Quand les ennemis de la terre putréfient la démocratie

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Je suis Européen, réfractaire à l’économie de Marché, et je sais gré à l’Europe d’avoir édicté une directive relative à la conservation des oiseaux et une en faveur de la nature et des espaces naturels.
Cependant, les institutions européennes, comme l’État Français et nombre de collectivités dites locales, sont confisquées par le néo-totalitarisme rampant du monde de l’argent, par la secte des adorateurs du profit, par les dévots du Marché, par les commis des firmes et de la finance.
Tout illustre ce néo-totalitarisme sournois qui prostituent les consciences, là où leurs prédécesseurs les violaient.
A l’initiative d’ANTIDOTE et STOP VIVISECTION, un million deux cent mille Européens saisirent les instances de l’Union d’une pétition contre l’expérimentation animale.
Le parlement Européen aurait dû délibérer sur cette pétition qui pose le problème de l’utilisation d’êtres sensibles dans la recherche.
Sans débat, sans examen, les dirigeants actuels écartent cette embarrassante remise en cause de la relégation des animaux au rang de « matériel de laboratoire ».
Bien sûr, nous ne pouvons pas apporter à une telle problématique une réponse simpliste et nous devons analyser objectivement les données du débat.
Peut-on concilier deux exigences apparemment contradictoires, à savoir faire avancer les connaissances pour faire reculer la maladie, la souffrance et la mort et, dans le même temps, respecter l’animal en prohibant toute agression à son encontre générant de la souffrance ?
Faire reculer la souffrance et la mort est un impérieux devoir, une aspiration fondamentale dès lors que le premier bien est la vie.
Confronté à une maladie encore incurable à ce jour, la plupart d’entre nous sollicite l’application des derniers protocoles thérapeutiques expérimentaux, ceux qui peut-être éviteraient l’issue fatale. Nous avons tous été témoins, dans nos entourages familiaux ou amicaux, de cette quête de la dernière molécule mise sur le marché contre le cancer ou la leucoaraiose.
Ces protocoles participent de la nécessaire expérimentation, celle qui permet de soulager et parfois de guérir.
Nous ne sommes plus au 19ème siècle et aux recherches de physiologie de Claude BERNARD.
La recherche de pointe, celle qui prépare les révolutions de la biomédecine, en génomique, en métabolomique, appelle des travaux sur cellules souches, sur tissus et des protocoles sur malades.
Je préconise une révision des lois internes dites de bioéthique afin d’autoriser l’expérimentation sur les cellules embryonnaires, expérimentations auxquelles s’oppose une officine religieuse intégriste, heurtée par l’utilisation de ces cellules par la science, mais nullement troublée par les souffrances infligées par la recherche à des singes, des rats et des chiens.
Or, les études sur embryons permettent des avancées décisives.
En revanche, l’animal doit être considéré comme ce qu’il est, à savoir un être sensible.
Il faut concilier science et conscience et non pas interdire la recherche, mais poser en norme juridique contraignante que l’animal est un être sensible et non une chose, du matériel, un pur objet.
Cela méritait un débat qui n’aura pas lieu immédiatement.
Dans le même ordre d’idées, les lobbies industriels retardent les mesures de précaution face aux perturbateurs endocriniens, à l’instar de ce qu’ils font à l’égard des organismes génétiquement modifiés dont la nocivité ne tient pas à une crainte irrationnelle devant l’innovation, mais au fait que ces plantes accentuent les pollutions et la mort de la biodiversité, parce qu’elles supportent mieux que les souches naturelles les herbicides ou sécrètent des insecticides.
Les lobbies interdirent longtemps les mesures de protection de la santé face à l’amiante, au tabac, à l’alcool.
Pour s’enrichir, les firmes et leurs commis empoisonneraient bien l’humanité entière et aseptiseraient volontiers la nature.
Les dirigeants de l’économie, donc de la politique, savent jouir d’une quasi-impunité.
D’éventuelles sanctions, en cas d’atteintes graves à la santé des salariés ou du public, n’interviendraient très hypothétiquement qu’à l’issue d’interminables procédures.
Contre l’animal, contre la nature, contre les gens condamnés à l’austérité croissante, le Système économique pervers verrouille toute avancée contraire aux intérêts des groupes de pressions.
Que valent les pétitions, les référendums, les colères populaires face à la loi du profit de quelques-uns ?
Pour sauver le vivant, imposer le bien public, restaurer la démocratie éclairée, il faut une Révolution qui passe par un rapprochement des forces écologistes et insoumises, une union sans fusion et sans confusion, une poussée des forces de Résistance au libéralisme économique, ce nouveau totalitarisme mondialisé.
Après une phase de déconstruction des partis politiques peuplés d’opportunistes en quête « d’assiettes au beurre », il nous revient de travailler à l’émergence d’un antidote aux hallucinogènes des exploiteurs de l’animal et de l’humain.
 
Gérard CHAROLLOIS