Pour une croissance purement qualitative.

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Pendant que les politiciens inconsistants invoquent la Croissance, panacée de tous les maux, des esprits novateurs, défricheurs d’idées, revendiquent la Décroissance.
Aucun arbre ne monte jamais jusqu’au ciel et il est naïf ou malhonnête d’endormir les peuples enfants, les peuples consommateurs, avec le mythe d’une croissance infinie dans un monde fini.
La croissance, dans son acception capitaliste, est non seulement une impasse mais une faute contre l’humain et contre la nature.
Le culte de la Croissance avilit l’humain par la quête insatiable de la possession et détruit la biosphère.
Croissance démographique, de la production, des échanges, des transports, de l’artificialisation de l’espace confinent aux fléaux planétaires.
Mais, personnellement, je trouve  le concept de Décroissance triste, ascétique, masochiste, sentant sa flagellation, son refus d’amélioration de la condition de vie qui ne se réduit pas au « niveau de vie ».
C’est la raison pour laquelle je préfère lui substituer la notion hédoniste de « croissance qualitative », totalement étrangère à la masse de marchandises produites et radicalement contraire aux options des spéculateurs qui exploitent .
L’exploitation, terme hideux, fondement de la société actuelle, devrait faire honte à l’exploiteur, fut-il un exploitant.
Dans ce qu’il a de pervers, le système économique pollue jusqu’aux mots et vous voyez des lobbies osant se déclarer « exploitants » sans mesurer ce que signifie toute exploitation.
La croissance qualitative permet de réconcilier deux principes fondamentaux :
Le principe de plaisir qui habite tout être vivant et mérite d’être cultivé et le principe de réalité, impératif éthique et de responsabilité envers autrui.
Le refus de la croissance capitaliste n’implique nullement la renonciation au bien-être, à l’aisance, à la satisfaction des besoins générés par les  instincts naturels lorsqu’ils sont biophiliques.
Ce refus implique  le rejet d’un conditionnement abrutissant transformant un humain en consommateur captif du Marché, tenu d’absorber des produits dont il n’a aucun besoin, de se livrer à des loisirs débiles et calamiteux, d’effectuer des voyages dont l’unique intérêt est de déférer à une injonction de consommation de tourisme grégaire.
Il faut libérer l’homme de ce conditionnement mercantile sans le condamner à une austérité grise, à un refus des jouissances naturelles, celles qui ne sont pas nécessairement lucratives  obsession des « exploitants  exploiteurs ».
La croissance qualitative appelle une biophilie, c’est-à-dire l’amour de la vie et du vivant.
La société de la croissance quantitative génère l’instinct de mort, de destruction, de réification des êtres pour servir l’appareil économique spéculatif.
La mutation en cours, qualifiée de  « crise » permettra peut-être de repenser le travail au même titre qu’il faudra repenser la sexualité, la famille, le rapport à autrui et à la biosphère, la relation à l’animal et à la nature.
Pour l’heure, tout à ses gadgets, ses hochets, ses jeux stupides, ses drogues variées, le troupeau écoute encore les injonctions des tenants de la croissance quantitative.
Toutefois, il commence à douter, s’inquiète des échecs, cherche dans l’individualisme recroquevillé une assurance contre cette angoisse qui monte.
Bien peu osent lui dire :
Vous ne vivez pas une crise mais la fin d’un système à partir duquel les générations futures devront inventer une société aussi différente de la nôtre que le fut la France d’après 1789 de celle de LOUIS XIV.

Gérard CHAROLLOIS