Du parasitisme à la symbiose.

L’espèce humaine, depuis son émergence, déclara la guerre à la biosphère.

En cela, elle agit comme toute espèce qui tend à croître et multiplier, aussi longtemps que la concurrence interspécifique le lui permet.

Jusqu’à l’ère industrielle, jusqu’au prodigieux développement des sciences et des techniques de ces trois derniers siècles, cette guerre pouvait ressembler à celles que les autres espèces mènent les unes contre les autres, dans le règne végétal, comme dans le règne animal.

Nos amis, nostalgiques d’un âge d’or disparu, voient dans les hommes du passé de sages gestionnaires de la nature, de bucoliques paysans amoureux de leurs bêtes, de pacifiques contemplateurs d’un monde qu’ils préféraient sauver que transformer, c’est-à-dire des hommes parés de vertus perverties par une modernité grosse de lucre et de violence.

L’étude de l’Histoire nous ôte bien vite l’envie de la revivre.

Je ne pense pas que les humains d’antan étaient plus avisés que ceux de notre temps.

L’Histoire s’est faite à coups d’épées et la cruauté, l’amour de l’or, (ce métal vain) accompagnent la marche de l’humanité.

Constatons modestement que l’époque contemporaine offre aux hommes des moyens inédits de faire le mal.

Il est évident que la chambre à gaz, la bombe atomique, la multiplication des armes à feu et la chasse aux 4x4 font plus de victimes que le gourdin et la catapulte, mais derrière tout cela, demeure l’abjecte pulsion de mort.

Désormais, l’humain a acquis les moyens matériels de la destruction absolue, incluant sa propre autolyse.

Tout parasite vit au détriment de ses hôtes et l’homme atteint les sommets de la nuisance à l’encontre de la nature qu’il pille, épuise, souille, massacre, déménage, maltraite, combat parce qu’il la craint, animé tant par sa cupidité que par sa cruauté.

Le parasite affaiblit son hôte, le tourmente et finit par le tuer.

L’humanité est en passe d’anéantir la biodiversité et possède les instruments physiques, chimiques, biologiques de l’extermination.

Cette situation nouvelle, inédite dans l’histoire du vivant, impose, pour éviter l’extinction, un changement radical, une mutation comportementale consistant à cesser de parasiter la nature, pour vivre en symbiose avec elle.

L’être symbiotique, à l’instar du parasite, vit grâce à son hôte, mais il lui rend, en retour, des services, en veillant à ne pas lui nuire.

Le philosophe Michel SERRE proposa un « contrat naturel » qui lierait l’humanité et le globe, en tous ses éléments organiques et anorganiques.

Exprimé autrement, nous proposons que l’homme jouisse de la vie, des générosités de la nature, de ses ressources, sous réserve du respect de toutes les autres formes de vies.

Ce changement culturel passe par l’abandon de certaines pratiques, directement contraires à cette éthique de la réconciliation, de la symbiose, de la bienveillance.

Ces activités incompatibles sont :

- la chasse, guerre ignoble faite, par des hommes repus, à une faune en voie de disparition,

- les « sports dits mécaniques » en pleine nature, car la nature n’est pas un espace de défoulements pour enfants attardés,

- une artificialisation outrancière de tous les milieux de vie, au seul dessein de spéculer avec, à terme, pour résultat la couverture de la terre par l’asphalte.

Notre temps est un carrefour de civilisations.


Je ne partage pas l’antienne attribuée à Paul VALERY : « Nous autres civilisations, nous savons que nous sommes mortelles ».

Cette affirmation laisse à penser qu’il y eut successions de civilisations séparées, une civilisation égyptienne, mésopotamienne, Grecque, Romaine.

Ces découpages historiques sont didactiques, mais il y a continuité, ce qui n’implique pas un « sens obligatoire de l’Histoire ».

La chute d’un empire, déclin d’une entité politique, ne se confond pas avec la mort de la civilisation.

Les hommes, devenus trop nombreux, dotés de moyens d’actions puissants, persistent à agir en parasites nocifs, méchants, accapareurs.

Défi démographique, défi comportemental, voilà des écueils qui commandent le devenir de la vie sur terre.


Défi démographique :

La biosphère ne peut pas supporter une masse humaine agressive, vorace, arrogante.

Mais, rappelons à nos contempteurs que la mort est notre ennemie et que nous ne concevons un arrêt de la croissance démographique que par le paramètre des naissances.

Tout être vivant possède un intérêt supérieur à vivre.

Aucun être purement potentiel n’a, en revanche, un intérêt à naître.


Défi comportemental :

Il y a urgence à opérer cette mutation qui fera de l’humain un symbiote et non un parasite de la terre.

Nous le pouvons en mettant notre science, nos techniques, notre génie propre au service du Bien, c’est-à-dire du Bon pour le vivant.

Qu’il serait plaisant à vivre, un monde sans armes, sans violence, sans mépris de la souffrance des êtres !

Utopie ?

Ce que dénigrent les pervers n’est pas une rêverie, mais une issue qui dérange leur perversion.


Gérard CHAROLLOIS


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