Le « présentisme »

Le peuple français bouge encore, malgré le « there is no alternative », malgré la sortie de l’Histoire, malgré l’absence de solution de rechange et les injonctions à se résigner aux injustices et nuisances d’un système totalitaire qui échoue, malgré l’arrogance des économistes qui présentent leurs dogmes comme une science qui ne se discute pas mais à laquelle on se soumet.
C’est que la France n’est grande que lorsqu’elle parle au monde en offrant une issue de secours.
Ici, malgré les anesthésiques du parti de l’ordre, la Révolution conserve son prestige et sa valeur. Même le président MACRON, ami des banquiers, des financiers et des grands veneurs, intitula son livre électoral en 2016 « Révolution ».
En guise de révolution, la politique du « en même temps » s’est traduite par une hausse du pouvoir d’achat des 1% des plus riches, au détriment non pas des plus pauvres auxquels les oligarques ne pouvaient rien prendre, mais de la tranche médiane de la société.
Pour les amis du président, faire payer les riches revient à ponctionner ceux qui gagnent plus de deux mille euros par mois !
Imposture sociale et duperie écologique marquent les éléments de langage du pouvoir.
Pour masquer le grand massacre de la nature, les promoteurs, aménageurs et chasseurs dissertent sur le « réchauffement climatique » pour taire plus aisément la mort de la biodiversité, problème primordial.
Il est tellement plus confortable d’agiter les fumigènes sur la scène internationale que d’adopter des mesures très concrètes en faveur des zones humides, des forêts naturelles, des oies sauvages, des mustélidés, des lynx et des loups.
Ils exterminent le vivant mais discourent sur la fiscalité anti-carbone.
Comment la parole publique ne serait-elle pas dévalorisée par ces paravents des petits intérêts et des grandes lâchetés ?
Le peuple est en colère et il ne suffira pas d’un artifice pour arrêter le flot de la contestation.
Réjouissons-nous de ce réveil, tellement préférable aux résignations et aux régressions qu’ils appellent « réformes ».
Mais constatons que l’indigence du temps retire de la perspective, de la profondeur à ce qui pourrait être une révolution et qui demeure une révolte.
En tuant les idéologies construites et closes, l’époque a tué les idées.
Le slogan « MACRON des sous » ne va pas très loin.
Il faudrait expliquer en quoi le système économique mondial échoue et conduit à la catastrophe écologique, sociale et morale.
Il faudrait proposer un autre système fondé sur l’entraide, la solidarité, la prévalence du service public, la récusation de la compétition frénétique et une nouvelle approche du phénomène qu’est la vie.
Un monde nouveau reste à édifier sur les progrès de l'éthique, du comportement, de la science et des techniques, un monde qui tourne le dos à la violence, à la domination, à l’exploitation, à la souffrance et à la mort.
L’homme est en passe de devenir « tout puissant » grâce à la science qui demain modifiera encore plus radicalement qu’elle ne le fit jusqu’à ce jour les données et les défis. Fait heureux, sous réserve que l’homme devienne simultanément « totalement bon » grâce à une éthique nouvelle.
Conditionnés par les valeurs du Marché, nos contemporains vivent dans le seul et impérieux présent.
Ils auraient raison s’il fallait désespérer de l’avenir.
Dans ce « présentisme », la consommation reste l’unique consolation et l’hédonisme s’avère égoïste.
Oui à l’hédonisme, mais couplé avec l’altruisme et le souci des êtres vivants.
Le conservatisme et l’acceptation soumis des héritages du passé donnent raison aux pensées les plus sombres et Samuel BECKETT pouvait écrire : « toute femme accouche sur une tombe » et BALZAC « mettre un enfant au monde, c’est donner un otage au malheur ».
Refusons cette trajectoire, cette soumission, sinon pour nous, du moins pour les hommes de demain puisque le processus évolutif est en cours et qu’il doit aboutir au triomphe de la vie.
Face à toute souffrance, indignez-vous ! Ne vous résignez jamais.
Proposons une autre société à substituer au règne létal du Marché.

Gérard CHAROLLOIS

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