Le grand délitement.

Faible à l’égard des forts, brutal à l’encontre des faibles, le pouvoir politique précipite la crise morale par ses reniements.

Quelques agitateurs poujadistes, des camionneurs menaçants, des demeurés pour lesquels le loup est un féroce mangeur de petits chaperons rouges, quelques voyous brûlant un édifice public, quelques braconniers obscurantistes vociférants et voilà qu’un gouvernement sans ossature sacrifie l’intérêt général, capitule piteusement, renie ses déclarations de la veille.

Or, ce gouvernement n’a pas compris que le reniement génère la faiblesse.

Loin de le sauver, les reculades constantes, les capitulations pitoyables, les génuflexions devant les pires lobbies de l’arriération et de l’égoïsme précipitent avec sa chute et son discrédit, l’affaiblissement de l’autorité des lois.

Il est d’ailleurs remarquable que le gouvernement actuel cède devant ses adversaires idéologiques et les électeurs du parti réactionnaire et sacrifie les intérêts et aspirations de son électorat.

La politique rendrait-elle fou ?

En ce pays, la force des lobbies et les exactions s’imposent.

En renonçant à la taxe poids-lourd que le parlement vota à la quasi-unanimité lors de la précédente législature, l’équipe en place révèle qu’il n’y a plus de gouvernement effectif.

Les camions puent, tuent et polluent, dégradent les routes et le transport routier de marchandises appelle sans cesse de nouvelles voies de circulation meurtrières pour la nature. Mais les camions peuvent bloquer le pays.

Nos dirigeants souffriraient-ils d’un syndrome chilien ?

Il est tout de même peu probable que l’armée de l’air bombarde l’Elysée et que les militaires et leurs chars refusent de dégager les camions si ceux-ci s’avisaient d’assiéger nos villes.

Gouverner, c’est parfois accepter l’épreuve de force avec les lobbies qui imposent leurs intérêts et leurs fantasmes contre le bien public.

Mais nos politiciens n’aiment que les apparences du pouvoir et s’avèrent bien incapables de l’exercer.

Alors, ce que ne paieront pas les transporteurs routiers incombera aux citoyens qui s’exaspèrent chaque jour un peu plus face à cette indigence éthique.

Le diesel devrait augmenter de 2 centimes pour les citoyens mais pas pour les pollueurs exonérés parce que craints.

De l’écotaxe abandonnée aux loups fusillés, c’est la même lâcheté qui prévaut.

Où sont les hommes d’Etat capables de parler haut, fort et clair, de proposer des solutions résolues, de passer avec les citoyens un véritable contrat de gouvernement qu’aucun commando d’encapuchonnés délinquants ne fera céder ?

Rien n’est pire que cette politique inconsistante, jouet des pressions corporatistes.

L’intérêt général commande une résistance déterminée contre les lobbies qui putréfient l’Etat, altèrent la démocratie, confisquent les vrais pouvoirs, usant de l’intimidation, de la violence, de l’intoxication des moyens d’information.

Quand disparaît la force de la loi, survient la loi de la force.

Or, les exactions des lobbies réactionnaires demeurent systématiquement impunis et de surcroît, le gouvernement satisfait les exigences des délinquants lorsqu’ils sont agro-chimiste, employeurs, traditionalistes.

Illustration : A MORLAIX, deux bâtiments publics sont incendiés.

A BERGERAC, cinq jours plus tard, la caisse d’allocation familiale subit des dégâts, également par incendie volontaire.

L’incendiaire périgourdin a été identifié et incarcéré.

C’était un jeune chômeur de 22 ans.

Et à MORLAIX ?

Il y a des faits plus éloquents que des commentaires.

Pusillanime devant les pollueurs, les tueurs, les aménageurs, le pouvoir politique méprise les manifestants contre la corrida et ceux qui, dans le TARN, refusent la destruction d’une zone humide au profit d’une retenue d’eau en faveur d’une vingtaine de maïssiculteurs.

 Avec ses lobbies de la chasse, de l’agrochimie, des transporteurs et autres dictant leurs volontés aux politiques, la démocratie Française est décidément bien malade et des profondeurs du peuple s’élève une inquiétante colère.

Rétablissons une vraie démocratie dans laquelle des groupes de pressions corporatistes n’imposeront plus leurs sordides intérêts ou leurs arriérations contre nature.

Dire que certains écologistes politiques se consolent avec la « loi sur la transition énergétique ».

Magnifique piège dans lequel nous ne saurions tomber :

En diversifiant les moyens de production de l’énergie, le « libéralisme économique » multiplie les sources de profits, (ce qui n’a rien d’original), mais multiplie aussi les sources d’agressions contre la nature, sans en supprimer aucune.

Comment peut-on être aussi naïf ?


Gérard CHAROLLOIS


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