Halte au natalisme.

L’Europe se couvre de béton, s’urbanise, s’artificialise, se scarifie d’axes de transports, déménageant partout la nature.
En France, près de deux cents hectares disparaissent chaque jour sous cette marée stérilisante, soit l’équivalent d’un département Français tous les sept ans.
Prisonniers des vieilles idéologies, incapables de tirer les conséquences de ces faits, les décideurs, les commentateurs et un large public perdurent à aspirer à la croissance démographique, fruit de deux facteurs :
- un solde positif des naissances sur les décès ;
- un flux migratoire des régions tourmentées de la planète vers les régions moins défavorisées.
Les tenants de cette croissance ignorent le but, l’objectif final  de leur option éthique et politique.
Ils sont pour la croissance infinie, perpétuelle, sans autre horizon et finalité que la croissance.
Ils récitent qu’il faut des actifs plus nombreux pour payer les retraites des anciens plus nombreux, sans s’interroger sur une éventuelle limite de cette croissance infinie.
L’humain devient ainsi la cellule cancéreuse de la terre qui se multiplie indéfiniment sans songer à se réguler et à préserver les autres formes de vies.
La France, au cours des siècles passés, pour alimenter ses armées et mettre la « pâtée » aux Allemands, voulut beaucoup d’enfants.
Les dirigeants promurent une politique nataliste aux moyens, d’une part, d’un conditionnement  collectif, d’autre part, des incitations financières : les allocations familiales distribuées nullement en fonction des besoins mais uniquement sur la base de la production d’enfants.
Ainsi, une femme isolée, de condition très modeste, en charge d’un enfant ne recevra rien au titre de ces absurdes  allocations familiales , cependant qu’un couple  de l’oligarchie élevant trois enfants percevra cette généreuse contribution de la société dont il n’a pas la moindre nécessité.
Ces allocations, distribuées déconnectées des exigences sociales, des besoins des enfants mais uniquement incitatives à la procréation sont injustes, dispendieuses, contraires à l’intérêt général d’un arrêt de la croissance démographique.
Une réforme s’impose et j’entends déjà les clameurs des réactionnaires, traditionalistes, chiens de garde des privilèges de la fortune et adeptes des vieilles idéologies religieuses et anthropocentristes.
Ces lobbies, tout aussi puissants que nocifs, mobiliseront leurs associations, partis politiques et chapelles pour « défendre la famille » !
Malgré des velléités de mieux faire en la matière et malgré les contraintes financières du temps, il est peu probable que l’actuel pouvoir triomphe des forces conservatrices et initie une révolution des prestations sociales.
La société a le devoir d’aider les personnes en difficulté en leur réservant les allocations dès le premier enfant, lorsque les revenus insuffisants des parents le justifient et avec dégressivité avec le nombre des enfants.
Les ménages fortunés n’ont pas à ponctionner l’argent public au titre de leurs enfants qu’ils peuvent aisément, sans sacrifice aucun, élever dans l’opulence.
Cette réforme d’équité, d’inspiration écologiste et sociale, s’appelle : attribution des allocations familiales sous conditions de ressources.
On peut résumer l’esprit de cette mesure par la formule : aide à l’enfant nécessiteux, arrêt de la prime à la prolifération.
En revanche, fiscaliser les allocations familiales aboutirait à un résultat certes positif en réduisant le scandale des attributions à des personnes favorisées, mais la mesure serait exploitée par les conservateurs, maîtres dans la désinformation et propriétaires des médias, sur le thème de «  la pression fiscale sur les classes moyennes ».
Pour éviter ce piège politique, il est préférable de subordonner l’octroi desdites prestations à des conditions de ressources.
La mesure prêtera moins à l’excitation populiste par les agents des oligarques de la finance, car il leur est plus difficile de justifier que des milliardaires ponctionnent les fonds sociaux.
Pourquoi stopper la croissance démographique ?
L’homme aspire très légitimement à une vie longue, saine, agréable qui, dans quelques décennies, pourrait fort heureusement atteindre 150 ans et davantage grâce à la réparation des gènes.
N’étant pas sadomasochiste, je m’en réjouis et  ne préconise pas pour autrui un ascétisme sinistre.
La frugalité, oui, mais une frugalité heureuse et hédoniste.
Dès lors, pour concilier ces aspirations au bien-être et la préservation de la nature, pour que les hommes soient heureux, prospères, épanouis et que dans le même temps la diversité de la vie soit sauvée, il ne  faut pas cancériser l’espace.
Les autres espèces méritent une place préservée.
La spirale actuelle débouche inéluctablement sur la mort de la biodiversité.
Par ses loisirs débiles et calamiteux et en particulier l’abjecte chasse, par sa cupidité insatiable, l’homme saccage tout autour de lui.
Il se révèle intolérant aux autres formes de vies.
L’explosion démographique parachève sa nuisance et  au bout de cette course se profile la disparition du dernier oiseau et du dernier arbre.
La logique de la croissance démographique infinie implique la mort de la biodiversité.
Voilà pourquoi, le changement : c’est urgent !

Gérard CHAROLLOIS
CONVENTION VIE ET NATURE
MOUVEMENT D’ECOLOGIE ETHIQUE ET RADICALE

Commentaires  
# Patrick Zbinden 27-02-2013 23:55
Les apprentis sorciers qu'on appelle chercheurs qui, en manipulant les gènes, ont pour objectif de prolonger la vie humaine jusqu'à 150 ans et plus ne se soucient évidemment pas des problèmes que cela poserait.
En réalité nous irions à la catastrophe.
Il est vrai que même sans ça nous allons droit dans le mur, mais faut-il en rajouter ?
Si les hommes étaient sages ils s'efforceraient de trouver les moyens de préserver les écosystèmes et de sauver ce qui peut encore l'être au lieu de bafouer les lois naturelles et de vouloir allonger leur durée de vie à n'importe quel prix.

La Nature a programmé tous les êtres vivants-sans exception-à une certaine durée d'existence, et c'est ainsi que la Vie a pu se développer depuis des millions d'années.
La folie humaine est décidément sans limites.
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# Ghyslaine 02-03-2013 15:03
Enfin ! On se sent bien seul depuis des lustres quand on dit qu'il faut que l'homme arrête de se mutiliplier...

Mort à la pensée unique ! Longue vie à la biodiversité !
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# jean 04-08-2013 11:35
Pour moi il faut faire attention en véhiculant ce genre d'idée. Certains n'hésitent pas à se l'approprier pour mieux continuer à défendre leur mode de vie basé sur l'absence de limite, la croissance sans foi ni loi.
Certes nous devrions nous auto-réguler mais cette idée ne devrait pas encore voir le jour. Commençons d'abord par changer notre mode de vie, notre relation à la terre, limiter notre consommation et voyons ensuite s'il est nécessaire d'aborder la question de la natalité chez l'Homme.
Ce qui me met la puce à l'oreille s'est le fait d'entendre des capitalistes invétérés parler des ressources limitées de la planète et d'y associer le natalisme.
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