Pour en finir avec la concurrence libre et non faussée

L’époque aime parler d’éthique, sans doute comme l’asphyxié parle de l’air.
Dans cette société, l’humain disparaît au profit d’un monstre hideux, cruel, nauséabond : le « manager », être dépourvu d’empathie, uniquement obnubilé par des considérations comptables.
La secte qui dirige le monde et le conduit au naufrage impose ses dogmes, ses lois, ses intérêts, son anesthésie de la pensée.
Une infime minorité d’oligarques milliardaires capte les bénéfices d’un système qui dégrade progressivement ce que les sociologues appellent la classe médiane.
La suppression de l’impôt sur la fortune mobilière, favorable à l’oligarchie, la majoration du taux de la contribution sociale généralisée pesant sur la classe médiane participent de cette politique d’injustice qui révèle sa nocivité sociale aux USA qui en sont les précurseurs.
Parmi les dogmes de la secte figure la loi de la « concurrence libre et non faussée » à l’échelon planétaire.
Quelles sont les conséquences du culte de la concurrence ?
La question écologique et les enjeux sanitaires nous offrent un exemple topique du méfait de la norme imposée partout, cette injonction létale : « soyez compétitifs ».
En Europe ces jours derniers, les pouvoirs publics ont débattu de la reconduction de l’autorisation temporaire du célèbre herbicide de MONSANTO pour une durée de dix, cinq ou trois ans.
La FNSEA, syndicat de l’agroalimentaire productiviste intensif, protesta, bien évidemment, contre l’éventuelle interdiction du biocide, au nom de la compétitivité de l’agriculture française.
Si le céréalier de ce pays ne luttait pas à armes égales avec celui des pays permettant à ses exploitants agricoles d’empoisonner sols, eaux, air et aliments, il subirait un handicap par perte de compétitivité.
La « concurrence libre et non faussée » est une prime donnée au moins-disant écologique, sanitaire et social.
L’oligarque investira dans les pays lui offrant le maximum de profits, c’est-à-dire là où les salaires sont les plus bas, les contraintes environnementales sont les moins lourdes, où produire peut se faire à plus bas coût et au besoin au détriment de la nature et des humains.
La FNSEA est logique dans son refus de se voir interdire d’user de biocides car elle s’inscrit dans le cadre de la « concurrence libre et non faussée », règle à laquelle veillent les instances dirigeantes contrôlées par des hommes choisis par l’argent avant de l’être par les suffrages des citoyens.
Ainsi, les oligarques peuvent imposer aux peuples des modes de productions toxiques, des régressions sociales, des économies budgétaires perpétuelles, sous peine de perte de compétitivité et de délocalisations.
L’ennemi n’est pas le principe d’une organisation mondiale du commerce (OMC) mais les dogmes qui régissent l’économie mondialisée.
Inversement à ce qui est pratiqué, l’OMC devrait veiller à ce que l’intérêt général, les droits sociaux, la protection de la nature et de la santé prévalent sur le profit des firmes et des oligarques.
Toute production agricole ou industrielle devrait être évaluée en coût social et environnemental et taxée en conséquence afin d’harmoniser, d’homogénéiser les normes écologiques et sociales.
Le but est de faire passer la vie avant le profit et d’en finir avec la course à l’abîme téléguidée par l’argent qui corrompt tout.
Lorsque la solidarité primera sur la concurrence, que le vivant vaudra plus que l’argent, le « manager » disparaîtra au profit de l’humain et nous aurons changé de monde.
Et si rien ne change, si le système perdure à polluer, exploiter, détruire, maltraiter la vie, la biosphère se débarrassera du grand nuisible.
 
Gérard CHAROLLOIS
--
--
---/---
.../...

 

 

 

--
---

---/---

---/---

 

--
--

---/---

---/---