Notre Convention Vie et Nature.

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Les repères temporels offrent l’occasion de s’interroger sur nos fondamentaux personnels et collectifs.

Bilans et résolutions s’imposent.

La Convention Vie et Nature répond, depuis le printemps 2002, à cette constatation :

Malgré l’ardeur, la compétence, l’abnégation des militants associatifs, la cause du vivant régresse en ce pays, en raison, d’une part, du poids des lobbies de l’arriération, d’autre part, de la médiocrité du personnel politique qui confond le peuple avec ces lobbies contre nature.

L’action associative qui obtint en 1971 la création d’un ministère de l’environnement et en 1976 le vote d’une importante loi progressiste en faveur de la nature, échouait à faire avancer les mœurs et les manières à l’égard du vivant.

Depuis 1986, les associations exerçaient, notamment contre la chasse à la Française, des recours juridictionnels portant sur les dates d’ouverture et sur les classifications en « nuisibles » de diverses espèces.

Ces recours, menés pendant plus de quinze ans, l’administration, soumise aux pressions des « gestionnaires de la faune », réitérant année après année les mêmes illégalités censurées par le juge, aboutissaient à un résultat mince :

Naguère, la chasse des oiseaux d’eau ouvrait à la mi-juillet pour s’achever fin février.

Désormais, la chasse débute en août et peine à fermer fin janvier, les « gestionnaires de la faune » exigeant de tirer les oies en février nonobstant cinq arrêts successifs contraires du Conseil d’Etat.

Les renards, les loups sont encore massacrés en ce pays.

La vérité est que les gouvernants méprisent les écologistes et ne considèrent le monde associatif protectionniste de la nature qu’à titre de caution morale.


En 2002, nous comprîmes les limites de l’action purement associative.

Par ailleurs, tout se tient et l’émergence d’une société nouvelle dépasse largement l’abolition d’une aberration.

A ceux qui estiment subalterne de lutter contre les actes de cruauté et de violence envers les animaux, nous devons faire remarquer qu’il s’agit-là d’une idiosyncrasie, c’est-à-dire d’une subjectivité, d’une manière de réagir face à tout vivant.


Le débat est éthique, politique, dans l’acception la plus noble de ce terme.

Il ne s’agit pas d’obtenir une réformette technique, qui d’ailleurs ne vient pas, mais de changer le rapport à l’arbre, l’animal et l’homme.

Par-delà la protection de telle ou telle espèce, de tel ou tel milieu de vie, il s’agit de penser une société fondée sur la réfutation de la violence et de l’exploitation des êtres vivants reconnus dans leur sensibilité et dans l’équivalence de leurs intérêts à vivre.

En cela, nous condamnons la chasse, la corrida, l’élevage concentrationnaire, les abattages obscurantistes, la prévarication des aménageurs qui, pour faire de l’argent, saccagent la nature, comme nous condamnons l’esprit de lucre d’une société non pas hédoniste, (ce qui serait une vertu), mais gaspilleuse et puérile, quand elle n’est pas cruelle.

Nous savons que pour obtenir des avancées, il faudra changer le personnel politique, car les gouvernants d’hier et d’aujourd’hui émargent au productivisme, à l’anthropocentrisme irrationnel.

Alors, mouvement politique, notre CVN ?

Plus encore : nous sommes supra-politiques, les partis politiques n’étant pour l’heure que des fusées porteuses d’ambitions personnelles, des coquilles idéologiques creuses.

D’ailleurs, sur tout sujet fondamental, les clivages traversent les partis politiques actuels, ce qui révèlent leur manque de cohérence intellectuelle.

Notre particularité tient à ce socle essentiel : le vivant d’abord !


La maîtrise scientifique suscite à la fois des espoirs béats et des peurs farfelues.

Les connaissances étendues, l’apparition du village planétaire, les défis écologiques, l’exacerbation de la compétition entre les individus et entre les peuples, la surpopulation masquée, le conflit entre un individualisme forcené et un néo-totalitarisme économique créent des tensions inédites pour l’humain.

Les vieilles idéologies, nées dans un autre monde, sont impuissantes à relever ces défis.

Un monde nouveau se lève.

Il nous appartient de le rendre meilleur, car rien n’est joué.


Gérard CHAROLLOIS