Corrida et chasse : le sadisme ordinaire.

Rechercher son plaisir avec celui d’autrui : voilà toute morale.
Mais rechercher son plaisir dans la souffrance et le mépris d’autrui : voilà une perversion.
Cette jouissance tiré du spectacle du mal infligé à autrui a été illustré par l’inquiétante production littéraire du marquis de SADE qui ne se contenta pas de narrer de bien répugnantes scènes, bien peu érotiques et purement cruelles et perverses, mais qui, passant à l’acte, commit des viols et des assassinats.
Certains « intellectuels » édifièrent une légende autour de ce sulfureux personnage de la fin du siècle des LUMIERES, personnage qui en manqua singulièrement.
La lecture de son livre « La philosophie dans le boudoir » est édifiante et m’a retiré toute sympathie pour cet écrivain bien peu révolutionnaire mais proprement affecté d’une personnalité pathologique.
Mais si le criminel que fut ce démoniaque marquis rencontra l’estime de quelques zélateurs, c’est qu’il dépeint, non sans talent, le côté sombre de l’humain, le côté thanatophile qui trouve à s’exprimer lors des conflits armés où la cruauté insondable se donne libre cours sur l’ennemi, sur la race inférieure, sur l’otage captif, sur des populations entières, sur de pauvres individus torturés avec luxe et raffinements.
L’humain peut être bon, généreux, altruiste.
Mais il advient aussi qu’il  s’abaisse bien au-dessous des autres animaux en perdant tout sens de la compassion, toute conscience de ses devoirs fondamentaux envers autrui.
Lorsque la guerre, le gardiennage d’un camp d’extermination, les affrontements entre religions ou nations sont congédiés et que cette absence  le prive de son lot de sang et de souffrance, il lui reste la cruauté à l’encontre des animaux, substituts de victimes expiatoires.
Sans ce sang et cette souffrance, le spectacle, le jeu, le loisir ne seraient pas si beaux.
L’amateur de corrida et de chasse jouit de la souffrance qu’il voit infliger ou de celle qu’il inflige lui-même, ce qui définit le sadisme.
La chose est évidente et pour refouler le malaise que génère cette simple constatation, il faut à l’homme thanatophile des paravents, des fumigènes, du verbiage cultureux dont l’inconsistance révèle le caractère névrotique du symptôme.
Que lisez-vous sous la plume des addictifs au spectacle de mort ?
« Le taureau, superbe et glorieux, animal de combat, né pour la lutte, préfère mourir dans l’arène. Ce combat est celui de l’homme, être de culture, contre le sauvage, la nature et marque le triomphe humain tant sur la bête que sur la mort ».
Tout n’est qu’imposture dans cette phraséologie pathétique.
Un taureau n’est qu’un herbivore qui, à l’état sauvage, n’agresserait que pour éloigner une  menace.
Il ne charge que pour sauvegarder son troupeau de femelles. Ne consommant pas de proie, il vise à protéger et à défendre et nullement à attaquer, n’ayant aucun intérêt biologique à le faire.
D’autres herbivores de grandes tailles, tels qu’éléphants ou rhinocéros adoptent le même comportement consistant à éloigner les dangers du troupeau sans chercher querelle à quiconque, la nature ne leur procurant aucun avantage à capturer et détruire.
Cet herbivore, dans l’arène, est soumis à des tourments inouïs, à des perforations, des mutilations dont la cruauté dépasse tout entendement et qui fait le sel de ce spectacle.
Il n’y a pas «combat» mais mise en scène macabre dont l’issue est réglée d’avance.
C’est un pur combat d’opérette, une fiction qui ne se joue qu’au détriment d’un être sensible torturé jusqu’à la mort.
Nul courage, nulle gloire dans cette fiction minable dont le seul intérêt consiste à savourer une agonie.
Le fait que des milliers d’humains goûtent un tel spectacle prouve la persistance d’un instinct de mort qui n’honore guère notre espèce et dont elle fut si souvent elle-même victime.
Car, bien sûr, ce sont des bêtes que l’on sacrifie, pas des hommes, mais lorsque les hommes deviennent des sous-hommes, des « chiens », des « rats », comme l’éructent tous les combattants de toutes les guerres parlant de leurs ennemis, cet ennemi devient le taureau que l’on supplicie.
Assez de fumées, de logorrhée pompeuse : la corrida n’est qu’une séance de tortures en public pour satisfaire le goût du sang et de la mort.
Les faits sont ce qu’ils sont et les mots ne pansent ni les plaies des victimes,  ni la nausée de ceux qu’habite une conscience.
La chasse est la mort loisir et là aussi celui qui trompe l’ennui de ses dimanches en traquant, blessant et tuant des êtres sensibles farde les faits :
Il gère, régule, prévient les proliférations de sangliers, protège les récoltes, contient les prédateurs.
Il ne faudrait pas pousser bien loin le petit propagandiste du lobby chasse pourqu’il affirme que le chasseur sacrifie son dimanche pour remplir une mission de service public, agissant au mépris de son temps de détente, pour accomplir une mission moralement imposée.
Allons, disons-le plus simplement :
Le chasseur aime tuer et fait de cette activité singulière son passe temps.
Le reste n’est que le paravent des impostures, de grossiers prétextes qu’un examen objectif déconstruit.
C’est qu’il n’est pas très moral d’aimer tuer et que cela ne s’avoue pas aisément.
Alors, les pseudo-proliférations, les maladies de la faune, les peurs entretenues masquent l’instinct de mort.
Là aussi le conformiste dira : « ce ne sont que des bêtes », pusqu’en temps de paix, la chasse à l’homme est fermée.
Mais, il ne faudrait pas grand chose pour une réouverture autrement excitante que le tir du lapin et du cochonglier, du faisan d’élevage et de la bécasse.
Humains, par votre cupidité qui détruit la planète, par votre sadisme qui font de ce monde un enfer, que vous êtes laids !

Gérard CHAROLLOIS


Ajouter un Commentaire


--
--
---/---
.../...

 

 

 

--
---

---/---

---/---

 

--
--

---/---

---/---