Le peuple et les élites.

En contemplation du référendum du 29 juin 2005 rejetant la constitution européenne et des montées des mouvements dits populistes, les commentateurs soulignent le divorce entre « le peuple et les élites ».
Le fait est indéniable mais mérite un examen plus approfondi que cette dénonciation de l’abstention, du vote pour les partis réactionnaires et bas du plafond.
Jamais les peuples ne rejettent leurs élites lorsque celles-ci sont des élites.
La tension naît d’une rupture entre ce qui fonde l’émergence d’une élite à un moment de l’Histoire et la disparition de la justification des privilèges
sociaux.
À titre d’illustration historique, prenons la situation de ce qui fut l’aristocratie, la féodalité sous l’ancien régime dont les privilèges se sont fondés
durant des siècles sur la qualité de protecteur des manants par le seigneur, serviteur du roi, garant de la sécurité des serfs.
Au 18ème siècle, ces raisons ayant disparu, BEAUMARCHAIS pouvait faire dire à un personnage, interpelant un noble : « Quel mal vous êtes vous donné, si ce n’est celui de naître ».
Cette rupture amena la Révolution de 1789 et le remplacement de l’aristocratie, élite issue des temps monarchiques, par la bourgeoisie, élite du temps du commerce.
Or aujourd’hui, qui participe de l’élite au sens sociologique ?
Quels sont les privilèges, la caste dirigeante ?
Quels sont les faiseurs de rois, c’est-à-dire de présidents ?
Les maîtres du temps sont ces milliardaires qui financent les campagnes électorales pour contrôler les Etats et dicter ainsi leurs lois iniques, leurs intérêts à ceux qui deviennent leurs commis et qui, en le dissimulant, servent ceux qui furent leurs grands électeurs.
Ces milliardaires possèdent les médias pour bénéficier du « temps de cerveau disponible », par les écrans de télévision, par les magazines qui peuplent les salles d’attente des dentistes, magazines qui lancent des candidats comme ils promeuvent des produits en racontant la saga familial de l’agent choisi par le « premier cercle » pour gouverner en les gratifiant pour leurs investissements en faveur de leurs candidatures.
Elite signifie : meilleur.
Comme au siècle de Louis XVI, l’élite n’est plus l’élite.
Loin d’être socialement utiles, les hommes d’affaires ont fait fortune, souvent par héritage, en assassinant la nature, en polluant la terre, en exploitant les humains, en faisant produire par des esclaves dans les pays pauvres, des biens vendus à des chômeurs, dans les pays riches.
Le peuple rejette l’élite parce que celle-ci ne l’est plus.
Les « affairistes » deviennent, en notre temps, ce que les nobles furent au siècle des Lumières.
Les meilleurs sont ailleurs, parmi les corps intermédiaires, les ex-classes moyennes en voie de régression.
Ils travaillent, découvrent, servent le bien public et l’intérêt général.
La société actuelle dégrade le statut social de ces meilleurs, rapprochant leurs conditions matérielles de celles des plus pauvres.
Les hiérarchies financières et sociales ne correspondent plus à l’utilité commune et nombre d’oligarques sont de redoutables nuisibles, criminels contre nature et contre leurs semblables.
Entre les peuples et les oligarques, les écarts se creusent de manière indécente et sans aucune justification d’équité.
Car une société n’aspire pas à un égalitarisme niveleur mais à une équité bafouée lorsque des parasites comptent par milliards leurs fortunes.
Demain, après la révolution nécessaire, l’élite ne détruira plus le vivant, ne saccagera plus la planète, ne réduira plus l’humain à une variable d’ajustement du profit.
L’élite, peuplée des héritiers des Théodore MONOD et des Albert JACQUARD, ne sera plus encombrée de TRUMP et de ses homologues français qui sévissent aujourd’hui.


Gérard CHAROLLOIS

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