Un tabou : la question animale.

Les peuples premiers nourrissaient une approche magique du monde avec ses tabous, ses peurs, ses mythes.
Notre société connaît un tabou criant : la question animale.
Non pas tant par la réponse apportée à la question que par le refus de la poser, l’interdit du débat.
Nul ne conteste que l’animal soit un être sensible.
Mais, la société fonctionne dans la négation de cette évidence.
Contre la torture tauromachique, contre la chasse, contre l’industrie de la fourrure, pour le statut nouveau de l’animal, des gens de mieux se mobilisent, manifestent, s’exposent à la violence des négationistes qui savent pouvoir injurier, menacer et frapper les militants, avec la pusillanimité quasi-complice des pouvoirs publics.
Les graves brutalités perpétrées par les amateurs de corrida à RODILHAN, à l’encontre des adversaires de ce spectacle n’ont fait l’objet d’aucune poursuite judiciaire, trois ans après les faits et nonobstant les preuves des délits.
La loi n’atteint pas identiquement les amis des animaux et ceux qui tuent, massacrent, torturent, braconnent et occasionnellement incendient les maisons des parcs et réserves naturelles.
Mais, en amont de ces injustices, il y a un tabou sociétal, anthropologique :
L’humain est sur un piédestal. L’espèce est élue, d’essence irréductiblement différente de tout le vivant et il est sacrilège, blasphématoire, iconoclaste de récuser ces dogmes ancestraux .
Ceux qui éprouvent de la compassion pour le taureau supplicié dans l’arène, qui veulent préserver la biche ou le blaireau, l’oiseau migrateur et le loup, dérogent à ce dogme qu’ébranlent par ailleurs les données de la science contemporaine.
Le scientifique sait qu’il y a une unité, dans la diversité, du vivant, que l’évolution des espèces n’est pas une opinion, une doctrine, mais un fait acquis, que les mammifères et les oiseaux possèdent un système nerveux comportant des similitudes avec celui des humains, êtres biologiques soumis aux mêmes destinées que tous les autres.
Les dogmes d’antan, ceux séparant l’humain de tout le reste du vivant, étaient bien commodes pour exploiter, se distraire, assumer ses pulsions de mort au détriment des animaux.
Alors, ceux qui tirent les conséquences morales des acquis de la paléontologie et de la biologie moléculaire, ceux qui proclament que la vie est apparue sur terre et non pas  l’homme en complet veston, ceux qui osent énoncer que tout animal éprouve la souffrance et mérite le respect, heurtent les mythes et sornettes et contrarient les intérêts.
Le débat ne doit pas avoir lieu pour les tenants des traditions.
La pensée biocentriste ne pouvant pas être réfutée, combattue par l’argument, Il faut la censurer, la caricaturer, l’effacer, car sa lumière dissiperait non seulement l’obscurantisme mais les occasions de profits et d’amusements tirés de la  négation des droits du vivant .
Les chartes internationales, les constitutions de divers Etats, les lois internes peuvent bien édicter que « l’animal est un être sensible », cette vérité ne saurait atteindre les pratiques qui nient cette  reconnaissance .
Deux obstacles font le tabou :
- L’orgueil humain qui n’accepte pas la condition d’être biologique de l’homme ;
- Les intérêts de l’élevage concentrationnaire, de l’agro-alimentaire et de tous les loisirs et spectacles ayant pour victimes expiatoires les animaux.
Voilà pourquoi, dans les médias, dans les assemblées politiques, la question animale dérange, apparaît subalterne, incongrue et n’est effleurée qu’avec réticence.
Il y a tellement de grands sujets sérieux telle l’économie et la « sortie du tunnel », la croissance et le chômage, les haines religieuses qui ensanglantent des pays, l’augmentation du temps de travail et la diminution des salaires, la suppression des services publics et des droits sociaux, la quête de la compétitivité des entreprises privées (de scrupule).
Or, répondre à la question animale va bien au-delà de ce que feignent de penser les censeurs.
Reconnaître la valeur de la vie, inviter au respect de tout être sensible, affirmer que la nature vaut mieux que les firmes et leur spéculation, débouchent sur un monde qui remet en cause l’exploitation "libérale", les billevesées religieuses, l’esprit délétère de compétition.
Ce n’est pas pour rien que la « question animale » reste tabou.
La poser, tout simplement, c’est y répondre.
Et y répondre, c’est changer de société.

Gérard CHAROLLOIS


Commentaires  
# alexandra paulo 22-09-2014 06:33
Un texte très bien rédigé qui mériterait d'être largement diffusé pour une remise en question de notre société.
Répondre
# Gérard Charollois 04-10-2014 21:03
Merci cher lecteur de votre soutient !
Bien cordialement, Gérard Charollois.
Répondre
Ajouter un Commentaire


--
--
---/---
.../...

 

 

 

--
---

---/---

---/---

 

--
--

---/---

---/---