« Ils sont contre tout ».

Relatant une manifestation d’écologistes, devant la préfecture de PERIGUEUX, le 9 avril dernier, le quotidien local, SUD-OUEST, stigmatisait « l’extrémisme » des discours et le fait que ces militants étaient « contre tout ».
Un tel propos mérite d’être relevé en ce qu’il traduit l’indigence du conformisme bêlant  qui débite l’imposture que voici :
« Il faut protéger la nature et conserver pour l’avenir des espèces sauvages de plantes et d’animaux. Mais, il nous faut de la croissance, du désenclavement, du développement créateur d’emplois et ici, implantons une nouvelle route, un petit rond-point, un centre commercial, une zone artisanale, un parc d’attractions pièges à touristes, une centrale d’éoliennes, une usine à poulets, une carrière. Allons, il ne faut pas être contre tout et la nature sera mieux protégée ailleurs. Notre petit canton, n’est pas une réserve d’indiens ».
Voilà le discours débile et menteur de trop d’élus locaux, des chambres de commerce et d’industrie et des petits copistes qui relaient ce conditionnement.
A force de devoir aller  se faire protéger ailleurs, la nature se meurt et nous savons parfaitement que la logique de la croissance infinie est l’anéantissement absolu de la biodiversité.
Sans le « bourrage de crâne » de trop de  médias, tout contemporain constaterait qu’après 70 ans de paix en Occident et de croissance continue, l’heure est aux régressions sociales, à la remise en cause des acquis, à la flexibilité sacrificielle, à l’effort que la propagande libérale appelle « réforme », faits révélant que le Marché échoue, aussi lamentablement qu’échoua le système soviétique.
Malgré d’immenses progrès techniques, malgré des gains de productivité sans précédent dans l’histoire de l’humanité, le système débouche sur une crise sociale, morale et écologique cruelle.
Un petit rond-point, une route nouvelle, un parc d’attractions, une centrale éolienne, une usine à viande, un centre commercial de plus ne régleront rien pour les hommes, mais représentent  des agressions contre la nature.
70 ans de croissance aboutissent à une précarisation de la population et à l’annonce de plans d’austérité que suivront beaucoup d’autres.
Alors, je réponds aux petits propagandistes du système naufrageur, que nous sommes « pour » et non « contre ».
Pour une mutation de la société faisant prévaloir la redistribution sur la croissance, le qualitatif sur le quantitatif, l’hédonisme altruiste et intelligent sur le panurgisme consumériste.
Pour une nature vivante, diversifiée, généreuse et enfin protégée autrement que par des mots creux et des discours trompeurs.
Pour le respect des animaux, êtres sensibles, épargnés des actes de maltraitances et de cruauté que sont la stupide chasse, la corrida, l’élevage concentrationnaire.
Pour des hommes habitant une terre viable, saine, agréable et non un enfer pollué, artificialisé, conçu pour le profit et non pour la vie.
Pour une presse indépendante des lobbies, élevant le débat, s’adressant à l’intelligence et suscitant la réflexion des citoyens, une presse  cessant de n’être que le bulletin paroissial des groupements de la mort et de la destruction, une presse libre de critiquer radicalement nos positions mais suffisamment honnête pour ne pas passer sous silence les grands débats essentiels du rapport au vivant.
Pour une classe politique parlant vrai, cessant de tricher sans cesse avec les principes qu’elle énonce et que démentent les actes qu’elle accomplit.
Pour l’être avant l’avoir, car l’important réside dans la vie et le temps qui nous reste.
Les « contre tout » sont ceux qui mènent ce monde à sa perte.
Mais ça, vous ne le lirez pas dans le quotidien régional !

Gérard CHAROLLOIS


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