Quelle Europe ?

Le 25 mai prochain, nous, Européens, élirons un nouveau parlement pour cinq ans.
Ce parlement  approuvera la composition d’une nouvelle Commission Européenne,organe directeur de l’Europe, votera le budget de l’Union, adoptera des règlements dont l’importance  pratique  dépasse bien souvent celle des lois internes aux Etats.
En 1860, en exil à GUERNESEY, Victor HUGO planta un chêne qu’il désigna comme celui des Etats-Unis d’Europe, formulant ainsi pour l’avenir un souhait de construction d’un Etat supra-national.
Après deux guerres mondiales qui furent d’abord des guerres civiles franco-allemandes, les politiques firent l’Europe sur des bases économiques, pensant qu’il était plus aisé d’unir les marchés, le commerce, l’énergie, la production que les hommes.
L’Europe nous a néanmoins offert, le 2 avril 1979, une directive relative à la conservation des oiseaux et le 21 mai 1992, une directive portant protection de la nature. Elle a imposé au lobby agricole Français des normes d’élevage des poules dites en batteries, des restrictions de pêches maritimes.
Globalement, le parlement européen s’avère plus progressiste, plus généreux, moins jouet des lobbies que le parlement Français aux échos si souvent minables lorsqu’il s’agit de légiférer sur le vivant.
Mais, construite par des hommes politiques conservateurs, l’union Européenne comporte des bases économiques néfastes qu’il conviendrait de changer en leur substituant des bases sociales et écologiques, par un simple changement de majorité politique au sein de l’Union.
Car, l’Europe, pas plus que la France, l’Auvergne, ou la Lorraine ne sont de droite ou de gauche intrinsèquement : elles sont ce que décident les peuples lorsqu’ils se donnent des représentants.
Une majorité conservatrice acquise aux firmes, au Marché, à la concurrence favorisera les firmes, le commerce, y compris des OGM, dénoncera les services publics et les droits sociaux des citoyens, charges pesant sur les multinationales et sur la finance qui saigne les Etats par le biais des prêts aux trésors publics.
Une autre majorité au parlement emporterait une autre Commission Européenne et une autre politique, moins favorable à l’argent, plus douce aux humains et à la nature.
Le vent mauvais qui souffle sur le peuple européen, avec montée des nationalismes, des identités meurtrières, des égoïsmes corporatistes n’annonce aucune évolution « hugolienne » pour les années à venir.
Il serait tellement plus agréable de discerner de futures avancées, tellement plus confortable de dire qu’une Europe sociale et écologique va enfin émerger et rompre avec les dogmes du « libéralisme économique » pourvoyeur de régressions et de saccages de la nature.
Notre devoir, à nous biocentristes, est d’opiner, le 25 mai, comme en toute circonstance, pour celles et ceux qui défendent le mieux le vivant et, à défaut, contre celles et ceux qui servent la thanatophilie.
Son seul parti étant celui de la vie et de la nature, je n’ai pas d’autre consigne à donner que celle de soutenir, sinon les meilleurs, du moins les moins nocifs.
Le pays est divisée, pour ce scrutin essentiel, en huit circonscriptions.
Le scrutin est démocratique, puisque proportionnel.
Bien sûr, la médiocrité du personnel politique nous afflige, les partis n’étant que des écuries électorales où s’affrontent des narcissiques aux talents variables et aux convictions souvent douteuses.
Mais, les choses sont ce qu’elles sont.
Dans ma région, le sud-Ouest, les écologistes politiques ont fait, me dit-on, le choix regrettable de présenter, comme tête de liste, un éleveur de moutons complice par incitation des tueurs de loups.
Personnellement, je ne voterai pas pour cette liste car vouloir exterminer le loup est un crime contre la nature, contre l’esprit, contre le biocentrisme, contre la cohérence idéologique.
J’opinerai donc pour une autre liste alliant le social et l’écologie.
Ailleurs, dans les sept autres régions, optez en fonction des positions adoptées, en gardant bien à l’esprit que lorsque se taisent les meilleurs, on n’entend  que les pires.

Gérard CHAROLLOIS