La violence : le propre de l’homme ?

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L’adage selon lequel « l’homme est un loup pour l’homme » s’avère bien insultant pour les loups qui ne se mangent guère entre eux, à la différence des humains qui cultivent la compétition, la concurrence, la domination, l’asservissement, la haine, l’extermination de l’infidèle, du différent, de l’ennemi déclaré.
Au nom des dieux, des hommes égorgent le mouton et occasionnellement le mécréant.
Au nom de sa virilité complexée, le mâle humain caresse volontiers une arme à feu pour ne pas être confronté à son incapacité de caresser un corps.
Lorsqu’il ne fait pas la guerre, il la contemple, douillettement assis dans son fauteuil, par des récits littéraires ou cinématographiques vibrant aux exploits des tueurs héroïques.
Si l’ennemi fait défaut pour assouvir la pulsion de mort, l’animal sert d’ersatz sacrificiel et vous rencontrez la chasse, la tauromachie et toutes les violences érigées en activités récréationnelles et ludiques dont l’enjeu est la souffrance d’un être sensible.
Lorsque le poète romantique Alphonse de LAMARTINE énonçait : « l’homme n’a pas deux cœurs, un pour l’animal et un pour l’homme. Il en a un ou n’en a pas», songeait-il que les hommes sans coeur étaient fort nombreux et que par leur nature dominatrice, ils dirigeaient bien souvent les sociétés humaines.
Du djihad à la N.R.A., le tout puissant lobby des armes des Etats-Unis, cette pulsion de violence brutale exerce une emprise funeste et dégradante sur l’humanité entière.
Car les valeurs drainées par les idéologies létales putréfient l’ensemble du corps social l’amenant à se positionner sur des thèmes relevant du pur obscurantisme et de la barbarie.
Avec les guerres de religions et le culte des fusils, la cruauté le dispute à la sottise grotesque.
Comment ces pauvres humains, se dirait un observateur extérieur, peuvent-ils s’entre-tuer pour des sornettes, des histoires à dormir debout, des mythes ridicules, des attitudes de défis de pacotilles.
En contemplant notre époque, on se prend parfois à penser que nous vivons encore le temps des ténèbres de la pensée et que le processus d’hominisation est loin d’être parachevé.
Penser une société nouvelle implique de rompre avec ces obscurantismes et cette violence qui s’expriment à travers des croyances farfelues et le recours à la violence primaire en ses aspects terroristes et économiques.
Les hommes qui se sont inventés des dieux à leur image inversée on fait dire à l’un d’eux " les premiers seront les derniers". Voilà qui devrait faire réfléchir les « premiers de cordées » chers aux tenants de la domination et de l’écrasement social.
Je dis que les humains créèrent des dieux à leur image inversée en ce qu’à leur différence, les dieux se révèlent tout-puissants, alors que l’humain est faible, éternel, alors que l'humain est éphémère, totalement bon, alors que l’humain se montre souvent infernal, infaillible, alors que l’humain se perd dans la quête de la vérité.
A l’heure de l’intelligence artificielle, de la connexion planétaire, de la réparation des gènes, nous vivons encore le temps des égorgeurs, des maniaques des armes à feu, de la superstition et des haines tribales, de l’exploitation, de la chasse et des guerres saintes et justes Humains, vous restez bien inquiétants !

Gérard CHAROLLOIS