Les élites faillies et le poison populiste

L’actualité et les journalistes qui la font, en sélectionnant les thèmes à la mode, bruissent du concept étrange de « populisme ».

Pour ces commentateurs formatés, le populisme s’entend d’un « national socialisme » assumé ou édulcoré, d’un mélange de ringardise, d’ignorance, de vulgarité et de rejet.

Le leader dit « populiste » cultive la formule fracassante du regretté François CAVANNA : « La politique est l’art de plaire aux cons ».

Ainsi, les partis de droite autoritaire en Europe, l’affairiste milliardaire TRUMP aux USA, représentent ce que vos médias qualifient de « populisme ».

Essayons d’analyser ce phénomène inquiétant et l’absence d’approfondissement de ses origines.

Notre « journaliste » formaté, nourri au sociologisme, se désolera de ce que « le peuple » rejette ses élites, ne suit plus les avis et consignes des grands partis, des experts, des hauts-parleurs de la pensée convenue.

Je ne partage pas cette analyse primaire, fruit d’un catéchisme de la bien-pensance.

Les peuples ne rejettent pas les « élites » mais, phénomène plus grave : il n’y a plus d’élite.

Ce ne sont point les idées de droite, réactionnaires, haineuses, nauséabondes, traditionalistes, de ressentiment aigre, qui triomphent dans toutes les démocraties, mais la mort des idées, le vide abyssal, la déroute de l’intelligence, de la raison, le néant de la réflexion, le refus de la complexité.

Que propose les pseudo-élites que les peuples n’écoutent plus ?

Elles invoquent la croissance, la marchandisation, la loi du Marché, la concurrence féroce, la compétition permanente, l’oubli du vivant et le culte de l’argent.

Elles façonnent non pas des citoyens critiques et éveillés, mais des consommateurs avides, béats devant une caste arrogante qui pillent la terre et étale sa vulgarité.

Que produit la société ?

La mort de la biodiversité, la réification de l’animal, l’avilissement de l’humain en agent de l’économie omnipotente.

Après un 20ème siècle qui vit les clercs se fourvoyer dans les pires idéologies, succomber aux fascinations des totalitarismes, épouser les cortèges criminels du fascisme et du soviétisme, nous vivons le temps de la rétraction de la pensée critique.

Les pseudo-élites du jour émargent au monde de la finance, des affaires toujours douteuses, car il n’y a point de grandes fortune sans d’immenses corruptions.

Les pseudo-élites vivent de l’accaparement et n’ont qu’un souci : construire une société de consommateurs, veaux à l’engrais, dont les idéaux ne sauraient dépasser « l’action humanitaire », c’est-à-dire la charité à l’heure de la techno-science et de la société du spectacle.

Pour abuser les citoyens, pour leur faire prendre des membres de la caste privilégiée pour leurs représentants, on leur offre des « casse-toi pauvre con» et autres éructations dignes de chasseurs, de piliers de bars, à l’instar de ce que fit le vainqueur de la présidentielle Etats-Unienne.

La grossièreté du propos, la vulgarité de l’opinion, la décontraction de la tenue valent brevet de proximité avec un peuple que ces personnages méprisent et qui souffrira de leur politique égoïste, conçue pour enrichir un petit cercle de prédateurs.

Face à ces agents de l’argent, il n’y a plus rien.

Les héritiers de MARX, BAKOUNINE, KROPOTKINE, JAURES, FOURRIER ont dilapidé l’héritage et beaucoup fument, de nos jours,l’opium du peuple sous sa marque islamiste.

Là où il faudrait un souffle puissant, une nouvelle frontière éthique, une direction émancipatrice, les survivants de ce qui s’appelait la gauche n’opposent qu’une peur puérile du Front National et un antiracisme brandi à tous propos et hors de propos.

Or, nous proposons cette issue de secours, cette alternative qui n’est ni la peur, ni le ressassement.

Nous appelons au biocentrisme, c’est-à-dire à la valorisation du vivant contre les idéologies obscurantistes et contre le culte de l’affairisme.

Présentement, nos démocraties désabusées titubent, cependant que d’autres régions du monde s’enfoncent dans les ténèbres des dictatures théocratiques.

En Turquie, la liberté de la presse, de la pensée subit un grand bond en arrière et un nouveau sultan se farde en personnage du Moyen-âge.

Aux USA, loin d’ébranler le système, un affairiste milliardaire, entouré de conseillers émargeant au fascisme, va permettre aux firmes d’assassiner la nature au nom du profit et au mépris de «l’environnement qui commence à bien faire».

En Pologne, en Hongrie, les religions et l’autoritarisme sévissent.

La France n’échappera pas à cette régression que nous n’aurons fait qu’annoncer, à défaut de pouvoir l’empêcher.

L’Histoire humaine présente ainsi des phases d’avancées et des temps de régressions.

Faute d’éloigner les périls, soyons lucides et parlons haut, fort et clair contre la pulsion de mort devenue épidémique.

Dans quelques années, ceux qui jouent encore à la petite politique dans de bien petites boutiques comprendront, mais un peu tard, qu’il nous faut recréer, par-delà les différences, un nouveau Conseil de la Résistance, non pas contre un quelconque parti mais contre un glissement de la société vers les mauvais sentiments.

 

Gérard  CHAROLLOIS

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